Niaho Ma !
En Khmer « Sour Sdey » !
Phnom Penh ne va pas si mal !
La ville revit et s’anime du matin au soir comme aux plus beaux jours. Les grands hôtels ne sont pas fermés mais tournent au ralenti avec des restaurants jamais vides, de la clientèle aisée de la capitale. Les restaurants touristiques et les autres ont réouvert en innovant et modifiant les cartes et parfois les prix. La clientèle cambodgienne est là avec son niveau de vie et son envie de vivre comme avant. Le pouvoir d’achat a diminué mais il maintient des activités et surtout des familles au-dessus du seuil de pauvreté.
C’est quand même étonnant !
Il suffit de passer un peu de temps à Phnom Penh pour réaliser la place qu’a prise la Chine dans la transformation architecturale de la capitale et qu’elle prend encore à l’issue de la période récente du Covid 19. Le secteur de la construction tire l’économie comme le textile et le tourisme l’ont fait les années précédentes. C’est palpable.
Les travailleurs chinois ne se sont guère confinés. Ils ont même embauchés quelques khmers qui vivent aussi de l’approvisionnement en matériaux et du transport des marchandises. Le bâtiment génère des petits emplois…
La ville de ce fait change peu à peu. Les caractères chinois s’étalent sur les façades de nouveaux immeubles un peu partout.
La folie immobilière s’était emparée de Phnom Penh il y a une décennie avec l’étape suivante de la spéculation et de la construction de bâtiments d’habitation et de commerce sur ce qu’on appelle « l’île du diamant » et qui est un nouveau quartier de la capitale. Les nombreux architectes cambodgiens ont eu un peu de travail puis plus grand-chose lorsque les Chinois sont arrivés avec les plans tout préparés de leurs maxi-projets.
C’est quand même moche !
Les immeubles résidentiels poussent actuellement comme des champignons sous la houlette de promoteurs chinois invités par le Gouvernement et la Ville de Phnom Penh sans la moindre exigence esthétique, apparemment. Seul hic de cette fièvre immobilière : les nouveaux espaces d’habitations sont réservés à une clientèle aisée et même très aisée.
Or, la clientèle expatriée se fait rare et ne devrait guère progresser après la crise du Covid. Les choix politiques restreignent les envies, d’une part, et les inégalités de développement au sein de la population, d’autre part, peuvent commencer à faire réfléchir…
Enfin, les pauvres n’ont plus qu’à partir à l’extérieur de la Ville.
La clientèle riche est bien sûr nombreuse au Cambodge depuis vingt ans de développement et la nouvelle génération « fils de… » est souvent scandaleusement dispendieuse et bruyante dans les bars huppés et les lieux de fête, la nuit.
Il suffit aussi de regarder le parc de véhicules de la capitale où les plus grandes marques sont toutes présentes. Il y a trois ans les Rolls Royce étaient en vogue et nombreuses sur le parking du Sofitel . Aujourd’hui, les Ferrari, les plus chères, les plus cliquantes Toyota et les plus belles Mercédes ne se cachent même pas. Elles se montrent quand elles ne passent pas aux feux rouges…
C’est indécent !
Le futur problème est que ces appartements offerts par les Chinois sur le marché cambodgien de l’immobilier excèdent en nombre très largement les couches sociales privilégiées de la capitale, celles qui auraient effectivement les moyens de pouvoir payer ce type de loyers ou d’accession à la propriété.
Ainsi des immeubles sont complètement vides et le projet suivant se construit juste à côté d’eux ! Vue sur le Mékong puisqu’on monte toujours plus haut.
Ainsi, cette croissance économique qui fait que la capitale sourit aujourd’hui de toute sa vitalité et vous salue bien ! ce n’est peut-être qu’une apparence de bonheur annonçant des lendemains plus difficiles.
Au moins pour les Chinois ?
Néanmoins, allez vite visiter Phnom Penh avant qu’il ne soit trop tard : ils sont en train de la défigurer.
JMDF