Depuis quatre ans, les élections législatives de 2018 étaient attendues avec angoisse au Cambodge. Cela tenait du fait que la victoire du pouvoir en place aux élections législatives tendues de 2013 avait été non seulement un étroit succès mais aussi une victoire contestée vertement par les leaders de l’opposition d’alors.
L’annonce tardive des résultats de ce scrutin avait alors été suivi de contestations et de longs blocages parlementaires et gouvernementaux. Pour finalement aboutir dramatiquement à manifestations de rue et de sorties d’usine, très fortes et souvent plus politiques que sociales. La dernière d’entre elles, en 2014, réprimée par l’armée dans le sang, avait laissé entendre que les élections de la fois prochaine seraient serrées … !
Aujourd’hui 29 juin 2018, tout le monde attend la 29 juillet avec une certaine tension mais la crainte de gros troubles urbains et de la contestation des dirigeants du Royaume du Cambodge est bien retombée. En effet, le parti majoritaire et en place depuis 1993 (PPC) a éliminé par la force les « traitres » minoritaires du Parti d’opposition du « sauvetage cambodgien » (CNRP).
L’opposition sera néanmoins cette fois représentée par de nombreux nouveaux partis soigneusement triés sur le volet et une campagne électorale va démarrer dans quelques jours qui pourrait permettre aux citoyens de se faire une opinion.
Tout est prévu par le gouvernement royal pour démarrer en trombe cette campagne électorale puisque les fonctionnaires et les universités cesseront de travailler peu à peu dans une semaine.
A voir la ville de Phnom Penh un peu endormie ces jours-ci et les joueurs de jeux de cartes se répandre à tous les carrefours, il est possible que tout le monde s’arrête d’ailleurs de travailler (sauf les Chinois et les Vietnamiens ?) pour prendre le temps de rejoindre chacun sa province comme pour une fête nationale mais en retenant son souffle.
Cependant alors que les dirigeants à la tête du pays multiplient les discours et les recommandations de vote, il est peu probable que l’accès aux médias soit égalitaire puisque ceci n’est pas une habitude dans toute l’Asie et que l’accès aux chaînes publiques n’est contrôlé que par … les chaines publiques.
Le Cambodge entré dans une sorte de démocratie salutaire en 1993 pourrait surprendre et réussir là où les observateurs voient tout en noir.
Certains connaisseurs des leaders de la région affirment avec un rictus : « Il se Trump ! »