LY PISITH
Un designer cambodgien qui monte … au Jardin des désirs
Artisan, créateur, designer,
Depuis cinq ans, sa renommée grimpe et parvient même à dépasser les frontières de la bijouterie recherchée dans la région du Sud-Est asiatique. « Silver » et pierres semi-précieuses. Sa boutique à SIEM REAP, et dans la Capitale du Cambodge, à deux pas du temple d’ANGKOR VAT ou face au joyau qu’est le Musée National de PHNOM PENH, il revient de France après avoir été chassé tout jeune homme par les terribles khmers génocidaires. Il s’est construit patiemment contre les affres de la peur, contre l’innocence des victimes, contre les reliefs d’un pays traversé à pied, contre le bruit des balles et des mines, passant la frontière de la liberté. Il est revenu façonner sa vie et ciseler son œuvre si longtemps préparée loin du pays, à force de travailler avec ses mains et son intelligence.
LY Pisith commence sa vie à l’âge de dix ans (!) lorsque sa famille est blackboulée dans l’exode de la capitale cambodgienne. En quelques jours, en effet, il se retrouve seul et se fait un cœur, un regard et même un sourire de survivant, hébergé, caché, seul et décidé. Subissant toute la période Khmer Rouge dans une famille d’accueil, il finit par fuir à pied, seul, vers la Thaïlande. D’un camp de réfugié où le temps semblait arrêté, il atteint Paris, à 14 ans, se sentant adulte avant l’âge.
Cherchant à fuir encore tout ce qu’il ne comprend pas, il décide d’avancer sur son propre chemin au jour le jour. Il quitte le Lycée. Et cherche un job. C’est dans le travail de ses mains qu’il trouve la quiétude et perçoit qu’il peut s’en sortir. « Self made man », de maquettes de bâtiment pour architectes en maquettes de lunettes pour les plus grands designers de son temps, il peaufine peu à peu sa personnalité et sourit à la vie pour oublier un temps soit peu le passé. Mais en son sein, il est rongé par un mal d’expatrié. Vit-on heureux en exil ? Subir le joug d’un patron et d’une discipline est certes formateur mais cela interdit de s’exprimer pleinement. L’an 2000 le trouble, il se pose des questions existentielles sur son pays d’accueil et son style de vie. En manque de style et de motivation, il sait alors décider … de prendre son envol et il revient en Asie et vers son Cambodge pour conjurer sa propre histoire. Avec une idée en tête : un concept de design : créer une ligne de bijoux et faire travailler ses doigts et les doigts des autres pour exprimer ce feu qui est en lui et ce feu de la forge qu’il oblige désormais à suivre ses idées et son expression. Son esprit façonne et il ne veut plus voir que le beau dans ce pays qui manque encore de dignité et qui désarçonne.
Très clairement, ce franco-cambodgien est dépositaire de certaines clefs de la création artistique et de l’expression internationale de la sortie par le design des affres d’une société plusieurs cassée. Il en est devenu aussi beau de sa personne et de sa pensée. Les créations de Ly Pisith, dans son atelier – GARDEN OF DESIRE – qu’il faut visiter, veulent dire quelque chose. Aucune pièce de sa création qui vise autant à relever la beauté féminine qu’à détourner le regard vers un message argenté signifiant, ne laisse indifférent. Même ses pierres, minutieusement choisies et taillées, semblent s’exprimer.
Un pouvoir l’habite qui mérite plus d’un détour… Porter une bague de Pisith, c’est signer avec une élégance positive sur son corps le rachat des pêchés des maîtres de l’Enfer cambodgien. Faire du mal un bien. Faire des matériaux un objet parlant. Faire du feu une étincelle de plaisir. Tout un programme. Toute une collection, sans cesse renouvelée… Ses bijoux racontent chaque pas de son histoire. Jusqu’où ira-t-il ?
J’M