2016 comme 2015 à Bangkok ?

L’année 2016 a commencé en Thailande par un nouvel espoir. En effet, la junte militaire au pouvoir a annoncé maintenir la présentation au peuple « l’an prochain » d’un projet de nouvelle Constitution pour le Royaume et la tenue d’élections générales de remise en marche de la vie politique.

L’armée avait opportunément pris le pouvoir au milieu de la chienlit politique de 2014 puisque les Rouges et les Jaunes, après des élections législatives (les Rouges vainqueurs), continuaient à s’affronter dans les rues (contestation du pouvoir par les Jaunes) et, dans le même temps, soupçons de corruption généralisée…

Cependant, en 2015, un premier projet (Charter draft) avait été rejeté par les Militaires eux-mêmes. Semblait-il, parce qu’il ne garantissait pas que la classe politique puisse réellement fonctionner … différemment. Des mauvaises langues disaient que les militaires repoussaient ainsi d’un an l’échéance de leur pouvoir (coup d’Etat contre Yingluck Shinawatra).

Cette fois, le projet vise à réconcilier les Thaïlandais et la classe politique sans pourtant régler le problème du premier ministre Shinawatra en exil qui probablement continuera à exacerber les deux camps dans l’avenir. Mieux même il crée un Sénat avec 200 membres non élus, comme si l’on voulait conserver des postes pour des politiciens qui ont vraiment fait leur temps et dont certains d’entre eux sont issus de l’armée. Est-ce le meilleur moyen de changer les habitudes de corruption contre laquelle la junte se bat depuis deux ans ?

Ce nouveau projet de Constitution est mis en consultation auprès de la population. Mais que veut la population actuellement bridée ? – Sans doute lutter contre la corruption. Certainement retrouver des libertés d’expression. Ne pas retomber dans la division qui a fait descendre les militants dans les rues… Préserver la Monarchie constitutionnelle.

Les détracteurs politiques du projet estiment que d’autres éléments sont anti-démocratiques. Mais qu’est-ce vraiment la démocratie dans un pays comme celui-là fondamentalement divisé entre l’élite bangkokienne et les classes provinciales défavorisées ?

Le projet amendé devrait être présenté à référendum au mois d’août prochain. S’il est repoussé, tout sera décalé … d’un an ! On aura le temps d’en reparler avant juillet 2017.

jmdf

Le train train cambodgien …

Alors que la Chine déploie, virtuellement mais sûrement, ses tentacules ferroviaires un peu partout autour d’elle et vient de signer un accord avec la junte thaïlandaise pour un projet ambitieux (cf. texte précédent), le gouvernement royal du Cambodge travaille actuellement sur au moins deux projets :

  • d’une part, la rénovation de l’ancienne ligne tournée vers le Nord, Phnom Penh – Poipet, ville frontière, de 337 km, qui pourrait, à terme de quelques années (10 ans ?), rejoindre le réseau « chinois » de Thaïlande.
  • d’autre part, un projet de construction d’une nouvelle ligne intérieure qui pourrait relier les provinces de Kampong Speu et de Kratié, aidé en cela par l’Institut de recherche des chemins de fer de … la Chine.
  • Actuellement, une seule ligne de chemin de fer cambodgien fonctionne réellement pour le transport des marchandises (après une utile coopération belge). C’est la ligne Sud, qui relie la capitale de Phnom Penh à la province portuaire de Preah Sihanouk, soit 256 km. On entend siffler le train mais la gare de Phnom Penh reste vide.
  • Restent trois voies ferrées qui pourraient changer complètement le réseau cambodgien et surtout régional : une ligne de Siem Reap à Sisophon; une autre de Snuol au Vietnam; et enfin celle qui relierait Snuol au troisième pays voisin, le Laos.

– Avis aux investisseurs qui voient loin !

Les villes de Kompong Speu (route nationale reliant à l’aéroport de PP) et de Snoul (noeud ferroviaire) vont probablement se développer sensiblement dans les vingt ans qui viennent, alors que Poipet verra sa situation stratégique renforcée dans la prochaine décennie.

La BRED sur le coup

L’absence d’une grande banque commerciale française au Cambodge est notable. De même aucune grande banque européenne ne s’est implantée durablement alors que les Australiens et les Néo-zélandais sont bien présents et rassurants !

Depuis vingt ans et la tentative du groupe Crédit Agricole-Indosuez, présent durant deux années, seul le Crédit Mutuel s’est un peu intéressé au Cambodge à la suite d’un sulfureux dossier de compagnie d’assurances.

C’est d’ailleurs la Fondation Crédit Mutuel, et pas du tout cette banque française majeure, qui est actuellement présente au Cambodge sous la forme d’une association agissant pour le micro-crédit. Elle n’offre d’ailleurs pas les mêmes garanties qu’une banque (ce qui est très courant au Cambodge où les petits épargnants prennent de gros risques).

Cette fois c’est le groupe Banque Populaire qui est annoncé pour commencer des opérations commerciales au royaume du Cambodge. La BRED serait donc la première ? Un peu étonnant (ou un peu tardif) quand on sait que le boom actuel de l’économie du Cambodge risquerait de s’essouffler dans les prochaines années, à la suite de la profonde crise chinoise.

Toutefois, une grande banque Thaïe, déjà présente à Phnom Penh en 1995, partie en catastrophe du Cambodge il y a vingt ans, serait, elle-aussi, sur le point de revenir dans la Capitale…

Tant mieux pour le Royaume où les banques fleurissent, comme jadis en Suisse.

JMDF

Cambodge : la courbe du tourisme ?

En dépit de la hausse de 6% du nombre de touristes venus visiter le Cambodge en 2015 (4,8 millions ), la courbe de progression apparaît freinée et s’est peut-être inversée puisque les années suivantes risquent de confirmer la tendance.

Dans le même temps, la Sociétés des Aéroports du Cambodge vient d’ouvrir son terminal rénové et agrandi à Phnom Penh. Il était temps puisque le nombre de touristes ne cesse de croître. L’aéroport de Siem Reap Angkor où arrive le plus grand nombre de visiteurs devrait suivre.

Où est le problème ?

  • Sans doute dans le fait que les touristes asiatiques sont désormais plus nombreux que les touristes occidentaux. Il suffit de rencontrer les chefs d’entreprises français travaillant dans le milieu hôtelier pour apprendre que le chiffre d’affaires 2015 est en très nette baisse par rapport à 2014.
  • Non seulement les Occidentaux sont moins nombreux mais leur pouvoir d’achat a baissé. Dans un hôtel où la clientèle baisse de 20%, la bijouterie voisine perd 30% de son chiffre !
  • Les Chinois sont ceux dont le nombre a le plus progressé (devant les voisins Vietnamiens et Thaïlandais) mais ils voyagent en groupes et visitent les temples également en groupes ; tout y est organisé sans loisir de dépenses pour les petits vendeurs et les boutiques.

Dans les années qui viennent la seule progression à attendre est bien celle des visiteurs du grand voisin nordiste, les Chinois. Le Cambodge qui a fait nettement depuis une décennie le pari d’un tourisme de masse va pouvoir ainsi poursuivre sa progression. Néanmoins, quelques-uns s’inquiètent à la fois de la dégradation possible de certains sites archéologiques « survisités » et de la baisse effective des retombées économiques pour certaines populations qui ne vivent que du tourisme. Sans compter que le pays a absolument besoin de créer des emplois pour sa nouvelle jeunesse qui arrive maintenant sur le marché.

Néanmoins, la situation internationale étant de moins en moins favorable au tourisme dans le monde, la seule solution pour le Cambodge ne passerait-elle pas logiquement par les Chinois et par leurs agences, leurs hôtels, leurs restaurants et par leurs compagnies aériennes bien présentes ? La concurrence est ouverte…

Le Canal de Kra !

Vous connaissez le Canal de SUEZ et celui de Panama ?

Mais pas ce canal thaï ?

Non, ce n’est pas un serpent de mer même si Ferdinand de Lesseps lui-même serait venu sur place pour se faire une idée, un vieux projet de canal qui n’a jamais vu le jour.

Qu’il y ait là un projet de canal, quand on connaît la géographie de la Thaïlande, apparaît logique et possible, au vu de la petite largeur de l’Isthme de Kra. Isthme étroit au Nord de la Malaisie. Couper cette bande de terre offrirait une voie plus courte pour le transport maritime entre la mer d’Andaman (bien connue depuis le tsunami de 2004) et à l’Est la mer de Chine, dans sa partie méridionale.

En effet, l’isthme de Kra fait dans sa plus petite largeur 44 kilomètres.

Seulement problème : c’est une petite chaîne de montagnes haute de 65 mètres qui est bloquante. Elle empêche ainsi l’idée que les navires pourraient ne plus faire le tour de toute la péninsule malaise.

Il est plus que probable que Singapour situé à l’extrême Sud de la péninsule ne verrait pas ça d’un bon œil (au sein de l’ASEAN !). Dommage.

Le canal de Panama offre 77 km et il a fallu creuser là-aussi du relief ! Celui de Suez en  revanche, long de 192 km, s’est construit sur un terrain extrêmement plat et proche du niveau de la mer !

Ce qui ne semblait pas possible il y a un siècle est sans doute réalisable avec les moyens techniques d’aujourd’hui. Qui pourrait bien déclencher un nouveau projet ?

Que ceux qui cherchent de « grands travaux », utiles, y pensent.

 JMDF

 

Le Japon en train de se freter aux Thaïs

La Thaïlande doit refaire tout son réseau ferré. Son matériel ferroviaire est entièrement japonais et date de la fin de la dernière guerre mondiale … ! Tellement obsolète que plus un train n’arrive à l’heure désormais à la SRT (State Railway of Thailand), la société locale équivalente de la SNCF. Dommage car ces lignes demeurent une belle aventure en couchettes pour les touristes qui ont du temps à perdre.

Le projet de nouvelles lignes à grande vitesse fait l’objet de conversation à toutes les rencontres bilatérales avec le gouvernement japonais. Malgré l’amitié qui unit ces deux pays, ce sont les Chinois qui ont obtenu la concession des voies. Le matériel roulant devrait être japonais mais pas vraiment un … TGV recordman de vitesse. Les Thaïlandais ont le sens du partage et surtout de la diplomatie. Pas un luxe en ce moment de régime transitoire siamois.

En attendant le Japon développe sa coopération sur le fret. Un projet vient d’être inauguré en grande pompe pour les marchandises par petit containers sur le réseau ferré actuel. Ceci pour faciliter le transport ferroviaire aux dépends de la route. C’est ainsi que l’accessibilité des camions vers les dépots ferrés pour y déposer certains containers, de même pour leur expédition vers les clients finaux est facilitée et, c’est aussi le but, le prix des services devient en principe compétitif.

Le transport ferroviaire, recommandé partout pour des raisons environnementales, surtout pour le transport des marchandises, n’est certes pas favorisé actuellement par la baisse du coût des carburants pour les transports routiers.

Il faut donc saluer l’effort de cette coopération. Ainsi, à partir du nœud ferroviaire important au Nord de Bangkok, la gare de triage de Bangsue, une ligne met en place un service nippothaï de fret vers le Nord jusqu’à Lamphun. Une autre se dirige de la même gare vers le sensible Nord-Est pour atteindre la ville de Khon Khaen.

L’argent chinois trace sa voie ferrée

 

La Chine ne démord pas de son ambition de créer de véritables routes ferrées reliant Pékin à toutes les capitales asiatiques, ou presque !

Si la nouvelle route de la soie pour la Chine sera – demain- le chemin de fer qui passera par le sud du continent asiatique vers le Mayen Orient pour rejoindre … Venise (!) en Europe, la priorité des priorités actuellement est différente. Elle consiste à mettre en place sans tarder un axe vertical de voies ferrées à écartement international, de le ville de Kunming au sud de la Chine jusqu’à … Singapour au Sud de la péninsule malaise.

Cela tombe bien puisque les dirigeants thaïlandais s’activaient depuis des mois, et même plus, pour trouver le financement de la création d’une nouvelle ligne de chemin de fer Nord-Sud, entre la ville nordiste de Nonkhai et la capitale Bangkok (800 km) . Les tractations do coopération financière ont été difficiles, y compris du fait de la compétition avec les Japonais (qui resteront présents sur le matériel roulant !), mais elles sont maintenant bouclées.

L’accord de joint Venture est signé. L’argent chinois devrait être mis sur la table thaïe, sous forme de prêt, durant ce mois de février, afin que les travaux commencent effectivement en Août 2016. Ils devraient durer six ans.

Le financement serait très avantageux (taux d’intérêt entre 2 et 2,5 % l’an ?) pour un projet évalué à 12 milliards de dollars.

Cette ligne à grande vitesse (pas de TGV cependant) est de toute évidence une nécessité pour la Thaïlande. A terme, seulement à terme hélas, cette infrastructure ferroviaire sera très bénéfique pour l’économie thaïlandaise, tant pour le commerce des marchandises que pour le transport des personnes.

Après le « train de la mort » du Pont de la rivière Kwaï, voici une espérance de vie pour les populations Issan du Nord et de l’Est de la Thaïlande.

JMDF

 

Cheung Kok / Province de Kompong Cham

Beaucoup de lecteurs me demandent où se trouve le fameux village touristique de la région de Kompong Cham.

Géographiquement intéressant, parce qu’il s’agit d’un habitat groupé, à l’écart des voies de communication, rare au Cambodge où les habitations ont de tout temps eu tendance à s’implanter le long des routes, parfois au bord des rivières.

Historiquement intéressant, car c’est un village marqué par la guerre avec les Khmers Rouges, qui a été détruit et … dont les habitants survivants sont revenus après-guerre, rebâtir sur pilotis, retrouver leurs terres et l’exploiter courageusement, sans le sou mais en s’aidant les uns les autres, créant des paysages pittoresques où la ruralité cambodgienne se montre aujourd’hui sous toutes ses couleurs.

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 Ce village charmant vit à la fois de la riziculture, de l’élevage (buffles et zébus) et de l’artisanat (notamment le tissage). Cheung Kok est située, en venant de Phnom Penh (à moins de deux heures de route – RN 6 rénovée), à 7 km avant la ville de Kompong Cham.

Facile d’accès : Arrivé sur la commune d’Ampel, sur la gauche, en hauteur, se situent les deux collines de la Pagode des Hommes et celle de la Pagode des Femmes ; sur la droite une petite voie, juste en face du Centre de Santé d’Ampel. Le long du marché, suivez cette voie rurale sur deux kilomètres et découvrez un village préservé avec des rues en angles droits.

Les gens y sont particulièrement accueillants et leurs enfants vont vous guider dès les premiers pas.

JMDF