Les zones frontalières du Vietnam et de la Chine ont été depuis des décennies l’objet de tensions militaires et de guerres (1984). Sur la base d’un accord ancien entre la Chine et la France, ces lieux montagneux ont fait l’objet d’une démarcation de frontière sur 1300 kilomètres mais les bornes frontières entre les deux pays ne sont finies d’être posées que depuis dix ans. Une longue ligne entre le Laos à l’Ouest et le Golfe du Tonkin à l’Est.
Les deux peuples se détestaient en quelque sorte du fait de leur histoire. L’Histoire ancienne où les peuples nomades du Sud de la Chine furent peu à peu poussés et expulsés par l’Empire du Milieu, certains comme les Thais vers les terres montagneuses et le Mékong, d’autres les Viets vers la mer et l’Empire Cham qui peuplait la péninsule du Tonkin à la Cochinchine.
L’Histoire récente du XXième siècle où le communisme conduit par Ho Chi Minh repoussa d’abord la colonisation française épanouie dans le Delta du Mékong, puis sorti vainqueur de la guerre avec les Etats-Unis, était soutenu par l’Union Sovietique et non par la Chine maoïste. Celle-ci soutenant d’ailleurs les Khmers, ennemis traditionnels aussi des Vietnamiens.
Encore plus récentes sont les démélées et tensions des deux puissances militaires pour le contrôle de certaines îles de la Mer de Chine (les Paracels, les Pratas et les Spartleys entre autres). La Chine imposant ses vues et son appétit.
Néanmoins, les deux pays se félicitent d’avoir maîtrisés quasi parfaitement la pandémie du Coronavirus et sont sur le point de réouvrir la frontière en célébrant officiellement ce mois-ci le vingtième anniversaire du Traité de démarcation signé entre les deux pays.
En ce moment, crise du Covid oblige peut-être, les relations à la frontière semblent s’améliorer (on part de loin !). Les Vietnamiens ont réagi très vite lorsque l’épidémie s’est déclenchée à Wuhan et ils avaient fermé leur frontière aux Chinois, avaient annulé tous les transports aérien dans les deux sens et pris des mesures barrières et de confinement (znviron 300 cas et un seul décès).
En quelque sorte, cet épisode est l’occasion d’une relation de type amical entre deux puissances ennemies et d’un pas hypocrite vers une plus grande coopération entre eux. Une normalisation post-Covid qui devrait se poursuivre sans doute bientôt avec l’achat de vaccins chinois actuellement en cours d’évaluation.
La Chine est sans doute prête à travailler avec le Vietnam mais celui-ci n’est certainement pas prêt à accepter un corridor commercial. La coopération a ses limites. Elle vise probablement plus à la paix qu’au développement commun et la prospérité partagée… à la chinoise.
Personne n’est dupe.
JMDF