Les aéroports cambodgiens gérés par un consortium français.

A l’issue des Accords de Paris d’octobre 1991, ramenant la Paix progressivement en 1992 et des élections en 1993, avec l’aide de 20 000 casques bleus des Nations-Unies, La France n’a eu de cesse de vouloir montrer et démontrer qu’elle ne « revenait » pas au Cambodge.

Outre que l’erreur est probablement historique, et qu’elle entraîne la perte à terme de marchés pour les entreprises françaises, c’est la francophonie qui en a été la première victime. La langue française a progressivement sombré depuis 20 ans au profit de l’anglais, puis du coréen et maintenant du chinois …

Toutefois, certains, comme le groupe Vinci, ont durablement placé des pions au Cambodge et la grande réussite depuis 1995, consiste en l’obtention d’une concession gouvernementale par la SCA, une société française de gestion des aéroports cambodgiens. 20 ans déjà  depuis 1997 et la renégociation du contrat pour les trois villes de Phnom Penh, Siem Reap et Sihanoukville, à courir sur 70 ans !

Néanmoins, alors que les gestionnaires français viennent de finir l’extension impressionnante, et fort réussie, de l’aéroport de dimension internationale dans la Capitale du Cambodge et celui, stylé, situé près des sites d’ANGKOK, des rumeurs se répandent un peu partout dans les milieux bien informés :

  1. Le premier ministre envisagerait de déplacer le bel aéroport de Phnom Penh sur l’une des provinces voisines. A quelques dizaines de kilomètres ?
  2. Un consortium chinois bienvenu proposerait de construire un tout nouvel aéroport à Siem Reap en remplacement de l’existant. Dans la forêt ou bien sur les rizières ?
  3. Certains s’interrogeraient alors d’ores et déjà pour savoir comment dédommager les Français à qui il reste cinquante ans de bail ! – En riels ? En billets de retour ?

Nous allons vraisemblablement assister dans les prochains mois de 2017 à une nouvelle posture significative : Est-ce que la France refuse toujours de jouer le rôle de grande sœur et amie privilégiée de son ancien Protectorat et laisse la place à la grande puissance régionale  ?

Préfère t’elle la retraite et la défaite des intérêts nationaux …

face aux prétentions chinoises dans une sphère qui n’est décidément plus la sienne…?

Et face à l’absurdité !

JMDF

 

 

Le pape rebelle refuse de se rendre

 

 Cf : l’article précédent publié sur le même sujet, dans ce Blog, il y a 7 mois : « Un bonze adulé au bord du précipice » ! … 

Depuis le début de l’année 2016 ce moine bouddhiste a de sérieux soucis. Il continue cependant à se conduire comme le pape éclairé d’un grand nombre de bonzes et de fidèles formant ce que tout le monde politique et maintenant le monde religieux et même judiciaire thaïlandais considère comme une secte…

Recherché par la justice notamment pour blanchiment d’argent et d’objets volés, il se mure dans son centre de formation qui ne peut plus être considéré comme une Pagode… mais une zone de nouveau droit bouddhiste. Les autorités ne parviennent pas à mettre la main sur ce leader charismatique connu de tous par ses prêches séduisants à la télévision. En effet, il est en permanence protégé par des milliers de bonzes qu’il a formés et que, selon les règles qui unissent tout le pays : chaque civil doit respecter les bonzes sans la moindre violence.

Protégé par des murs de fidèles, ce pape devrait être finalement un jour défroqué mais combien de temps tiendra t-il encore ?

JMDF

(Photo Bangkok Post)

Manhattan sur Mékong !

La péninsule fluviale cambodgienne qui est créée par la longue bande de terres bordée au Nord de Phnom Penh par le Mékong et par le fameux Tonlé Sap à l’opposé, avant que ces deux-là ne se rencontrent au lieu dit des « Quatre bras » !… s’appelle Chroy Chanva.

Du centre ville le célèbre pont de Chroy Chanva que l’on appelle aussi le « pont Japonais », reconstruit par eux il y a maintenant 22 ans (alors qu’il vient d’être véritablement doublé l’an dernier par un investissement public chinois accolé, pour laisser passer une circulation de plus en plus dense sur la RN 6) permet d’accéder à cette zone.

Ces terres péninsulaires, avant-guerre, étaient soit des marais, soit des terres partiellement agricoles. Peu de fermiers y vivaient mais beaucoup y pratiquaient l’élevage à la bonne saison. Un endroit paisible. L’espace étaient propice aux animaux en liberté. Néanmoins, de chaque côté de la route aujourd’hui, des pagodes, un orphelinat et un église désaffectée, révèlent la présence de groupes de populations et de villages.

Depuis vingt ans de développement de la ville bien des citadins se sont installés sur ces terres, notamment sur les rives, les résidents se trouvant confortés dans leur droits par des documents municipaux et fiscaux, à défaut de titre de propriété et de cadastre opérationnel. Par ailleurs, des compagnies aux propriétaires fortunés pompaient (pour le compte de quelques puissants) le sable qui encombrait les fonds du Mékong et recouvraient peu à peu toutes ces marais, chassant bien des espèces animales à commencer par des singes présents autour de la pagode Wat Kien Khleang.

Les choses ont changé avec la croissance urbaine. Tous les esprits dirigeants y voient des hôtels, des résidences de luxe et autres. Ces terres vides (donc publiques) appelant des investisseurs sont forcément propices à la spéculation. Hélas, les terres maintenant comblées de sable ne tiennent pas compte de l’irrigation habituelle de ce site depuis toujours naturel… La destruction de l’environnement ne cesse pas d’inquiéter les résidents au moment des fortes pluies.

Et voilà que la Ville de Phnom Penh annonce la  construction de la Cité du Futur ! Déjà le ciment avait envahi les alentours du pont . De nouvelles voies se dessinent… C’est clair entre la Nationale N° 6 et la rive du Tonlé Sap où plus personne ne vit tranquille… déjà que les gaz et le bruit étaient venus troubler cette zone agréable et heureuse. En 2016, c’est la panique :

Le projet qui vient de paraître dans la presse concerne 400 hectares de cette zone. Un projet déjà bien avancé sur plans mais apparemment démesuré eu égard à l’urbanisation de Phnom Penh et sans doute pas surprenant vues les ambitions et les délires de certains gouvernants et des hommes d’affaires chinois qui arrivent avec les même plans que ce qu’ils ont construit ailleurs !

… Clefs en mais, je vous prends votre terre et rase vos biens. Je vous dédommage grassement du prix moyen d’une terre marécageuse et si vous n’acceptez pas mes conditions, je vous expulse parce que vous n’avez pas de titres de propriété régulièrement cadastrés…!

… Laissez-nous construire des tours résidentielles, des villas et un Stade et je vous promets de construire une navette ferrée (un métro, un BTS !) joignant la Cité du Futur au centre ville, passant sur le fleuve sur un nouveau pont moderne payé par les promoteurs du projet…!

En effet, un projet semblant futuriste, de trois tours reliées entre elles, a été publié pour faire rêver certains cambodgiens sur des images improbables. En fait, la cité du futur de Phnom Penh que l’on croyait voir surgir depuis dix ans sur l’Île du Diamant – Koh Pich – ce n’est pas elle, mais bien Manhattan-sur-Mékong, sur l’attractive péninsule de Chroy Chanva.

Rien d’étonnant puisque, en 1993, des ministres Funcinpec, venus d’ailleurs, arrivés brutalement au pouvoir, ne me disaient-ils pas : Là, aux Quatre Bras, qu’en pensez-vous, on pourrait faire un nouveau Manhattan ?

Avec l’horrible bâtiment du nouvel hôtel Sokha qui regarde de manière prétentieuse vers le Delta du Mékong – qui commence là – le pire n’était donc pas encore venu !

Manhattan sera pour demain, après les expulsions.

 

 

JMDF

Cambodge, le tapis rouge pour les Chinois

Il se passe nettement quelque chose depuis des mois au Royaume du Cambodge. Le développement économique (à marche forcée) engendre des changements importants et assez surprenants.

Le Chef du gouvernement royal cambodgien, placé il y a trente ans au pouvoir par les autorités vietnamiennes invasives (qui se retirèrent tout doucement en 1989 permettant le retour de la Paix entre les Cambodgiens), serait-il en train de changer d’amis avec ou sans leur accord ?

Les investisseurs chinois, touchés chez eux par le ralentissement de la croissance, envahissent en effet ces dernières années la capitale Phnom Penh alors que, dans le même temps, quelques résidents vietnamiens sans papiers ont été refoulés sans scrupule.

Des projets chinois s’emparent d’ailleurs de toutes les grandes villes du Royaume. Centres commerciaux, résidences et villages péri-urbains, hôtels … Et des travailleurs chinois, avec ou sans permis de travail, sont souvent regroupés sur place dans des logements de fortune.

Les immeubles et les tours qui grimpent à travers la Capitale déploient des enseignes chinoises révélatrices.Les routes sont refaites par des entreprises chinoises. Les engins de chantier sont de même origine. L’Empire du Milieu débarque en Ssie du Sud-Est. Même les pagodes chinoises ne se cachent plus.

Les petits commerces, restaurants, boutique-hôtels, qui affichaient leurs enseignes en Khmer et en anglais (le français hélas disparaît !) y ajoutent maintenant la langue chinoise. Les Cambodgiens qui s’étaient mis depuis vingt ans à apprendre le koréen dans l’espoir de trouver du travail devraient se mettre dare-dare à la langue de Confusius…

Le tout récent Forum Chine-Cambodge (The Cambodia-China Business Forum) ne vient-il pas d’accueillir plusieurs centaines d’investisseurs chinois potentiels avides de profiter de la croissance économique de ce pays qui pourrait encore atteindre des records cette année parmi les pays de l’Asean ? Parmi les entreprises de construction et de travaux publics, se trouvaient aussi les Chinese Railways ainsi que des « Metal firms » recherchant un partenaire afin de produire de l’acier cambodgien.

Si ces prjets de développement semblent plutôt de bon aloi, bien des acteurs économiques et touristiques du pays ne cachent pas une certaine inquiétude. N’est-ce pas progressivement et inéluctablement vendre des morceaux du pays et particulièrement l’industrie touristique cambodgienne ?

Chacun sait trop en effet que les « troupeaux » qui déferlent de plus en plus sur les sites angkoriens ne font que les détériorer sans autre retombée financière sur l’économie locale puisque pour les groupes de Chinois, accueillis par des agences chinoises, les touristes ne quittent que rarement leur groupe et dorment et mangent dans des établissements chinois de Siem Reap…… Savent-ils d’ailleurs qu’ils sont au Cambodge ?

Certes, la Chine éponge chaque année le déficit budgétaire mais est-ce une raison  pour lui donner les clefs du développement ? Il est permis de se demander si cette stratégie est vraiment délibérée. Est-ce que le Ministère du Tourisme prévoit bien d’accueillir, toujours plus, chaque année des millions de Chinois ?

 

JMDF

Un nouveau Triangle d’Or

Le « Triangle d’or » est depuis un demi-siècle l’espace du trafic de drogue entre la Thaïlande, le Myanmar et le Laos. Chaque État fait aujourd’hui nettement la guerre contre les trafiquants. Et les champs de pavots à ciel ouvert ont été grandement détruits.

Un autre Triangle vient d’être confirmé, somme toute, fort logiquement du fait de l’Histoire coloniale. Il réunit le Cambodge, le Laos et le Vietnam (C.L.V.). Les premiers ministres de ces trois pays de l’ex-Indochine ont en effet signé une déclaration commune confirmant et renforçant ce triangle du développement à l’issue d’un sommet tenu à Siem Reap le 23 novembre 2016.

 Cette déclaration commune a pour objet le développement durable, la réduction de la pauvreté et la recherche de la diminution des écarts socio-économiques. L’effort semble porter sur l’amélioration de la qualité de vie dans les trois pays qui, sans doute, se sentent mieux ensemble face aux exigences de la Commission du Mékong (les trois pays + trois autres) et celles de l’ASEAN (les trois face à sept autres)

Ce regroupement, CLV, apparait sympathique pour les bonnes relations de voisinage entre trois membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’intérêt à court et moyen terme est sans doute d’améliorer la coopération en matière de sécurité et de mieux coordonner certains programmes de développement, dans une période d’ouverture difficile vers la libre circulation des personnes et des biens dans la région.

Néanmoins, au-delà du regard simplement géopolitique de ce sous-groupe des pays de l’ASEAN, il est permis de se demander si la quête des investissements et des flux de capitaux sans cesse croissants dans la zone n’en font pas une hypocrite recherche, chacun pour soi, d’une croissance toujours plus accrue sans souci de l’environnement, partant sans réel souci du voisin.

Dans ce cas, ce n’est un pacifique nouveau Triangle d’or mais plutôt un cône ayant pour base le trafic du bois précieux, pour étage le « milieu » des hommes d’affaires tournant autour de casinos et autour du pactole des touristes chinois ; et surtout une jolie pointe éfilée tournée vers les nuages de dollars et de yuans qui passent par là, entre Shanghai et Singapour. Au moins ce sera un actif « Triangle d’argent » !

Les Thaïs croyaient avoir éradiqué l’opium avec un compas, c’était mal connaître les Indochinois… et leur triangle, nom d’une pipe…

JMDF