Photo du jour Bangkok Post 24/05/18
Le Bouddhisme fut pendant des siècles le centre majeur de l’éducation des peuples. Cela change depuis peu de manière inquiétante. Les moines (bonze !) semblent soit coupés du monde, soit au contraire plongés dans ce nouveau monde pour mieux en profiter hors des règles les plus élémentaires ?
Comment ces bonzes dits vénérables peuvent-ils enseigner ? Les croyants deviennent de fidèles croyants. Convaincus et aveugles. Peu à peu, se met en place une véritable religion. Non plus une simple philosophie.
Cette religion, reconnue « religion d’État » dans bien des pays, ne cesse de faire parler d’elle ces derniers temps en Asie mais aussi dans les pays occidentaux où elle apparait de plus en plus comme la religion « à la mode ». N’est-elle pas donnée en exemple face à des religions monothéistes qui ne trouvent plus le moyen de séduire les pratiquants occidentaux traditionnels ?
Le bouddhisme séduit trop souvent alors parce qu’il se présente comme une philosophie, et pas une religion, au moment même où justement il apparait, il devient une religion dans les lieux où il est né !
Or, l’image du Bouddhisme est souvent écornée par des pratiques et des scandales, pour peu qu’on fréquente en Asie les Pagodes et qu’on observe les moines et leurs dépenses parfois extravagantes, sans souci du respect des dogmes et des règles. Comment des moines de tous âges peuvent-ils posséder plusieurs comptes en banque et se trouver dans les files d’attente prioritaires dans les agences bancaires ? Comment se fait-il qu’il sont presque présents dans tous les avions et souvent en « Business » Class ?
Hormis le fait que les pratiquants deviennent parfois combatifs comme au Myanmar (contre les minorités musulmanes !), hormis le fait que de multiples scandales sexuels ont été dénoncés à Bangkok ces dernières années, que le leader Vénérable du plus grand temple thaïlandais a été accusé entre autres délits de détournements de fonds, hormis que des Pagodes cambodgiennes se rénovent à outrance et deviennent prétentieuses à l’image de leurs généreux donateurs, il faut reconnaître que les dérapages sont partout liés à l’argent et à un manque d’organisation et de contrôle.
Dans un pays comparable à la France, il y a 40 000 pagodes en Thaïlande. Or, en France, la rénovation des églises coûte aujourd’hui si cher que beaucoup d’édifices religieux doivent fermer ou se transformer en lieu de commerce ou de divertissement. Après le fermeture des cinémas de quartier, est venu le temps des lieux de culte désertés.
Pas étonnant que la Junte militaire au pouvoir à Bangkok tente de réformer le bouddhisme du Royaume et de changer les habitudes des moines et des pratiquants.
La pratique de la recherche individuelle du Karma par la générosité des donations des particuliers garantit le financement des Pagodes et des moines, sans nécessité de faire appel à un « denier du Culte » ! Néanmoins, le tourisme se développant dans tous les pays bouddhistes de l’ASEAN des méthodes de marketing ont fait leur apparition sous diverses formes : des conférences à Yangoon, la vente intérieure des amulettes (des marchés, des antiquaires, des brocanteurs, des bonimenteurs …) et autres images sacrées à Bangkok, des cérémonies de donations à Phnom Penh (katthens !), des statues et diverses sculptures de plus en plus chères un peu partout… une architecture plus tournée vers la performance que vers la beauté religieuse.
Et même des « déesses » chinoises qui arrivent semble-t’il par bateaux pour séduire les fidèles du Grand Véhicule en manque de féminisme. Un vrai succès qui ne choque pas tout le monde … au contraire.
Le gouvernement thaïlandais semble vouloir ralentir les donations aux temples alors qu’au Cambodge celles-ce restent encouragées par les clans au pouvoir et les rénovations vont bon train. Les riches montrent l’exemple, mais souvent l’exemple de leur propre richesse. Qui est dupe ? Les pauvres et les innocents, bien sûr.
Qui est perdant ? – les paysans.
Cette richesse en Asie exploite les pauvres, tellement crédules et toujours superstitieux, qui donnent seulement leur confiance, leur soupe et leur riz à la quête de chaque matin pour des bonzes heureux de … manger à ne rien faire ou étudier gratuitement ! Ce qui justifie les téléphones portables et autres matériels sophistiqués de plus en plus « à la mode ». Les bonzes sont branchés gratuitement.
Le Wifi dans les pagodes ?
La commercialisation de la religion ne manque pas de faire penser à un Jésus chassant les marchands du temple ou à un communisme vietnamien limitant la liberté de conscience ou à l’odieux Pol Pot fermant les pagodes et tuant les bonzes. On est loin des immolations par conviction religieuse ou politique…
Le résultat n’est pas beau.
En fait, le problème apparent ou les problèmes récurrents proviennent de l’absence de gestion financière des Pagodes. Pas réellement de transparence. L’argent sale peut circuler. Il n’y a que de la générosité. Un regard du « Comité de la Pagode », groupe civil de dévots locaux et d’Achars, le plus souvent « in-averti », permet l’obscurantisme et les dérives dans toute l’Asie du Sud-Est bouddhiste.
Le danger est visible. Le bouddhisme est sur la mauvaise pente. Certains gouvernements l’ont compris et commencent à s’activer avec des nominations et des budgets ad hoc. Mais n’est-ce pas un autre danger lorsque l’on connait déjà les dérives politiques visibles des membres puissants de ces pays de l’Asie du Sud-Est. Des fonds secrets pour les Pagodes ?
Pour une fois, je me demande si les Chinois ne seraient pas meilleurs que les autres dans ce domaine. Grave…
Photo Bangkok post – JMDF