Le Cambodge est au coeur de l’ASEAN.

Situé au cœur de l’Extrême Orient, à mi-chemin entre la Chine au Nord et l’Indonésie au Sud, à mi-chemin d’Ouest en Est entre la Birmanie et les Philippines, le Cambodge est entré très humblement dans l’Organisation de l’Asie du Sud Est qui regroupe aujourd’hui 10 pays.

En 1999, le Cambodge (en fait le Kampuchéa !) fut le dernier à rejoindre l’organisation pour des raisons liées à son Histoire récente (Accords de Paris en 1991, élections en 1993, retour de la Paix en 1994, retour à la croissance économique en 1995, Coup d’État en 1997, et candidature ASEAN  instruite en 1998) !

L’A.S.E.A.N regroupe aussi à l’Est Pacifique de l’Asie : Thaïlande, Malaisie, Singapour, Laos, Brunei et Vietnam (pays non cités précédemment + Timor Leste en cours) et peut s’appeler en français l’Association des Nations du Sud-Est (on pourrait dire ANASE).

Créé en 1967 et au complet depuis 1999, ce regroupement de pays et de nations semble bien disparate, entre Singapour la chinoise, place financière mondiale, Brunei la riche pétrolière, Myanmar (ex-Birmanie), Laos et Cambodge si pauvres, la Malaise à la fois complexe et harmonieuse, la Thaïlande (ex-Siam) si bouddhiste et lévitante, le Vietnam encore communistement centralisé, l’Indonésie immense et musulmane et les Philippines éparses et si chrétiennes.

Ne parlons pas des langues car, en dehors des langues locales propres à chacune nation, on y parle couramment, selon les lieux, le chinois, l’anglais, l’arabe, le français et l’espagnol. Et le Pali dans les pagodes !

Évidemment, plus on monte vers le Nord, plus les relations commerciales entre la Chine et la diaspora chinoise sont criantes dans une langue qui peu à peu s’impose…

Le Cambodge, même resté refermé sur lui-même durant trente ans (un moment maoïste ! un autre Sihanoukiste pro-pékin !), accueille aujourd’hui tant d’investisseurs chinois dans tous les domaines, publics et privés, que bien des Universités offrent maintenant des cursus en langue mandarine, avec un succès grandissant (alors qu’il y a 10 ans, les jeunes apprenaient le coréen, par amour des chansons à la mode mais aussi pour envisager d’émigrer).

15 ans d’ A S E A N ont suffi au Cambodge pour faire oublier le « petit dernier », et, avec ses 15 millions d’habitants en 2015, il joue maintenant un rôle respectable, d’autant plus que ses 7 % de croissance annuels (il fera sans doute un peu plus cette année) s’ajoutent à des perspectives crédibles de s’insérer dans les marchés d’envergure que représentent, pour un petit pays qui démarre en trombe, le marché chinois et le marché de l’ ASEAN qui s’ouvrent à lui.

Certes, c’est un peu tôt, tout n’est pas prêt pour l’ouverture du Marché Unique ASEAN, certes, il y a des risques de balance des paiements déficitaire, et de chocs de cultures et de populations mais il suffit de vivre à Phnom Penh pour se convaincre que, ASEAN ou pas, divers secteurs économiques bougent nettement et bruyamment et que ce n’est pas … agitation mais bien plutôt création de richesses.

J’M

ASEAN / Cambodge : Espace économique 2015 ?

Le Cambodge ne craint pas l’ouverture fin 2015 de l’espace ASEAN

Alors que la Chine a connu une croissance en baisse en 2014, que la Thaïlande a vu la sienne s’effondrer fortement, le Cambodge a maintenu la croissance de son produit intérieur brut (PIB) au niveau de 7 % … comme en 2011, 2012 et 2013 (il est vrai avec 12 % d’aide financière internationale !).

L’optimisme est de rigueur à Phnom Penh pour l’activité économique en 2015. L’année, éloignée des échéances électorales, devrait permettre au développement de se poursuivre dans tous les domaines, en particulier les services et l’industrie touristique, secteurs qui ne cessent de progresser.

L’Agriculture, traditionnelle et insuffisamment diversifiée, représente encore plus du 1/3 du PIB mais commence enfin à se moderniser. Le secteur de la construction est en plein « boum » et pas seulement dans la Capitale. L’industrie textile, importante mais fragile, du fait des conditions de travail et de ressources de ses salariés, pourrait compter sur des charges maîtrisées, avec ou sans paix sociale, alors que de nouvelles ressources pétrolières et gazières offshores sont annoncées pour cette année.

2015 est aussi et surtout une date importante pour les relations du Cambodge avec  l’ASEAN. L’organisation des pays de l’Asie du Sud-Est a négocié avec l’ensemble de ses Etats membres – dont le Cambodge fait partie – l’ouverture totale du marché dans l’espace ASEAN pour la fin de cette année (si possible !).

Il s’agit d’un vrai défi pour le Cambodge (15 millions d’habitants) et quelques autres pays (Myanmar) dont les économies ne sont probablement pas assez puissantes pour supporter le choc d’une ouverture brutale vers un marché unique de 640 millions de consommateurs. Ce qui rassure les économistes cambodgiens, c’est que l’ASEAN rencontre bien des difficultés dans la préparation de l’abandon des barrières douanières intra-Asean et que probablement la « deadline » devra être repoussée ou ne sera que très partielle… secteur par secteur ? La liberté de circulation de la main d’œuvre qualifiée des grands états surpeuplés semble impossible à supporter pour un pays qui doit déjà faire face à une immigration sino-vietnamienne importante. Sans doute les secteurs ciblés seront-ils bien limités dans les prochains mois.

La revue Horizon Asean, publication des services économiques de la Direction Générale du TRÉSOR, au Ministère français de l’Economie et Finances, relève sous la plume de Pauline LACOUR :

 » Si l’intégration commerciale dans la région est relativement avancée, l’intégration financière n’en demeure toutefois qu’à ses prémices. Certains pays doivent d’abord approfondir leurs marchés domestiques avant de mettre en œuvre une initiative régionale, les marchés boursiers et obligataires des pays les moins développés étant relativement étroits. L’intégration financière avance cependant doucement parmi les places financières les plus développées, avec des accords visant à harmoniser les règlementations bancaires et à faciliter l’offre transfrontalière de placement aux investisseurs particuliers.

Ces difficultés se retrouvent également au niveau de la libéralisation des investissements : l’hétérogénéité des niveaux de développement des infrastructures et des climats d’investissement limitent la transposition des initiatives régionales au niveau domestique et certains pays, tels que l’Indonésie, connaissent au contraire un renforcement des mesures protectionnistes.

En parallèle, il est difficile d’imaginer l’instauration d’un droit de la concurrence unique à l’échelle de l’ASEAN étant donné la diversité de pratiques dans la région (absence de droit de la concurrence générique à Brunei, en Birmanie, au Laos, et aux Philippines), ce qui favoriserait pourtant le développement des activités intra régionales. »

Le Cambodge est presque prêt. Le principe de la concurrence est inscrit dans sa Constitution mais le cadre légal reste à compléter. Et à faire respecter ! Des projets de lois sont en cours, notamment sur le droit de propriété, l’une des plaies de la Reconstruction. Toutefois, il ne faudrait pas que sa croissance soit déstabilisée par une ouverture brutale vers un marché unique alors que l’ASEAN n’offre pas suffisamment de garanties face aux questionnements des uns et des autres… Les sujets de discordes subsistent. Et ils sont nombreux.

L’ASEAN dispose d’un Fonds d’assistance à en principe opérationnel dans certains domaines comme les structures ferroviaires. Mais les projets de rénovation de réseaux ferrés archaïques se sont multipliés depuis plusieurs années dans plusieurs pays sans que l’ASEAN ne soit en mesure de servir de déclencheur. Le processus d’avancée vers un marché unique est peut-être à l’image d’un paysage très hétérogène qui tarde à démontrer une grande efficacité à moyen et long terme.

Depuis cinq ans bien peu d’avancées concrètes ont été faites. Les dossiers sont longuement négociés. Dans le domaine ferroviaires, par exemple, alors que la Thaïlande se tourne en ce moment vers le Japon pour créer une nouvelle ligne tant attendue Bangkok-Chiang Mai, le Cambodge attend les grands efforts promis. C’est sans doute, une fois de plus, la Chine qui viendra bientôt au secours d’un investissement multi-national lui permettant de créer une ligne passant par le Laos et gagnant la mer, sur un projet longuement préparé par la Banque Asiatique de Développement.

Gageons que 2015 se passera bien pour le petit Royaume des temples d’Angkor, voire même très bien, avec une croissance probablement en hausse, si les intempéries ne contrarient pas l’Agriculture, avec en fin d’année l’achèvement d’un nouveau pont stratégique sur le large Mékong et d’une liaison routière à quatre voies entre Phnom Penh et Siem Reap, un axe majeur du transport des biens et des personnes.

L’optimiste règne sur 2015. Cependant les deux années suivantes seront sans doute plus difficiles avec d’autres échéances politiques plus sensibles et certainement nécessaires.

En hommage à Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré et Maris, « Lettre aux culs-bénits » de Cavanna !

LETTRE AUX CULS-BENITS (extraits)

« Lecteur, avant tout, je te dois un aveu. Le titre de ce livre est un attrape-couillon. Cette « lettre ouverte » ne s’adresse pas aux culs-bénits. […]

Les culs-bénits sont imperméables, inoxydables, inexpugnables, murés une fois pour toutes dans ce qu’il est convenu d’appeler leur « foi ». Arguments ou sarcasmes, rien ne les atteint, ils ont rencontré Dieu, il l’ont touché du doigt. Amen. Jetons-les aux lions, ils aiment ça.

Ce n’est donc pas à eux, brebis bêlantes ou sombres fanatiques, que je m’adresse ici, mais bien à vous, mes chers mécréants, si dénigrés, si méprisés en cette merdeuse fin de siècle où le groin de l’imbécillité triomphante envahit tout, où la curaille universelle, quelle que soit sa couleur, quels que soient les salamalecs de son rituel, revient en force partout dans le monde. […]

Ô vous, les mécréants, les athées, les impies, les libres penseurs, vous les sceptiques sereins qu’écœure l’épaisse ragougnasse de toutes les prêtrailles, vous qui n’avez besoin ni de petit Jésus, ni de père Noël, ni d’Allah au blanc turban, ni de Yahvé au noir sourcil, ni de dalaï-lama si touchant dans son torchon jaune, ni de grotte de Lourdes, ni de messe en rock, vous qui ricanez de l’astrologie crapuleuse comme des sectes « fraternellement » esclavagistes, vous qui savez que le progrès peut exister, qu’il est dans l’usage de notre raison et nulle part ailleurs, vous, mes frères en incroyance fertile, ne soyez pas aussi discrets, aussi timides, aussi résignés!

Ne soyez pas là, bras ballants, navrés mais sans ressort, à contempler la hideuse résurrection des monstres du vieux marécage qu’on avait bien cru en train de crever de leur belle mort.

Vous qui savez que la question de l’existence d’un dieu et celle de notre raison d’être ici-bas ne sont que les reflets de notre peur de mourir, du refus de notre insignifiance, et ne peuvent susciter que des réponses illusoires, tour à tour consolatrices et terrifiantes,

Vous qui n’admettez pas que des gourous tiarés ou enturbannés imposent leurs conceptions délirantes et, dès qu’ils le peuvent, leur intransigeance tyrannique à des foules fanatisées ou résignées,

Vous qui voyez la laïcité et donc la démocratie reculer d’année en année, victimes tout autant de l’indifférence des foules que du dynamisme conquérant des culs-bénits, […]

À l’heure où fleurit l’obscurantisme né de l’insuffisance ou de la timidité de l’école publique, empêtrée dans une conception trop timorée de la laïcité,

Sachons au moins nous reconnaître entre nous, ne nous laissons pas submerger, écrivons, « causons dans le poste », éduquons nos gosses, saisissons toutes les occasions de sauver de la bêtise et du conformisme ceux qui peuvent être sauvés! […]

Simplement, en cette veille d’un siècle que les ressasseurs de mots d’auteur pour salons et vernissages se plaisent à prédire « mystique », je m’adresse à vous, incroyants, et surtout à vous, enfants d’incroyants élevés à l’écart de ces mômeries et qui ne soupçonnez pas ce que peuvent être le frisson religieux, la tentation de la réponse automatique à tout, le délicieux abandon du doute inconfortable pour la certitude assénée, et, par-dessus tout, le rassurant conformisme.
Dieu est à la mode. Raison de plus pour le laisser aux abrutis qui la suivent. […]

Un climat d’intolérance, de fanatisme, de dictature théocratique s’installe et fait tache d’huile. L’intégrisme musulman a donné le « la », mais d’autres extrémismes religieux piaffent et brûlent de suivre son exemple. Demain, catholiques, orthodoxes et autres variétés chrétiennes instaureront la terreur pieuse partout où ils dominent. Les Juifs en feront autant en Israël.

Il suffit pour cela que des groupes ultra-nationalistes, et donc s’appuyant sur les ultra-croyants, accèdent au pouvoir. Ce qui n’est nullement improbable, étant donné l’état de déliquescence accélérée des démocraties. Le vingt et unième siècle sera … »

CAVANNA
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Cela fait réfléchir, ça fait du bien, ça décoiffe certes, mais en cette période ça me parait naturel de remettre les pendules à l’heure. JM

CHARLIE

Je suis Charlie !
Et pas seulement HEBDO, mais quotidiennement !

Bizarre, depuis quelques jours, j’avais changé le titre « Faim d’années » devenu obsolète après le Jour de l’An, en … « Le dessein des mots ». J’aurais du aller plus loin sans doute avec Le dessein des dessins !?

Les mots ont un sens. Les dessins aussi. Certains préfèrent donner la mort, d’autres ne choisissent que … l’indécence !

ILS faisaient partie de notre vie. Je les aimais. Y compris l’économiste dont je me sentais bien proche. Tous unis ces jours-ci mais tous libertaires. Pour ne jamais se taire…

Oui, tous unis, pour la LIBERTE’.

JAN