Il rêvait d’une autre rive

La publication du roman de Jean Morel  « Il rêvait d’une autre rive », par les Editions du Mékong, est prévue officiellement à Phnom Penh le 29  août 2014. L’ouvrage sera en vente immédiatement à la Librairie Les Carnets d’Asie, au sein de l’Institut Français de Phnom Penh. Une réception avec dédicaces sera donnée le 31 août au 10 boulevard Sothearos à 18 heures en présence de nombreux amis.

 

 

Print

Budget ASEAN 2014 : un Tigre de papier ?

ASEAN 2014  :  un Tigre de papier ?

 

Au Cambodge, comme ailleurs, la fin d’année économique et parlementaire est marquée par la préparation et le vote du Projet de Loi de Finances pour l’année 2014. Quel sera le Budget du Cambodge l’an prochain ?

La préparation budgétaire a été marquée par la campagne électorale de juillet 2013 et les suites troubles que l’on connait. Aussi, bien des arbitrages n’ont, semble t-il, pas pu être effectués sur un projet de Budget préparé par le Ministre d’Etat KEAT Chhon qui a quitté ses fonctions pour devenir l’un des vice-Premiers ministres du nouveau gouvernement alors que le portefeuille des finances était transmis à ANG Vong Moniroath, fonctionnaire expérimenté du Ministère. Certes, ce dernier est l’une des plus notables nouveautés économiques au sein du nouveau GRC, avec également l’arrivée d’un nouveau Ministre du Commerce. Néanmoins, pas de véritable changement de cap à espérer : le nouveau ministre était déjà depuis quinze ans le Conseiller personnel du Premier Ministre pour les finances.

Adopté rapidement en octobre par le Conseil des Ministres, le Budget 2014 a été voté allègrement par l’Assemblée Nationale le 12 novembre dernier, à l’unanimité par les 66 députés PPC (Parti du Peuple Cambodgien) siégeant naturellement sans la moindre opposition, et le 22 novembre par le Sénat.

Avec un montant de dépenses de 14 167 449 de millions de riels, soit 3,4 milliards de dollars US, ce Budget parait ambitieux, en augmentation de 13,1 % par rapport à celui de l’an dernier. Il prévoit un taux de croissance économique légèrement supérieur à 7 % (le FMI table sur 7 %, le ministère 7,6 %) et espère parvenir à un point de recul de la pauvreté cette année. 20 % des Cambodgiens seraient aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. Volonté bien louable en la circonstance de revendications populaires de plus en plus affirmées.

Le gouvernement royal (GRC) a présenté ce Budget avec quatre priorités : les affaires sociales, l’Economie, l’Administration générale et la Défense-Sécurité nationale. Les affaires sociales sont à prendre au sens large puisque le Ministère de la Santé fait partie du concept avec un budget-santé en augmentation 8,4 %, ce qui est peu en comparaison avec celui du Ministère des Affaires Sociales dont les moyens croissent de 37,5 %. C’est vrai qu’il partait de si loin….

Le Ministère de l’Education voit son budget prévisionnel croitre de près de 20 %, ce qui est certainement un des points les plus positifs de ce Budget 2014. Reste à espérer…

Face à ces projets de dépenses, importantes mais pas toutes clairement attribuées aux ministères prioritaires, le budget s’attend à une augmentation égale des recettes sans, là aussi, indiquer clairement comment  trouver les ressources supplémentaires.

Les 13,1 % d’augmentation des recettes,  reposent, d’une part, sur des ressources intérieures, d’autre part, sur des aides extérieures. C’est là où le bat blesse. Le Ministère des Finances pense trouver des ressources intérieures par une imposition plus rigoureuse des agents économiques, les taxes, notamment la taxe foncière, l’essence, les casinos et … la vente de biens publics.

Sans toucher au montant des taxes sur l’essence, la consommation d’énergie va certes augmenter, entre 5 et 10% en 2014, avec la croissance naturelle, c’est cohérent. De même pour les impôts provenant des entreprises et la perception de la taxe sur la consommation. Néanmoins, même avec un PIB en progression de 7 %, l’estimation du volume des rentrées fiscales apparait insuffisant, voire encore aléatoire, si des mesures administratives ne viennent pas conforter les prévisions, notamment celles de l’amélioration d’une collecte fiscale plus sûre et plus juste.  Quant aux casinos, faute d’une base légale claire de gestion et de contrôle des jeux d’argent, on se trouve là  dans l’absence totale de transparence. A quand une loi qui mette enfin de la clarté dans le domaine des Jeux. Idem, pour la vente de biens publics qui sont quand même chaque année moins nombreux.

Le gouvernement compte sur un meilleur système de taxation, en particulier l’Agriculture et la Pêche qui devraient contribuer à l’accroissement de ressources budgétaires. C’est ambitieux et peu crédible. A moins de taxer les concessions forestières et de couper du bois … officiellement ! Les forêts primaires, en parlera t’on encore dans dix ans ?  Ou encore d’accroitre la taxe foncière sur les propriétés bâties, et sur celles dévalorisant les paysages autour du Palais Royal, autour de la Gare et sur la côte balnéaire. Ou de créer un impôt sur le capital des grandes fortunes récentes ? Ou encore de saisir tous les véhicules roulant sans plaques d’immatriculation ou ne payant pas leur vignette… ?!

Restent les ressources extérieures attendues. Elles arrivent apparemment chaque année, même si l’endettement du pays ne peut que grandir au détriment des générations futures. Le Budget du Cambodge risque bien d’être une fois de plus effectivement équilibré par des aides extérieures. On sait que les pays donateurs restent présents comme le Japon et la France auprès de grands projets de développement et que des financements sont budgétés par ces pays pour 2014. La Banque asiatique de Développement ne vient-elle pas d’annoncer trois millions de dollars de dons pour refaire 4000 km de chemins et routes abimés par les récentes inondations ? Quant à Banque Mondiale qui a gelé ses interventions depuis deux ans suite à l’affaire des familles du lac Boeng Kak, elle annonce prudemment, suite au vote de ce Budget, préparer un plan stratégique intérimaire de deux ans. Sans doute un signe d’une confiance limitée dans cette période postélectorale.

Le GRC qui affirme que les affaires sociales et les infrastructures sont ses premières priorités, aura bien du mal à tout gérer avec les ressources financières intérieures et à augmenter dans le même temps, enfin, le salaire de ses fonctionnaires.

En effet, le Secrétariat d’Etat de la fonction Publique, laissé pour compte depuis vingt ans, devient un Ministère à part entière, ce qui révèle une volonté d’action, sans doute accentuée après les succès électoraux de l’opposition. La hausse des salaires des fonctionnaires est annoncée. Dans le même temps le Ministère de l’Industrie est coupé en deux en même temps qu’il est attribué au tenant du Commerce depuis près de vingt ans qui perd les Mines en y arrivant. Est-ce que cela signifie qu’il  devrait se passer des choses cette année dans le secteur minier ?

Quant aux prêts extérieurs qui devraient sans aucun doute permettre au GRC  de boucler le solde du Budget 2014, ils sont encore plus flous que le reste, même s’ils apparaissent pour un montant de 923 millions de dollars, le besoin de financement de cette instable loi de finances. Ce qui rassure c’est que le pouvoir apparait certain d’obtenir ces aides. Le Cambodge sait qu’il peut compter sur ses amis. Il en a peu sur le plan financier au sein de l’ASEAN, mais il y a la grande puissance du Nord qui est disposée à tout, pourvu qu’on lui permette d’investir librement. Elle vient d’offrir 12 hélicoptères le 25 novembre à l’armée de l’Air… Pourquoi s’inquiéter ? A moins que la Chine ne revoie un soutien qui pourrait fluctuer au grès des blocages politiques à prévoir en 2014. Dans ce cas, le Budget ne sera jamais équilibré et la croissance n’atteindrait pas 7 %…

Si, au contraire, la stratégie de développement économique des prochaines années apparait  clairement et, rêvons, ressort d’un improbable débat parlementaire, la Chine jouera un rôle essentiel, dans les domaines de l’énergie et des Mines, de l’Industrie et du commerce des matières premières.

Au-delà de la stabilité macro-économique du Cambodge dont les finances, entre 1993 et 2013, auraient du devenir adultes, au-delà de la stabilité prévisible de la monnaie que la Banque Nationale maintiendra au niveau de 4000 riels pour un dollar US, ce Budget 2014 reste l’un des plus surprenants que l’on puisse observer : pas de débat ; des dépenses non affectées précisément ; des recettes aléatoires. Ceci signifie sans doute que le Chef du Gouvernement Royal peut faire ce qu’il veut quand il veut lorsque des besoins se font sentir.

Ainsi, les dépenses de sécurité militaire 2013 qui se fondaient sur la défense du territoire et notamment sur l’importance du conflit frontalier avec la Thaïlande, seront cette année sans doute doublées d’un renforcement des moyens de la sécurité intérieure, suite aux résultats électoraux et leurs conséquences…

Ce pays qui offre bien des atouts, sur tous les plans, se profilait il y a 20 ans comme une petite Suisse de l’Asie puis progressivement comme un petit dragon de l’ASEAN. Il se révèle aujourd’hui un tigre ayant bien trop de flou dans son budget-papier 2014, pour séduire et convaincre qu’il est sur la bonne voie. Néanmoins, il faut accepter qu’en Asie tout n’est pas écrit et qu’on s’en sort toujours en fin de comptes. Il en ira du Budget 2014 comme du reste. L’Etat saura s’adapter, comme toujours.

Sur ce papier s’écrira en 2014 la volonté du pouvoir en place, et de ses alliés, en fonction des besoins ou des urgences. Un Budget est fait pour apporter aux citoyens de la clarté sur la gestion des projets et l’origine des financements. S’il manque de transparence, un regard sombre se porte alors sur le trouble et maintenant sur les troubles. En cas de maintien de troubles politiques et sociaux, gageons que le Cambodge perdrait 1% de croissance par an durant cette législature, notamment parce que le Tourisme serait vite touché.

Le problème récurrent de manque de transparence budgétaire n’est pas en soi un vrai problème. Néanmoins, présentant trop de questions irrésolues qui auraient méritées d’être posées et discutées dans l’intérêt d’un consensus national sur les priorités, les efforts sectoriels et le partage du gâteau, le tigre cambodgien apparait par la force des choses plus que  « transparent », sans doute parce qu’il se présente aujourd’hui comme  … un tigre de papier.

 

Joël MERAN

La circoncision en question !

2012/2019******************************************************************

La circoncision en question   (contre la posthectomie)

I – La circoncision / L’appareil génital masculin

  • Certains dysfonctionnements
  • En quoi consiste la circoncision ?
  • Quelles sont les conséquences de la circoncision ?

II – Pourquoi se fait-on circoncire ?

  • Raisons sociales
  • Raisons religieuses
  • Raisons médicales
  • Choix personnel

En conclusion : Sentiment actuel – Avenir du tabou médical. Et Projet de recherche « violence ».

_______________________________________________________

Dans le monde des « droits humains » où l’on aborde avec lucidité les droits de l’Enfant, il est d’actualité de se poser la question des outrages physiques irréversibles opérés sur des enfants à la naissance, ou peu après, pour différents motifs. La plupart du temps pour motif religieux, sinon pour un motif d’hygiène qui avait sa raison d’être au … Moyen Age.

Une mère qui a mis au monde un enfant, quel que soit son genre, porte une responsabilité de respect sur son intégrité physique et ne doit pas ignorer les conséquences de toute intervention, manuelle ou chirurgicale, sur l’avenir sexuel de son bébé. Responsabilité qui devient vite collective du fait des lieux de naissance et des usages chirurgicaux des maternités à travers le monde. Et même dans notre monde francophone occidental civilisé.

Comment ne pas mentionner certains « us » de minorités ethniques (tribus africaines) ? Celles qui ont des décennies ou des siècles de coutumes auxquelles les mères ne peuvent que se référer, encouragées qu’elles sont par des hommes gardiens des traditions tribales, traditions auxquelles il ne faudrait surtout pas déroger…!

Mais observons au-delà.

Aujourd’hui, l’ablation du clitoris des bébés filles est quasi-unanimement condamnée (une interdiction en 2019 au Niger, enfin !). L’UNICEF (bien neutre sur la circoncision) et nombre d’ONG et de gouvernements travaillent efficacement pour dénoncer la pratique de l’excision de jeunes filles parce qu’elle est une mutilation de l’enfant et, partant, « amputation » de la femme en devenir. Dans le monde civilisé, de plus en plus de femmes « coupées » s’élèvent pour que leurs propres filles ne subissent pas les mêmes ablations définitives limitant et même supprimant le plaisir sexuel ou une partie de celui-ci lors de l’accouplement.

Accepter que des filles soient « cousues » en garantie de chasteté apparaît inacceptable et condamnable, non seulement comme une atteinte sans consentement aux corps des enfants, mais aussi comme une sorte de « barbarie » limitant les droits essentiels de chaque être humain à disposer de son corps et de sa liberté d’en jouir dans le respect des autres. Faisant aussi des enfants une forme de « propriété privée » des parents, contrôlée uniquement par les géniteurs sans autre « droit » ?

Il est clair que beaucoup de gens et d’organismes agissent au niveau international en faveur des filles et des femmes.

Cependant, couper la peau des lèvres du vagin des filles et couper la peau du prépuce de la verge des garçons relèvent de la même démarche ! Démarche honteuse. Contraire au respect du corps que chaque individu « est » en droit d’exiger à la naissance.

Pour les garçons, c’est le grand silence convenable !

Il convient d’aborder ce sujet « tabou » et de sensibiliser les parents et l’opinion publique sur la question de la circoncision des garçons. Elle est une forme de mutilation « dé-fi-ni-ti-ve », pratiquée sur un être auquel on ne demande pas son avis.

La population humaine mondiale comprend : 30 % des hommes effectivement circoncis sur cette planète : 90% des Juifs le sont, 70% de Musulmans le sont, 10% seulement chez les autres populations mâles sont circonsis (pense t’on, car il est difficile de ne pas avoir de source fiable de ce sujet tabou). Les « autres » populations sont surtout des Britanniques et des affiliés du commonwealth. Une bonne partie en Amérique du Nord.

Etant données ces statistiques (crédibles) bien peu de gens osent mettre, à partir d’une pratique née de « religions antiques », le dossier médical de la circoncision sur la table. Le silence est pesant sur cette question. Un débat devrait naître…

L’acte de circoncire devrait en effet être, au XXI° siècle, la conséquence d’une réflexion avertie. Les problèmes de société, de religion, les problèmes médicaux, les problèmes juridiques ou ceux de la liberté de choix dont chacun devrait disposer, avant l’âge adulte comme après, sont évacués par l’appel constant et convenu à la tradition millénaire et au respect des usages familiaux. Pourquoi ?

A nous d’examiner ici ce sujet de la manière la plus logique qui soit, sans a priori, en observant la morphologie et la physiologie de l’humain de sexe masculin.

Les mères commencent à être mieux informées mais connaissent-elles les tenants et les aboutissants de l’organe sexuel de leur garçon ? Une femme connaît-elle le corps d’un garçon qui vient de naître et le développement d’un enfant mâle ? Comment peuvent-elles, en toute connaissance de cause, prendre les décisions les meilleures pour l’avenir du bébé ? Il leur suffit peut-être d’apprendre.

Observons d’abord l’appareil génital masculin, son fonctionnement, certains dysfonctionnements, fréquents ou possibles. Puis, les techniques médicales et leurs conséquences permettront de décrire ce qu’est la circoncision, en quoi consiste t’elle et quelles sont les pratiques sociales qui conduisent à cette pratique venue d’un autre âge.

L’appareil génital masculin

L’appareil génital des êtres mâles comporte sur le plan externe la verge et les testicules. Les testicules, appelées communément «  bourses », glandes plus ou moins grandes qui fabriquent les spermatozoïdes et qui se déchargent, en cas de copulation, au moment de l’éjaculation créée par le plaisir. Ce sont deux glandes productrices  extérieures au corps, qui peuvent se rapprocher des ovaires chez les femmes qui sont, eux, internes et produisent les ovules qui sont fécondées au contact avec un spermatozoïde. L’appareil génital lui-même consiste en la verge qui se confond au repos avec l’appareil urinaire (urètre). La verge se termine par un renflement qui s’appelle le « gland » et qui est recouvert d’une peau dont il s’écarte au moment de l’érection ou de la copulation.

Distinguons plusieurs parties majeures de ce membre, devenant organe sexuel :

  • Le conduit, l’urètre, consistant en un canal urinaire entouré de tissus pouvant se gonfler de sang, au signal déclenché par le cerveau. La verge devient turgescente ce qui crée un gonflement et engendre ce qu’on appelle l’érection.
  • A l’extrémité du membre se trouve une protubérance, le « gland », qui est une « muqueuse sensible ». Cette partie se gonfle un peu plus que les autres tissus lors de l’érection et surtout lors de l’accouplement et se trouve doté d’une grande sensibilité. Elle présente un anneau (base du gland) particulièrement sensible et qui joue un rôle important lors de l’accouplement en terme de contact vaginal, de sensibilité, voire de mécanisme de rétention de la verge au sein du vagin. La forme du gland révèle en quelque sorte que le membre est aisé de rentrer dans un espace lubrifié, et permet plus de contact pour en sortir du fait de cet anneau. D’où l’acte de va et vient. Cette hyper sensibilité du gland (comparable à la grande sensibilité du clitoris féminin) et de l’anneau qui est à sa base est un élément déclencheur du plaisir et de l’éjaculation.
  • L’ensemble du membre, y compris le gland, est recouvert d’une peau extensible dont l’extrémité (qui recouvre entièrement le gland jusqu’à l’orifice) est appelé : « le prépuce ». Cette bande de peau est utile puisqu’elle possède quelques milliers de terminaisons nerveuses. Lors de l’érection, le prépuce rejoint la peau de la verge et peu à peu ou complètement le gland qui se trouve alors  » à découvert « . Lorsque l’érection se termine, la peau reprend sa place si le sexe perd son érection ou bien la main l’aide à la reprendre et à recouvrir à nouveau le gland qui, lorsqu’il n’est pas recouvert, se trouve plus sensible encore. Voire possiblement un peu douloureux. Il ne peut pas, en fait, rester non recouvert sans finir par gêner au contact de quoi que ce soit, y compris un contact, un drap, un sous-vêtement …
  • Le gland et le prépuce sont attachés. Le prépuce est relié à la base du gland et se resserre au niveau de l’origine (du méat urinaire) qu’il recouvre même complètement chez le jeune garçon (comme un morceau de peau qui peut apparaître inutile lorsqu’il est plus long que le gland). Il peut être plus grand surtout chez le bébé. Il peut être moins grand parfois dès le début de la croissance. Le gland n’est pas simplement sphérique : il comporte un canal inférieur relié par ce qu’on appelle « le frein », relié à la peau du prépuce. Ce frein est « plus ou moins » le point de de la virginité du garçon comme l’hymen l’est nettement pour la fille (mais pas toujours). Or, des actes (notamment maternels inconscients !) de retrait forcé du prépuce par pression sur la verge d’un bébé peuvent briser ce frein (geste à ne pas faire). En fait, le frein sera (en principe) détendu ou brisé lors de la première pénétration d’un garçon et parfois un très petit saignement peut être alors plus ou moins perçu.

Durant l’adolescence, il est possible, voire fréquent, que des actes d’excitation forte, de « pollutions nocturnes » d’un garçon, ou de masturbation, durant le sommeil ou en demi-sommeil tourmenté, provoquent ce décalottage avec cette tension sur le frein tout simplement sans l’approche d’un partenaire.

Lorsqu’il y a une légère douleur voire un saignement (peu fréquents ?), le garçon pubère sait qu’il vient de rompre un lien du petit garçon et, qu’il a perdu un peu de sa virginité masculine. Il comprend surtout qu’il a grandi et que son « appareil » est opérationnel.

Certains dysfonctionnements

Il arrive parfois que le prépuce ne puisse pas modifier sa position. Toute la peau du sexe est forcément très flexible et mobile comme un étui de la verge centrale mais le prépuce peut être exceptionnellement retenu autour du gland.

Si le prépuce ne peut pas se rétracter et descendre sous le gland, ni en position de repos ni en pleine érection, il faut intervenir manuellement ou médicalement (par une incision).

On dit « décalotter » l’action de retirer le prépuce du gland. Lorsque le sexe du garçon ne peut pas être décalotté naturellement, c’est un état anormal qu’on appelle médicalement le Phimosis. Environ un garçon sur 100 connaît un phimosis. Plus rarement le prépuce est entièrement fermé à la naissance et dans ce cas l’impossibilité d’uriner impose l’acte chirurgical immédiat. Il est permis de penser que la circoncision évite de se poser la moindre question au sujet du Phimosis … Il est tellement plus facile de couper tout … à tout le monde !

Lorsque l’orifice préputial est trop étroit, peuvent survenir les conséquences suivantes :

  • Difficultés hygiéniques. Lorsque le nettoyage des parties génitales n’est pas fait régulièrement (quotidiennement), notamment dans les pays sans douche ou sans espace personnel de douche (il faut qu’elle soit prise le corps entièrement dénudé), ou bien lorsque la toilette intime n’est pas possible entièrement du fait du non décalottage du prépuce, l’accumulation des sécrétions du gland sous le prépuce crée une sorte de « fromage » que les jeunes garçons découvrent au moment de la puberté, en même temps qu’ils découvrent le nouvel appareil génital et peu à peu ses érections répétées et quasi automatique chaque matin.
  • A défaut de pouvoir laver l’ensemble du gland – il est partiellement retenu par le frein – des rougeurs peuvent apparaître au contact entre le gland et le prépuce, proche du méat urinaire et parfois même un affreux bouton au bord du prépuce. C’est un signe de début d’infection. Il convient alors de traiter et de nettoyer régulièrement. Il est difficile de désinfecter avec des produits vifs car le gland recouvert est une muqueuse sur laquelle on ne peut panser comme on le ferait sur de la peau. Dans certains cas, par facilité et pour éviter que « cela ne recommence » le médecin conseillera la circoncision, la posthectomie ou la plastie, du prépuce. D’où l’intérêt important de l’hygiène (et de l’information des mères).
  • Érections douloureuses. Lorsque l’orifice prépucial est trop petit pour laisser passer le gland les érections sont alors douloureuses et difficiles. Le verge se gonfle, le gland se gonfle mais reste enfermé au niveau de l’orifice prépucial. Parfois une petite partie seulement du gland se présente vers l’extérieur de manière turgescente et l’érection est source de souci et de peine. Ceci retarde le plus souvent les rapports sexuels des jeunes gens concernés.
  • Accouplement difficile. Lorsque le gland ne se décalotte pas, l’accouplement peut être difficile, douloureux et/ou de moindre source de plaisir. La conséquence est le plus souvent alors l’absence d’éjaculation puisque la gêne trouble le plaisir. La douleur chez le garçon peut alors durer si elle ne met pas fin prématurément à l’accouplement ou à  l’érection elle-même.

Dans tous ces cas – qui expliquent en grande partie les diverses traditions de circoncision prématurée à travers le monde – le praticien doit entreprendre un acte chirurgical. La pratique d’une incision circonférentielle autour de la base du gland, s’appelle la prosthectomie, circoncision partielle pour les jeunes hommes connaissant ces difficultés.

Dans le cas où le prépuce semble pouvoir se retirer du gland mais avec difficulté, du fait d’un resserrement de la peau à proximité de l’extrémité de la verge, ce sera simplement la « plastie » qui sera effectuée, à savoir conserver le prépuce tout en élargissant l’orifice prépucial trop étroit. Une décision moins radicale que la circoncision qu’il faut suggérer au chirurgien souvent favorable à l’ablation, parce que plus simple à réaliser !

Aujourd’hui, la plastie est aussi souvent sacrifiée au profit de la circoncision pour des raisons médicales liées à la prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST). La transmission du SIDA et des MST est de fait facilitée par le biais du manque d’hygiène dans le recoin d’un prépuce. Le risque serait moins grand sans prépuce. C’est devenu facile d’affirmer que ciconcire est bon pour la prévention du VIH. Il y a bien d’autres moyens de prévention !

En quoi consiste la circoncision ?

La circoncision – mot d’origine latine circumcisio, signifiant : couper autour – consiste bien en l’ablation totale de la peau du pénis qui recouvre l’extrémité de la verge autour du gland.

L’ablation chirurgicale, l’opération s’appelle posthectomie en médecine, consiste à couper le morceau de peau qui recouvre le gland, appelé « le prépuce ».

Elle se fait parfois, hélas, de manière bien peu chirurgicale dans bien des pays en voie de développement, et même ailleurs… C’est-à-dire de manière très artisanale sur le bébé, en tirant la peau – avec de simples pinces – et en la coupant en évitant de toucher à l’urètre. Cette opération, même en clinique, n’est pas sans risque. Notamment de couper l’urètre… mais aussi des risques d’une infection qui peut survenir des suites de l’opération.

La circoncision peut être totale  et, dans ce cas, le chirurgien pratique à la base du gland une incision circonférentielle du prépuce. Lorsqu’elle est partielle, elle peut s’avérer plus tard inesthétique. Cependant la circoncision partielle peut maintenir une certaine flexibilité de la peau vers le gland et favoriser à la fois le maintien de la sensibilité d’une partie du gland et d’autre part le plaisir de la masturbation qui est un des points sensibles de la circoncision ou des conséquences de la circoncision.

  • Deux différentes interventions peuvent se faire la Prosthectomie et la Plastie. Dans le premier cas, c’est une circoncision partielle qui conserve une partie du prépuce et intervient souvent chez des adultes, la seconde est un simple élargissement de l’extrémité du prépuce qui intervient chez des adolescents lorsque l’érection n’est pas totale ou lorsque l’accouplement ne procure pas la fin attendue.

Le Phimosis est, en effet, une particularité naturelle qui intervient chez 1% des garçons sous la forme d’un gland enfermé par un prépuce presque fermé (plus rarement complètement fermé). Une intervention de circoncision très partielle apparaît alors normalement souhaitable. Sinon, le gland enfermé dans le prépuce ne pourra pas sortir dans sa position sexuelle turgescente et sera source de douleurs. En principe d’ailleurs, à l’adolescence, par masturbation ou au premier rapport amoureux, l’effort de turgescence conduit à une petite rupture saignante du frein.

Quelles sont les conséquences de la circoncision ?

Les risques immédiats liés à la circoncision sont ceux inhérents à toute opération chirurgicale. Ils sont, bien sûr, accrus lorsque les praticiens ne sont ni des chirurgiens ni des médecins. Il s’agit d’un coup de bistouri mal placé ou trop profond, ce qui va entrainer des saignements et des lésions dont certaines peuvent être dramatiques lors de la puberté, et même avant ou après…  Le lésion de l’urètre est un dérapage d’une circoncision ratée et peut être poursuivie en justice dans certains pays, notamment en Europe.

L’autre conséquence courant est l’infection car pendant trois jours les tissus coupés doivent être traités sinon ils peuvent naturellement s’infecter. Aussi des crèmes et des médicaments sont-ils vivement recommandés pour cautériser le mieux possible la plaie après opération.

La coupure d’un morceau de peau du corps humain est une opération chirurgicale qui laisse une trace à vie. Irrémédiable à cet endroit.

La cicatrice qui en résulte peut rester sensible voire douloureuse pendant plusieurs semaines. Elle disparait totalement ensuite. Cependant, à terme de quelques mois ou quelques années, elle peut devenir rétractile ou complètement inesthétique chez l’adolescent. Ces « parties » du corps ne sont pas vues de la famille, dans les pays où on la pratique, alors qu’en Asie où l’on ne pratique pas la circoncision, les petits garçons sont nus les premières années. Personne ne remarque la moindre cicatrice. Les conséquences restent cependant marquées durant l’adolescence de l’enfant et, porte des effets sur ses premiers contacts amoureux, sans qu’il en est toujours conscience !

Toute cicatrice inesthétique, néanmoins, peut créer un handicap psychologique certain lors des premiers attouchements et peut engendrer des attitudes particulières, notamment lorsque le garçon observe sa « différence ».

D’autres risques sont bien plus graves à terme :

Le gland peut ne pas apprécier de se trouver décalotté en permanence et peut « réagir » de manière négative. Dans tous les cas, il va évoluer à commencer par la disparition progressive des sécrétions naturelles de cet organe. Cette absence de protection facilite certes l’hygiène (la toilette) mais elle ne facilite pas l’accouplement, le gland n’étant plus par lui-même humidifié et glissant. On comprend ici que la sexualité s’en trouve forcément modifiée, négativement pour les hommes et plutôt positivement pour les femmes.

Plus grave mais assez exceptionnelle est la « nécrose » du gland. Dans bien des cas, le grand n’étant plus retenu pas le prépuce va voir son anneau plus libre et donc plutôt plus élargi. Dans certains cas, le gland sera moins épanoui et aura tendance à diminuer de taille, tout en perdant ses qualités, principalement sa sensibilité. Dans ces cas-là, il peut arriver que l’orifice urinaire lui-même se rétracte ou se rétrécisse, alors que c’est l’inverse dans la cas d’un gland épanoui, il s’ouvre et s’allonge.

Dans tous les cas de circoncision, dans la durée, le temps joue peu à peu vers une perte de sensibilité du gland.

Sans circoncision, le gland est naturellement l’organe majeur de la sensibilité sexuelle de l’homme. C’est la partie sensible du membre sexuel.

En cas de décalottage permanent, le gland qui touche alors en permanence les sous-vêtements (ou le sarong ou la robe ou le pantalon !) perd au fil du temps de sa sensibilité. La kéritinisation du gland est le processus par lequel la muqueuse s’insensibilise très progressivement au fil des ans et s’épaissit pour se protéger.

Sur un forum internet, un quinquagénaire nouvellement circoncis pour raison médicale se plaint de ne plus parvenir à jouir lors de l’accouplement. En fait, les accouplements durent plus longtemps en cas de circoncision puisque l’homme a plus de mal à exciter le gland  et à atteindre le réseau complet de la jouissance. Un non-circoncis (un mâle normal) reçoit dans son cerveau le contact de la muqueuse qui s’ajoute à l’émotion du plaisir de l’instant.

Certaines femmes peuvent ressentir des douleurs de frottement d’une peau moins glissante parce que plus sèche chez un homme circoncis. D’où parfois l’ajout de gel facilitant la pénétration.

Pour les mêmes raisons, la masturbation manuelle masculine est rendue beaucoup plus difficile mécaniquement. Les hommes privés d’accouplement sont dans la difficulté d’auto-jouissance ou de recherche d’éjaculation pour calmer un besoin non satisfait.

L’action d’agitation de la peau du membre sexuel qui ne remonte pas sur le gland, ou parfois de frottement sur un gland qui a perdu de sa sensibilité, ne conduit pas de la même façon au sentiment de plaisir que le geste d’un membre recouvert. Aussi, le prépuce participe t-il à la souplesse de la peau et du mouvement.

II – Pourquoi se fait-on circoncire ?

  • Raison sociale

La circoncision est rarement volontaire, on se retrouve circoncis depuis l’enfance. C’est un phénomène de pérennité, le père est circoncis et veut que son fils le soit. La circoncision intervient alors peu après la naissance du bébé ou quelques mois ou quelques années plus tard.

La circoncision est un marqueur d’identité au sein de certains groupements sociaux. L’enfant doit être conforme à la lignée. Les ancêtres étaient circoncis, le nouveau le sera aussi… Tout le monde doit être pareil dans une même communauté, l’ablation du prépuce est identitaire comme peuvent l’être des tatouages au autre signes corporels. C’est un phénomène de cohésion sociale.

De plus, être circoncis rend l’image du sexe plus masculin. Ce serait donc un élément de virilité ? Pourtant les Grecs qui passent pour des guerriers virils et connaissant des pratiques homosexuelles, n’étaient pas circoncis comme le révèlent bien des statues antiques.

A la Cour d’Angleterre, depuis plusieurs siècles, les descendants mâles sont circoncis. Cependant, la Princesse Diana, preuve de sa modernité s’il en faut, a refusé la chose pour ses deux fils William et Harry.

Dans le monde anglo-saxon, le XIX° siècle a tenté de lutter contre les pratiques de masturbation des jeunes. Une des techniques pour la limiter s’est trouvée être la circoncision. En effet, les sexes circoncis connaissent des difficultés pour le plaisir manuel ! La masturbation est plus difficile sans la peau et, de ce fait, la jouissance est bien moins fréquente. Circoncire est donc efficace pour diminuer le plaisir personnel d’un être. Et ainsi réduire le risque de masturbation pratiquée entre garçons dans les écoles ou autres. D’où intervention de la morale (parentale, éducative, sociale, religieuse ?) sur l’intégrité du corps.

Dans l’intimité des familles, certains jeunes parents ignorants – le plus souvent la mère  – tentent de décalotter le nouveau né mâle pour vérifier qu’il peut l’être comme celui d’un adulte. Erreur. C’est une pratique regrettable, sans intérêt, ni pour l’hygiène la plupart du temps, ni pour prévenir l’évolution de la verge à l’adolescence. Elle relève plutôt d’une sorte de sadisme ou d’attouchement intime sans fondement, alors que certains gestes ou certaines douleurs pourraient peut-être faire naître des traumatismes ultérieurs. De plus, ces gestes altèrent la virginité comme pour une petite fille. Quel que soit l’âge, le décalottage est douloureux. La douleur ne doit pas venir de la mère. Une bonne hygiène avec des produits appropriés est uniquement nécessaire dès lors que le médecin de la maternité ou le médecin de famille a fait son observation.

Il vaut mieux laisser le garçon s’arranger avec son corps. Il le découvrira à l’adolescence et saura se comparer aux autres et prendre soin de ses attributs.

Ajoutons, au chapitre social, que la circoncision n’est pas remboursée par les diverses compagnies d’assurances. Elle n’est donc pas un acte encouragé dans un état laïc, bien au contraire ! De plus, bien des médecins sérieux estiment que pratiquer cet acte chirurgical est contraire au serment d’Hippocrate de préserver la vie et l’intégrité de la vie.

Cela est bien un acte inutile.

  • Raison religieuse

La plupart des Musulmans sont circoncis. Avant l’Islam, ce sont les Juifs qui ont créé cette tradition millénaire. Ils l’accomplissent le septième jour après la naissance. Chez les Musulmans, on retrouve le même chiffre biblique : la circoncision se fait avant l’âge de sept ans !

La circoncision ne figure pas dans le Coran. Ce n’est donc pas un précepte coranique. Mais elle figure dans plusieurs HADITHS et elle est pleinement respectée par les adeptes de la religion islamique. Elle tient au respect que portent les Musulmans au prophète Abraham qui se serait « dit » circoncis mais qui ne l’a pas écrit ! Qu’en sait-on ?

D’évidence, autrefois, c’était une nécessité hygiénique. Dans des pays chauds, sans lavage régulier, sans structure sanitaire … la muqueuse de la verge peut s’infecter.

Jésus était circoncis (roi des juifs ?) et une cérémonie en garderait le souvenir. Mais l’Évangéliste Saint-Paul – qui ne l’a pas connu ! – est le seul à aborder le sujet. Les premiers Chrétiens n’étaient d’ailleurs pas circoncis.

  • Raison médicale

Orifice prépucial trop étroit qui a pour conséquences :

  • Des difficultés d’hygiène puisque le gland ne peut pas être nettoyé de ses sécrétions permanentes qui accumulent un résidu « fromager » ! D’où parfois des infections qui peuvent se développer sous le prépuce et qui peuvent devenir douloureuses en rendant le gland malade et hypersensible.
  • Depuis toujours, on justifie la circoncision par des raisons hygiéniques. Il n’en est rien. C’est un faux discours. C’est surtout une explication qui n’a plus de raison d’être dès lors qu’une population a accès à l’eau et à la douche quotidienne.
  • Lorsque l’orifice est trop étroit, l’érection peut devenir douloureuse puisque le gland ne peut pas se gonfler entièrement parce qu’il est coincé par un anneau prépucial trop petit et qui n’est pas assez extensible.
  • Forcément, si l’hygiène du pénis n’est pas bonne, les chances de développées de maladies sont plus grandes. Ce sont les MST. Puisque le pénis circoncis est plus hygiénique, il est aussi recommandé de circoncire pour être moins transmissible de MST.
  • L’épidémie de Sida à travers le monde a véhiculé également des contre-vérités. Il est faux de dire que le virus du sida se répandrait et se transmettrait plus aisément chez les hommes non décalottés que chez les hommes circoncis. Des médecins ont répandu ces dires en Afrique, sur la base de l’hygiène face aux MST, alors que l’OMS n’a jamais pris cette position erronée.
  • Les cas de VIH seraient, selon des études récentes sérieuses, notamment aux USA, moins fréquents chez les sujets circoncis. De même pour le cancer du gland.

La première dodécennie du XXI° siècle semble commencer à réfléchir à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur sans réaction des communautés médicales et sans souci du cadre juridique des grandes démocratiques. Cependant, grande première, Il y a quelques années, une revue médicale allemande s’est interrogée sur l’opportunité de freiner la circoncision des enfants dans l’Allemagne réunifiée. Un tribunal a confirmé la désapprobation publique.

  • Raison plaisir

La notion de plaisir sexuel est propre à chacun dans son intimité. Cependant il existe des constats épidémiologiques hospitaliers qui révèlent des différences selon que le pénis est circoncis ou non. En effet, la circoncision est parfois pratiquée chez les adultes.

On peut en effet choisir à l’âge adulte de se faire circoncire pour accroître le temps du plaisir lors de l’accouplement. En effet, des hommes, à éjaculation précoce répétée, choisissent l’intervention chirurgicale et la libération du gland hors de la peau puisque de toute évidence la perte de sensibilité accroit la durée de la copulation pour attendre la phase finale.

Ces interventions « plaisir » confirment que la question de la circoncision n’est pas neutre du tout et qu’elle devrait faire partie des choix possibles d’un adulte et non demeurer une mutilation définitive imposée aux enfants par leurs parents.

La prise de conscience se confirme au fil des ans chez les juristes allemands, en avance également sur la définition des genres. Fin juin 2012, un Tribunal de Cologne a surpris tout le monde en condamnant un médecin qui avait raté un acte de circoncision sur un enfant musulman de quatre ans, d’avoir porté atteinte au « droit fondamental » à l’intégrité physique d’un enfant.

Le Conseil de coordination des Musulmans d’Allemagne s’est élevé contre cet arrêt risquant de faire jurisprudence alors que la circoncision des enfants musulmans et Juifs roule depuis des millénaires à travers le monde ! Être contre la circoncision, ce n’est pas être contre une religion.

Ma foi ! regardez les choses en face.

Couper un bout du pénis d’un garçon c’est comme couper le clitoris des filles !

Il serait temps de mettre fin à des millénaires de pratiques barbares qui n’ont souvent comme légitimité que des aspects occultes ou religieux, sans aucun fondement avec des préceptes qui auraient un sens ou même simplement une base théologique.

Les Juifs sont la plus ancienne civilisation qui pratique et véhicule cette ablation sur tous les garçons dès le plus jeune âge, non seulement sans leur demander leur avis, mais aussi sans autre fondement qu’une marque physique qui permet de se reconnaître d’une même famille ayant les mêmes pratiques. Rentrer dans un clan.

La perte d’une zone érogène, l’une des plus directement liée au sexe et au plaisir de l’accouplement, est une chose odieuse que les garçons circoncis ne connaissent pas. Et pour cause.

Outre ce point, la perte du glissement du pénis est aussi un facteur mécanique qui entrave les actes sexuels quels qu’ils soient. Il est pourtant un élément fourni par la nature et qui a sa raison d’être. On retrouve d’ailleurs cette faculté chez la plupart des mammifères sans que personne n’imagine de … couper quoi que ce soit. Les hommes sont encore des sauvages.

Le gland dégagé du prépuce vieillit plus vite. Par un phénomène de kératinisation, il perd peu à peu sa qualité de muqueuse et développe une simple « peau » qui le protège (puisqu’on a ôté sa protection !). Il y a un phénomène de perte progressive de sensibilité du gland dès lors qu’il n’est plus couvert. Le gland devient sec et rugueux. De plus, il sera, selon les coutumes vestimentaires de chaque pays, frotté sans cesse par un vêtement ou un sous-vêtement, et il perdra sa sensibilité et l’érection ne fonctionnera plus avec les mêmes moteurs.

Cette perte de sensibilité conduit aussi parfois les jeunes garçons circoncis à placer leur pénis entre leur jambe, tourné vers l’anus, comme pour éviter le frottement d’un vêtement ce qui conduit celui-ci avec le temps à se courber de manière non naturelle, dans un sens inverse de celui de la nature et peu propice à la qualité de la pénétration lors de la copulation (la courbe de la banane s’inverse).

La pénétration d’un pénis circoncis peut s’assimiler à un pénis protégé par un préservatif. La perte de sensibilité est évidente. La femme peut en souffrir et perdre en partie ses sécrétions vaginales, ce qui rend alors l’acte sexuel plus difficile et conduit à des orgasmes tardifs assortis de douleurs.

L’ESPOIR

Une étude américaine de 2007 vient renforcer nos observations et nos connaissances sur le sujet (Chercheur Sorrells). Une autre, danoise, sur les conséquences de la circoncision sur les rapports sexuels confirme que l’acte d’amour n’est pas le même, tant pour les hommes que pour les femmes.

Fin juin 2012, un Tribunal de Cologne en Allemagne a surpris tout le monde en condamnant un médecin qui avait raté un acte de circoncision sur un enfant musulman de quatre ans, d’avoir porté atteinte au droit fondamental à l’intégrité physique d’un enfant.

Le Conseil de coordination des Musulmans d’Allemagne s’est élevé contre cet arrêt risquant de faire jurisprudence alors que la circoncision des enfants musulmans et juifs roule depuis des millénaires à travers le monde sans que personne ne s’en insurge ! Dans les pays civilisés, on progresse quand même,

même si ces pratiques demeurent !

*

Il serait temps de mettre fin à des millénaires de pratiques chirurgicales barbares ! Elles n’ont souvent comme légitimité que des aspects occultes ou religieux, sans aucun fondement avec des préceptes qui auraient un sens ou même simplement une base théologique.

Les sociétés occidentales d’aujourd’hui ne peuvent plus justifier la pratique de la circoncision uniquement pour des raisons sanitaires ; ça suffit.

Les Juifs pratiquent cette ablation sur tous les garçons dès le plus jeune âge, non seulement sans leur demander leur avis, mais aussi sans autre fondement qu’une marque physique corporelle qui permette de « se reconnaître » d’une même famille ayant les mêmes pratiques … dont le pouvoir matriarcal n’est pas près à se défaire.

Aujourd’hui où les fous de dieu du Jihad n’ont plus la même vision – le sens de la vie et de la mort – que le reste des humains, particulièrement dans les pays en guerre, allez donc tenter de leur enseigner ceci : préserver un petit bout de prépuce et se garantir à vie du plaisir.

Impossible.

De plus, les puissants de ce monde, et les oligarques, et les mollahs, sont peut-être en grande majorité eux-mêmes circoncis ! Tradition oblige. Comment un circoncis peut-il comprendre le présent texte et connaître réellement le problème soulevé puisqu’il ignore tout de la sensibilité d’un gland-muqueuse ?

Le seul argument médical qu’ils peuvent invoquer est que l’absence de prépuce réduit fortement le risque de transmission de maladies sexuellement transmissibles. C’est le discours abscons des médecins bien peu courageux, à tendance archaïque, que l’on répète à souhait depuis l’invasion du HIV dans les pays développés.

N.B. : Il reste une recherche à entreprendre dans le lien entre circoncicion et insatisfaction sexuelle et … violences. Pourquoi pas dans les prisons.

Il pourrait (c’est une intuition !) y avoir un rapport entre le crime et le sexe masculin qui ne parvient pas à jouir. Parmi les violeurs condamnés et emprisonnés, combien sont-ils circoncis ? Voici une étude possible à réaliser dans les pays occidentaux si m’adminitration le permet. En effet, lorsque le pénis ne parvient plus à jouir, le cerveau ne peut-il pas « se dérégler » en vue d’y parvenir, jusqu’à la violence. Et l’on sait que la répétition de la violence conduit à la criminalité. Que des étudiants dans différentes branches se saisissent de la question !

La proportion de condamnés circoncis (pour actes de viol ou de violence) pourrait être parlante en terme de statistiques si l’on décomptait systématiquement la circoncision dans les prisons des pays où la circoncision n’est pas répandue. Facile d’ailleurs techniquement à l’entrée des détenus qui sont déshabillés à l’entée des lieux de détention. Statistique manquante et peut-être parlante pour les analystes.

Si cela s’avérait révélateur il serait possible de penser qu’avec moins de circoncision, il y aurait peut-être un peu moins de violence. Le débat s’ouvrirait enfin !

Hommes de tous les pays, « sortez couverts ».  »

Couvrez » vos garçons avec leur peau naturelle et dénonçez ce tabou et cette pratique inacceptable et inculte qu’est la circoncision. Ne perpétuez pas ce crime.

Jean Morel de Froissart

Surgery

Je ne souhaite à personne cette opération. Sauf peut-être à mes ennemis (oui, deux ou trois ! ceux de la poutre dans l’œil). En effet, ce n’est pas si bénin que cela. On va vraiment mieux après que pendant…

L’ouverture par un chirurgien d’un œil endormi par d’horribles piquouses, je connaissais et c’est très impressionnant. Quant à l’ouverture à vif … ce n’est pas du gâteau, je vous assure !

Je m’étais très bien préparé psychologiquement ces derniers jours et les heures qui précédaient et je me suis présenté à l’hosto bien détendu après une petite séance piscine le matin et le remplissage de mon frigo avec les meilleures choses qui peuvent tenir un siège de courte convalescence. Prise de sang faite, je me rassasiais allègrement puis je rentrais dans le processus de prise en charge trois heures avant l’opération. L’attente à la thaïe, avec fauteuils moelleux, petite musique d’ambiance, nurses délicates et prise de gouttes, complètement à l’œil, toutes les 20 minutes, s’était même comblée d’un inattendu massage des pieds dont je ne vous dirais pas le plus grand bien puisque nous nous sommes mis peu à peu à chanter a capela, discrètement sur la pointe des pieds, avec ma charmante masseuse (pour une fois que ce n’est pas ma sœur !) qui connaissait mes chansons thaïes favorites.

L’entrée dans la salle d’attente opératoire était déjà plus impressionnante avec, à mes côtés, cette enfant qui criait une heure plus tôt et que l’on avait du endormir pour l’opérer. Je la voyais (d’un œil !) sous oxygène… lorsque ma civière roulante se mit en marche pour ne s’arrêter que sous les sunlights ! Les cadeaux ne se comptaient plus sur mon œil baignant dans je ne sais combien de substances. On me parlait thaï – sans doute un coup de la masseuse qui avait crée une fuite ! – et je n’y comprenais que dalle sauf que j’ouvrais et fermais la pauvre paupière droite à chaque ordre des personnes qui me tournaient autour et que je ne pouvais voir ; pendant qu’on me prenait une xième fois la tension du gros orteil jusqu’au bras gauche !!!

Le Doctor Sombath, chirurgien émérite de l’Hôpital Rutnin de Bangkok, celui qui me suit aimablement, … des yeux, depuis trois ans, arriva enfin caché derrière son masque, et tout en brandissant les instruments que j’imaginais, me dit courtoisement : « Cher Monsieur, il va vous falloir maintenant méditer pendant quelques minutes ». C’est ce que j’essayai de faire. Mais dites, méditer sur quoi dans ces circonstances ? Certes, je pensais bien à la bouteille de vin que j’allais ouvrir si je me sortais de là sans antibiotiques, mais, dès que le zinzin se mit à ziziner pour m’ouvrir l’œil et m’en retirer la pupille, je ne pouvais plus penser qu’à ceux que j’aimais, oubliant tous les autres. J’essayais de les compter, il n’y en avait pas beaucoup. Quelques-uns venaient même de disparaitre à mes … yeux, si je puis dire.

Franchement, j’ai même du me répéter deux fois la liste pour tenir le cou. Le temps semble bien long, me dis-je, en maugréant, alors que mon souffle devenait plus court et risquait de mouvoir mon être jusqu’au cou.

Du coup, je ne regardais plus trop mon œil qui, fixant le soleil prochant, souffrait de toutes part, Sombath me répétant sans cesse de ne pas bouger. Enfin, c’est ce que j’ai interprété d’un mot anglais qu’il martelait et que je ne comprenais pas… Puis j’eus un peu mal et là je me dis que j’avais du bouger, le bistouri avait du déraper, puisque mes jambes se rabougrissaient et mon gros orteil se rapprochait du bras que ne cessait de se gonfler… ? Angoisse. Sans doute avait-il raté l’ouverture où il allait insérer une nouvelle lentille qu’on ne m’avait pas montrée et qui risquait de changer mon regard ? L’ignorance est bien une souffrance…

Je méditais de moins en moins sur la séduction que j’allais perdre, après tant d’années de succès aveuglant. Sombath était en train de perdre tout de mon crédit ; et moi aussi d’ailleurs, du fait que la maison n’allait pas tarder à m’apporter une facture salée … Cela me semblait long et je fis le rapprochement entre « tortue » et « torture ».

« Don’t move  … almost finished … I Check it, now ! ».  Le grand opéra …

Encore une fois la tension ? J’étais à moitié en transe, lorsque je sentis mon orteil se libérer. Le docteur sur le point de disparaître reprenait une concluversation en thaïe, inélégante à mon endroit. Alors que mon lit roulait à nouveau, je me dis : « Il me prend au mot, le chirurgien s’est thaillé ».

C’est alors que, sans embage, on voulut me faire descendre du lit roulant. J’étais sous le choc, avec une coque en plastique collé sur mon œil droit. Je me souviens d’avoir tapé sur l’épaule de l’assistant blouse bleue pour le remercier. Et pris la direction de la main d’une infirmière que je ne voyais pas. Voyais-je ? Voyais-je ? Ou bien avais-je perdu la vue ?

C’est la première fois d’ailleurs que je demandais la main d’une autre ! J’étais comme saoul. Je ne voyais plus clair. Mes deux yeux se fermaient dès que je voulais les ouvrir. L’un marchait sans l’autre ? Je clignais de l’œil à qui peut mieux. A l’arrêt, j’approchais un mur que je soutenais. Et c’est une fois dans le bon fauteuil que de quelques larmes coulèrent, d’abord j’ai vu passer larme à gauche, puis vint celle de droite et là je me dis que j’avais sans doute toujours mon œil opéré. Oui, « une larme sur ton visage » indique bien que tu as un œil de ce coté-là (la crymal !).

Il m’a fallu une petite heure, un verre d’eau, quelques bonbons (j’appris « louk-hom » en thai ) pour me remettre, rentrer en taxi, boire mon vin et dormir d’un œil avant de retourner à l’hosto ce matin. Contrôles. Doctor Sombath est content de lui !

Dans ces conditions, moi aussi. D’ailleurs, ma vue sans coque s’améliore d’heure en heure. Et je vous écris…

Interdit de douche et de piscine, pas de virée à la mer, pas d’avion, que vais-je faire avant de retourner dans deux semaines à la visite de contrôle ? Encore méditer ? Mé di té ra née …, mon doux visage ensoleillé …

J’M         (2013)

Qui est donc FROISSART ?

Qui est ce Froissart ?

Est-ce un nom d’emprunt ?

Forcément, il y a une majorité de lecteurs de ce Blog (5000 seulement !) qui ne comprennent pas pourquoi le nom de Jean Morel apparaît associé à un certain … Jean de Froissart !

– Tout simplement parce qu’ils ne connaissent pas ce personnage éminent, JEHAN FROISSART, qui fut natif de Valenciennes en France ! Plus même les amis ignorent même que ce nom remonte à mon passé (ma prime jeunesse) et à ma région d’origine, le Hainaut !

Ce nom est surtout né de la période historique appelée Moyen Âge au quatorzième siècle (et non pas de moi qui suis bien du … vingtéunième !).

Ah ! La bonne Ville de Valenciennes !? Ce n’est pas Paris. Certes, à bien y regarder, les deux villes ont à peu prés la même forme, le même dessin de structure urbaine (!), la Seine en moins, puisque l’Escaut, canalisé à Valenciennes, est quasi extérieur à la ville bâtie sur son affluent la Rhônelle (petit Rhône ?). Nous avons les mêmes boulevards circulaires, situés en somme sur les anciennes fortifications de Vauban. Et les mêmes canaux intérieurs…

Cependant, mis à part la taille sans commune mesure avec la Capitale, à Paris figurent les noms des Maréchaux de Napoléon, glorieux en guerre mais bien souvent, à quelques exceptions près, moins glorieux dans Paris ou loin des champs de bataille.

Ah les marais chauds ! Nous, les Valenciennois, nous sommes fiers d’avoir à chacun de nos boulevards le nom d’un grand artiste né dans la capitale du Hainaut et qui fait la gloire de la Ville depuis … Jehan Froissart et même le XIV ième siècle !

C’est autre chose que des guerriers corses ou parisiens dits « napoléoniens » !

Cette situation rélève d’une culture profonde née d’une « Ville franke », longtemps libre, aux mains des Comtes de Hainaut, dans le giron du Roi d’Espagne, à travers les Pays Bas du Nord et seulement rattachée à la France il y a trois petits siècles par l’affreux Roi Soleil Louis le Quatorzième. Affreux pour Valenciennes puisqu’il assiègea la ville et nous assujétis.

Valenciennes, capitale du Hainaut français (sa ville sœur, Mons, est en Belgique), ce devrait être le Monaco du Nord. Une  » Ville franche  » et hennuyère ! Qu’importe que nous ne soyons pas devenu une vraie principauté (notre Maternité s’appelle pourtant bien Monaco, j’y suis né ! un peu monégasque, comme le Ministre Darmanin !) et qu’il nous manque maintenant plusieurs boulevards pour parvenir à caser tous nos grands hommes (il est vrai peu de femmes, sans doute méconnue !).

Nous sommes pas mal connus sur nos boulevards : Froissart, Carpeaux, Watteau, Eisen, Harpignies, Pater, Hiolle, et tant d’autres prestigieux grands prix de Rome qui ont fait de Valenciennes une cité des Arts (visitez donc le nouveau jardin public des Prix de Rome) à qui l’on prête depuis des décennies le titre prestigieux de :  l’Athènes du Nord !

Pourquoi n’aurions-nous pas aussi un musicien dans ce florilège puisque nous avons une prestigieuse Académie des Beaux-arts, située rue Ferrand, qui répond à tous les critères d’un lieu unique de création artistique et que la musique est dans les tous premiers rangs de nos fiertés. Pour avoir chanté (Petits Chanteurs de Pierre Moreau) dans les chœurs de Maître Eugène Bozza (compositeur du Chant de la Mine, interprête de Carmen, … !), au siècle dernier, je serai disposé à ouvrir un nouveau boulevard à celui-ci. Sans compter que nous avons une avenue et un stade Nungesser dont nous ne sommes pas peu fiers et un monument à Nungesser et Coli. Le Stade rénové ayant pris le nom de Stade du Hainaut, la tribune populaire garde le nom Nungesser.

Jehan Froissart est le premier d’entre nous, de façon chronologique. Même si le Cantilène de Sainte-Eulalie, le plus vieux poème revendiqué par les Français « de langue française médiévale », se trouve bien dans les Archives de la Ville de Valenciennes.

C’est Jehan Froissart qui fait figure de premier grand historien, premier chroniqueur de l’époque. Presque un des premiers « journaliste de son temps », le temps de la Guerre de Cent Ans, alors que Valenciennes était une ville franche, une ville de foires, non rattachée au Royaume de France situé plus au Sud.

Ecrivain chroniqueur (après lui, Georges Chastelain et Jean Molinet également à Valenciennes, berceau du journalisme français !), il nous a laissé un grand nombre de « Chroniques » qui nous permettent de suivre des récits chevaleresques dans la langue de l’époque de la guerre de Cent ans.

Clerc, aimant la vie et les plaisirs, poète, Jehan Froissart a inspiré bien des Valenciennois de plume avant de se retirer dans une abbaye (ah, pour l’amour de la bière et du fromage ?). Il m’inspire depuis mon enfance.

Jean, mon prénom porte un « e » qui ne sert à rien, lui aussi. Avant Jean, Jehan portait un « h » qu’il a logiquement perdu avec l’évolution de la langue française. A quand la suite pour abandonner mon « e » ? Il est vrai que dans le pays-bas de Valenciennes JAN, orthographié en trois lettres, serait vite prononcé « ianne » comme en Hollandie ! Alors gardons Jean et pas Jan comme j’aimerais – même si les anglophones m’appellent naturellement « gin » !

En fait, sans la moindre prétention, j’essaie de me sentir comme dans la continuité de celui que j’ai côtoyé dans mon enfance, en allant jouer au Square Froissart, à faire courir mon chien, et à rêver, sous les yeux d’un fort joli monument dédié au chroniqueur (photo ci-dessus). Cela s’arrête là, bien sûr. Osons.

De plus, mon ancêtre concitoyen J(eh)AN FROISSART était devenu Chanoine de CHIMAY, ce qui n’est vraiment pas pour me déplaire (l’Abbaye de Chimay, encore tout un programme de nos jours!) puisqu’il a fini dans la bière avant d’être enterré je ne sais où vers 1404.

JMDF / 2000 / 2020

Le genre qui nous dérange

De toute évidence, il y a deux sexes pour l’humanité entière et la reproduction de celle-ci semble (r’) assurée.

L’auteur s’interroge sur l’existence possible d’un troisième sexe. 

L’analyse le conduit à observer des comportements sexuels qui, à travers différentes civilisations, conduisent la nature des êtres vers la diversité. A la recherche d’une définition du « genre » humain, c’est la multiplicité des genres qui se révèle. Le sexe déterminerait t’il vraiment le genre ? Les genres relèvent-ils de choix ou sont-ils la résultante d’effets de la nature ou des effets conjugués des pressions sociales, philosophiques et religieuses ? 

L’approche sociologique et les études biologiques connues ne se rejoignent pas dans l’analyse du naturel, du plaisir, de la perception sociale de la différence. 

Dans diverses sociétés, ou plus ou moins conscientes, à travers un monde disparate, cette question apparaît complexe (un peu moins en Thaïlande qu’ailleurs ?). Puisque l’anormal dérange, l’issue ne peut qu’appeler à la tolérance envers ce qui « est » et qui n’est pas conforme, jamais de la vie, …  au « moi ».

J’M

Texte à suivre / 2011

Sexe des Anges

Le genre qui nous dérange

De toute évidence, il y a deux sexes pour l’humanité entière et sa reproduction ainsi rassurée par accouplement. L’auteur s’interroge sur l’existence possible d’un troisième sexe. 

L’analyse, la réflexion et l’expérience, le conduisent à observer des comportements sexuels qui, à travers différentes civilisations, font apparaître la nature des êtres humains vers la diversité. A la recherche d’une définition du « genre » humain, c’est la multiplicité des genres qui se révèle peu à peu objectivement.

Le sexe déterminerait t’il vraiment le genre ? Les genres relèvent-ils de choix ou sont-ils la résultante d’effets de la nature ou des effets conjugués des pressions sociales, philosophiques et religieuses ? 

L’approche sociologique et les études biologiques connues ne se rejoignent pas dans l’analyse du naturel, du plaisir, de la perception sociale de la différence. 

Dans diverses sociétés, ou plus ou moins conscientes, à travers un monde disparate, cette question apparaît complexe (un peu moins en Thaïlande qu’ailleurs ?). Puisque l’anormal dérange, l’issue ne peut qu’appeler à la tolérance envers ce qui « est » et qui n’est pas conforme, jamais de la vie, …  au « moi ».

J’M

Texte de 2011 à suivre, je ne parviens pas encore à l’insérer ici. En cherchant bien vous pouvez le trouver … !

De Valenciennes à… Phnom Penh !

L’ITINERAIRE D’UN « JAN-FOUTRE » PLUTÔT SERIEUX

Premier chapitre, première vie :

LA JEUNESSE A VALENCIENNES

(initié avec J. Leclercq)

Ayant bien peu connu mes grands-parents, mes parents sont le modèle de mon enfance. Mon père Robert et ma mère Jeanne avaient quelque ambition pour leurs enfants et la marche de leur petit commerce était tournée vers cette seule réponse.

Nous sommes trois enfants nés au 53, Avenue de Villars (sur la route de la maternité de … Monaco !) et nos parents disposaient d’un stand provisoire, puis d’un magasin acquis Place Saint-Jean en centre ville. Pas de voiture, nous étions très bien habitués à marcher. Toute mon enfance est marquée par les péniches et les trains à vapeur sous le pont Villars… lorsque nous traversions le premier pont vers la ville, l’Escaut, et surtout par les cheminées de locomotives bruyantes sur le pont suivant. Lorsque la fumée était blanche, je courais pour disparaître dedans. Noire, notre mère nous retenait par la main, le temps que le train passe…

Ces années-là, mon père, « chemisier-mercier », comme il disait de son tout petit magasin, devait toucher enfin des dommages de guerre puisqu’il avait tout perdu « deux fois » tous ses biens après les deux guerres, rappelait-il souvent. Nous grandissions Brigitte, ma sœur ainée d’un an et Françoise, ma sœur cadette d’un an, dans un foyer relativement paisible et chrétien. Nous attendions le moment d’être un peu plus riche et nous apprenions tous les cinq à faire des économies avec le quotidien qui n’était pas si pauvre que cela. Quand on ne connait rien d’autre, on se contente de ce qu’on a et l’on joue même avec un bouchon de liège ou un coquillage qui fait rêver… Une enfance humble, calme, paisible, sur un foyer un peu refermé sur lui-même à la mort de nos grands-parents.

Nous avions bien une tante côté paternel mais elle avait disparu avec un … prêtre, ce qui ne se faisait pas dans la famille où notre grand-oncle était archiprêtre à la Cathédrale de Soissons. Un oncle, Emilien, fonctionnaire des « indirects », comme ils disaient, que nous voyions à chaque fois qu’il se mettait à boire, dès qu’il se sentait malheureux avec sa Germaine à qui il avait fait quatre beaux enfants que nous ne voyions jamais alors qu’ils vivaient dans la même ville et le plus jeune Yves, dans le même collège que moi.

Notre mère ne nous le disais pas, elle avait souffert, elle-aussi, d’un père qui travaillait dans la bière valenciennoise (Val, à la tour Baré !) et rentrait parfois « chaud » après le travail au grand dam de sa femme Louise. Il était pourtant chauffeur de voiture à cheval de la brasserie, faisant les livraisons, et peut-être pas directement brasseur lui-même. L’autre grand-père, non connu, étant vannier de père en fils. Nous sommes des enfants de petits commerçants-artisans, et des enfants d’après-guerre …

A cause de la guerre, nos parents, résistants, n’étaient pas un jeune couple puisqu’ils s’étaient connu dix ans avant de se marier ! Néanmoins, ils aspiraient à la modernité en fonction de leurs moyens limités. Pas de voiture, pas de machine à laver et pas de … télé ! Le téléphone n’en parlons même pas. Pas même de vélo jusqu’à mes 14 ans, le seul cadeau de mon parrain René, mais quel cadeau qui changeait ma vie et faisait que mes parents m’autorisaient à sortir.

Mais alors la radio ! Oui, nous écoutions la radio sans cesse, à s’en accrocher les oreilles… pour suivre les feuilletons de Zappy Max.

Notre horizon avait changé avec un déménagement de l’avenue de Villars vers la Place Saint-Jean, dans le centre ville, entre rue de Paris et rue Saint-Jacques. Fini le jardin. Plus de pont à franchir, mais la proximité du centre avec son trou immense de la Place d’Armes que l’on avait creusé après les destructions de l’après-guerre … Bien avant le trou des Halles, nous avons connu celui de Valenciennes pendant plusieurs années de reconstruction. Le mieux c’était le marché flamboyant sur la place du Marché aux Herbes, deux fois par semaine, devant la grand’poste. Quel bonheur de découvrir la vie, l’explosion des producteurs de la campagne valenciennoise, vite concurrencés par ceux venus du Cambrésis et de l’Avesnois. Quel bonheur de s’arrêter en revenant de l’école écouter les bonimenteurs…

Le centre ville c’était aussi la proximité du Conservatoire, rue Ferrand, où nos parents nous voulaient musiciens ! Moi aussi. J’aimais la guitare et le piano. Le piano, pas question, pas de place à la maison. La guitare, j’en achetais une à la Braderie mais je découvrais que pour un gaucher, mettre les cordes à l’envers, ça ne donne rien. Oui, gaucher, même si des maîtresses m’avaient tapé sur les doigts pour que je change de main… A cette époque, je faisais bien des choses à l’envers. Avec le recul, je me dis que c’était un trait « nature » de caractère. Cela dure. Sauf que je suis ambidestre.

Aux Académies, je découvrais le maître Eugène Bozza. Cependant le professeur me confia un hautbois décourageant. Je passais des mois avec une anche à essayer de sortir des sons.  Apprendre le solfège avec Madame Panel ou devenir enfant de chœur à l’Eglise Saint-Nicolas ? Panel et son piano sonnaient mal à mes oreilles non averties des croches et des clef de fa.

Alors, j’optais pour l’aube blanche dès l’âge de dix ans car je rêvais de partir à Lourdes comme on rêve du bout du monde. Déjà les voyages ? Le rêve de miracle, comme un début d’aventure. Ce fut fait. Me voilà enfant de choeur à Saint-Nicolas.

Mon premier vrai voyage : avec les enfants de chœur. J’étais le plus jeune d’entre eux. Tout le monde m’aimait. Et une nuit dans un train, bien sûr… Lourdes et Gavarnie qui me marquait pour toujours.

Nos parents m’ont laissé partir alors que … je faisais encore parfois pipi au lit ! Je n’en reviens toujours pas.

Ah, la beauté du site de Saint-Nicolas, les statues, les vieux tableaux, les grandes orgues, l’ambiance, le petit couloir secret … La musique aussi. Les chants. J’attendais tout l’année le « Minuit chrétien » de la nuit de Noël où la voix du ténor comme venant du ciel me donnait des frissons.

L’impression d’être sur scène aussi dans le choeur tous les dimanches. Et puis sourire de mes regards sur les langues tendues des gens venant à genoux recevoir la communion. Les sonnettes, j’adorais déclencher les têtes se baisser puis se relever avec ma belle quadruple sonnette. Et puis, je découvrais le goût du … vin de messe !

Et de chœur en chœur, je suis devenu un « Petit Chanteur de Valenciennes », avec Monsieur Pierre Moreau qui m’a appris à chanter. Je n’étais pas sûr de moi lorsque je commençais, ensuite non plus. Il me fallait une voisine qui chantait bien, alors je chantais comme elle en harmonie. Mais quand lorsque le père Moreau fermait, d’un grand geste de chef d’orchestre, la dernière note d’un morceau, une ambiance de bonheur me faisait battre le coeur. L’impression d’une oeuvre accomplie.

D’autres voyages ont suivi, comme petit chanteur. La découvertes des orchestres, des timbales et des cimbales … Le « Chant de la Mine » d’Eugène Bozza. C’est nous « les enfants de Valenciennes »… Puis chanter « Carmen » à l’Opéra de Lille avec tant d’applaudissements, à Bruxelles, et recommencer en nocturne au Parc de la Rhônelle devant les Valenciennois. Le sentiment excitant pour une première fois que je sortais … de nuit.

J’aimais le spectacle que je découvrais. Merci papa, merci maman.

Plus tard d’ailleurs, à 17 ans, ils me laisseront partir en Italie en … auto-stop, tout seul. Je ne faisais plus au lit depuis longtemps mais je me faisais draguer par quelques playboys descendant vers Rome au volant de belles voitures. On croit rêver. Mais c’est bien là que les aventures naissent… comme le jour où j’ai sauté en marche tellement j’étais coincé ! Des heures dans des camions à découvrir les régions, les routes et la nature. Et parfois passer son temps agréablement à aider des routiers à décharger leur cargaison pour dormir derrière ensuite derrière leur siège…

Faute de fréquenter nos cousins germains Caron, nous avions une famille amie, les Giraud. Les deux couples avaient décidés ensemble de choisir les écoles religieuses, Sainte-Marie pour les filles et Notre-Dame pour les garçons. Famille donc qui nous ressemblait avec des enfants presque des mêmes âges. Jean-louis et Philippe Giraud, furent mes premiers éphémères amis. En effet, alors que nous allions souvent, Chemin des Alliés, le long des voies de chemin de fer, jouer et partager un goûter dans la maison SNCF qui les abritaient, nous avons un jour appris brutalement par nos parents … leur départ pour la région parisienne. Première petite peine.

Parfois, le dimanche, jour de fermeture du magasin MOREL, devenu Chemiserie-Lingerie MOREL, avait t’on peint sur la façade relookée, après la messe et la volaille du dimanche, nous prenions en famille le même chemin longeant le vieil Escaut où je jetais à chaque fois une sorte de petit radeau soigneusement préparé depuis la veille avec carton et bouchons, et parfois une bouteille avec du carton des flotteurs en liège, portant un message secret… Voguent mes rêves vers d’autres rives. La maison des Giraud laissée sur notre gauche, nous sautions joyeusement les traverses du train sur la partie droite de la chaussée qui menait au … terrain de la Soie. Ce fut sans doute mon premier sport, le saut de traverses. Déjà j’aimais les aiguillages et sans mon père, j’aurais sans doute toujours essayé de changer les voies… Ah, changer le chemin de faire… !

Au « 3, place Saint-Jean » à Valenciennes, devenue rue Saint-Jacques après la construction de l’immeuble de la Quincaillerie Teilliez (devenue en 2000 une banque), la vie s’écoulait, pour le petit garçon que j’étais, sans histoire ou plutôt avec beaucoup d’histoires de gosses. Nous étions une famille de trois enfants comme cela était monnaie courante dans la France des années soixante. Nous avions la carte « famille nombreuse » et nous en entendions parler à la caisse à chaque fois que maman faisait des achats.

J’étais « le garçon » et j’ai en résonance de ces années-là les reproches incessants de mes deux sœurs liguées contre moi et le verdict de nos parents à chaque petite dispute. Quelques bagarres au jeu de dès, de cartes, au Monopoly. Néanmoins une enfance d’amour tranquille. Jamais d’ennui. Je commençais des collections (boites d’allumettes, bagues de cigares, timbres, pièces de monnaie ancienne). Et mes sœurs et moi aimions colorier des coquillages.

Parmi les enfants de chœur, je me suis fait de vrais amis, notamment parce qu’on se retrouvait tous les jeudis pour aller jouer au foot ! Parmi les sages, Jean-Louis Liétard, fils du prof de Wallon et futur Trésorier de la Ville, et le plus drôle, … Pierre Rémy, dont le père était garagiste avenue du Sénateur Girard et possédait un abonnement dans la tribune de fer du Stade Nungesser.Le plus inépuisable avec moi était Jacques Leclerc, pas enfant de choeur mais un collègien.

La page football à Valenciennes allait s’ouvrir. VA pour les connaisseurs, fait partie de toutes les vies de cette époque, et donc de le mienne. Je suis né de ma vie sportive là, à travers le père de Pierre. Rémy, comme le café ? Oui, c’est d’ailleurs la même famille. Comme le café Raverdy, mon copain du premier cycle. Chez nous, le café était belge. Nous prenions le tramway pour aller l’acheter en Belgique. Chaque enfant un paquet dans la poche, ma sœur aînée s’en souvient qui était toujours la seule à se faire choper… par la douane.

L’USVA, Union sportive Valenciennes-Anzin (plus tard VAFC !), caracolait en tête de la Division 1 nationale, excusez du peu ! et les gamins nourrissaient pour ce sport une passion, oh combien plus saine qu’aujourd’hui. Il est vrai que l’argent n’avait pas encore pourri le football. Madame Van der Meulen, notre grand-mère amie, bien plus âgée que le club de la ville, et dont les ancêtres et les  fils étaient des peintres connus dans le Hainaut, et au-delà, passait tous les jours voir mes parents à la boutique. Le plus souvent boire un café dans l’arrière-boutique. Elle me taquinait en rigolant : Tu connais pas Waggi ? Vas-y Waggi, vaz-y Waggi ! Avant même de jouer dans une équipe de football, je connaissais le nom d’un attaquant de VA. Avais-je donc quelque chose de latent ou avait-elle une sorte de prémonition pour me parler comme à un futur petit footballeur.

J’avais 12 ans, un soir le père Rémy qui était d’une carrure imposante, a pris les deux garçons fluets que nous étions, Pierre et moi, de chaque côté de lui à l’intérieur de son imperméable. Le contrôleur ne fut pas dupe ou alors il n’avait pas baissé les yeux pour entrevoir les six jambes du père Rémy ! C’est comme cela que j’ai assisté à mon premier match. La lumière du match en nocturne, les cris, les buts et les clameurs sont entrés à jamais dans mes veines. Le virus qui est entré en moi vient de ce VA-SEDAN, record d’affluence du Stade Nungesser. J’y étais.

Au Collège N-D, dont le Supérieur impressionnant me reçut avec mes parents dans une salle immense et si bien meublée que je m’en souviens comme d’un Palais, j’ai connu toutes les classes de Mademoiselle Lenne, agréable deux fois, quel bonheur, Melle Eberlé, Melle Thieulleux, et une autre, Mme Dequillage que je craignais et que je réussis à éviter, je ne sais comment. Les femmes déjà, il y avait celles que j’aimais et les autres dont je m’éloignais … !

Le plaisir d’aller au Collège à ce moment-là était de traverser le jardin avec son plan d’eau. Souvent mon père me conduisait le matin jusqu’à la grand’porte. Ensuite, le reste du chemin m’appartenait et j’en jouissais chaque jour. J’avançais doucement pour apercevoir un poisson, un oiseau, une fleur… J’en avais pour la journée. Et jusqu’au soir où je longeais le jardin dans l’autre sens, les yeux équarquillés mais, il est vrai, parfois beaucoup plus vite pour retrouver la rue.

Chez les grands, le Supérieur avait changé. L’abbé Desfossez qui était « surgé » était devenu le Supérieur, un peu moins hautain et plus cool que le précédent mais toujours énigmatique donc dangereux. Avec Pierre Rémy, ce fut comme passer à une autre école. Raverdy, Dupas jouaient déjà à la balle. Robert Dehon, mon voisin de la rue de Paris, me chambrait. Les profs m’impressionnaient. Les toilettes m’inquiétaient. En sixième, je souffrais avec les Maths du père Laurent mais aussi avec le latin, qui me semblait une langue bien étrangère et que je n’aimais que dans les églises, avec les grandes orgues qui me transportaient. Je n’étais pas prêt au latin. Tout autant que pour l’anglais… A m’en rendre malade, j’en fis une scarlatine, ce qui m’obligea à bifurquer vers la filière moderne, « M », l’année suivante ! C’est là que j’ai commencé à aimer cette lettre, initiale de mon nom de famille, à double sens,  et dont je ferai plus tard en Asie un surnom, … bien avant qu’un chanteur à la mode ne se l’approprie.

Et puis le temps du foot s’est développé avec un ami, de plus en plus proche de moi au fil des ans, Jacques Leclercq. Le foot c’était devenu tout le temps. A la récré, toutes les récrés. Au collège, ou PlaceVerte, ou au Stade de la soie.

Arrivé dans les classes secondaires, un joueur professionnel de VA, Guy Guillon, aillier gauche, spécialiste de la talonnade, est devenu notre prof de gym, en complément de Monsieur Fauquet. Il venait au Collège donner des cours de gym, sans doute pour augmenter ses revenus ….on croit rêver ! Ce fut très sympathique et nous savions que les séances de Guillon se terminaient toujours par une partie de foot et jouer devant lui redoublait nos efforts et notre plaisir.

Guillon doublait (driblait) en fait le prof permanent du Collège, Fauquet, qui était, lui, un gymnaste et m’a réellement appris à faire des pirouettes en salle et à courir. le demi-fond. Avec Jean-Luc, son fils, qui était dans notre classe, pas question de tricher sur le nombre de tours que nous faisions autour du Musée de la Ville. Le tour de la « Place verte ». C’est aussi lui qui m’encourageait à faire effort pour le saut de corde en ciseau, à tel point qu’un jour voulant lever la jambe montant vers la corde en élastique mon propre genou a cogné ma bouche et cassé une de mes belles incisives, changeant mon look pour quelques années. En fait, gaucher contrarié (ils m’ont forcé à écrire de la main droite, oui, quelle souffrance !), il aurait sans doute suffit de m’apprendre à sauter avec une autre jambe d’appui. Hourrah, je suis ambidextre pour tout et ambipédextre au football.

Notre quête du ballon rond se prolongeait parfois durant mes loisirs ou mes vacances dans la famille Caron, du côté de notre mère, dans le Pas-de-Calais. Fruges, Blangy-sur-Ternoise, Azincourt, Tramecourt, Bucamps, Ruisseauville le village de mon parrain, je connaissais toutes les rues de terre, les chemins, les pâtures et les rares estaminets possédant un « baby-foot » ! J’y ai découvert le café-geniève, le « gin » chti, que l’on ne refusait pas aux enfants lors des frimas de l’hiver : Allez, min garchon, rékauf-teu !

Nous faisions avec mes cousins d’interminables parties de « baby » , d’autant plus que c’était gratuit pour nous et que les petits paysans voulaient battre les gens des villes. Je voulais toujours jouer les « rouges », agrémentés sur le maillot du chevron blanc qui était l’emblème de l’USVA. Avec les bleus, je perdais. Respirant le grand air de mes vacances, j’aimais l’odeur du foin et de la bouse de vache et je me sentais bien avec mes cousins.

Je n’étais pas passé expert dans l’art de manipuler ces bonhommes de bois qui s’animaient sur une barre métallique en se passant la petite balle blanche qui rappelait celle du ping-pong, pratiqué dans la salle paroissiale de Saint-Nicolas les lendemains de kermesse, mais en plus lourd, ma passion pour le football a pris là son sens de « relation humaine » basée sur l’attention, le partage et le plaisir. On ne connait vraiment son copain qu’après avoir partagé une partie de baby.

Le foot est devenu quotidien du fait de la multiplication de courtes séquences au Collège, dans les cours de récréation. Se déroulaient, en simultané, de nombreux matches, compte tenu des différentes classes en récré à la même heure. Sur le même terrain, la cour, au moins trois matches se disputaient en même temps. Il y avait trois goals de chaque côté. Et pas de but. Des sacoches, des impers et des pierres bleues, la pierre du Hainaut, les poteaux du préau de l’autre côté.  Les Secondes, entre eux, ainsi que les Premières et les Terminales ! On se frottait pas mal et les plus jeunes tombaient…

L’une des cours du Collège était pavée de briques rouges et bordée d’arbres d’un seul côté. Les Troisièmes s’y imposaient par la force. L’autre était tapissée de grands carrés de ciment et surélevée de deux mètres par rapport au jardin. Comment faisions-nous pour nous y reconnaître, sans parler de ceux qui ne jouaient pas au foot, et qui forcément encombraient l’espace s’ils quittaient le préau, mystère et boule de gomme ! Sans doute la taille puisque nous grandissions selon la classe des âges … Jacques et moi, nous étions de la même taille mais plutôt petits. Dejonghe, Harpignies (mon voisin de la re Saint-Jacques) et Ballet-Baz à peine plus grands. Nous passions partout balle au pied, contournions les arbres mais surtout nous apprenions là à « passer » la balle. Le jeu collectif crée le plaisir de l’action commune conduisant au succès : « Oui, Yé but » !

Le visiteur qui s’aventurait dans la cour de récré, en en franchissant les marches, prenait des risques certains de se prendre « dans la gueule » une des ces balles en caoutchouc que l’économat vendait avec un succès permanent. Encore aujourd’hui je me souviens de certains buts marqués ! et je suis sûr qu’il en est de même pour Jacques.

Le football « réel » c’était de fait l’U.S.V.A. lorqu’il nous était donné d’aller au stade Nungesser regarder évoluer une des meilleures équipes de France des années 59 à 62 avec des joueurs talentueux comme Joseph Bonnel, Jean Claude Piumi, et le buteur Serge Masnaghetti.

Grâce à mon copain André Haustrate, un grand, mon voisin dans la salle d’études qui me torturais parfois gentiment les bras et les jambes, je rencontrais parfois Piumi et Provelli, la paire d’arrière-centraux, au café-tabac de la rue du Quesnoy. Je les regardais comme des dieux ? André, en Terminales, avait déjà une 2CV. Il m’a alors appris à conduire, under-age et clandestinement, sur la petite route de Sebourg qui n’était qu’un chemin de terre, avec des parties de vieux pavés, séparé des fortins de la dernière guerre par des fossés qu’il fallait éviter. C’est là que j’ai appris à sortir des lignes tout en évitant les fossés.

J’ai perdu André et aussi Bruno Grauls, mon ami enfant de chœur, dans les années suivantes. La mort me paraissait inconnue et je ne comprenais pas comment on pouvait perdre ses copains comme cela, si jeunes. C’est dans ces épreuves que j’ai complété mon sens du collectif avec une pensée solitaire (adolescence aidant) et que j’ai conservé par la suite mais avec cette volonté de croire que, moi, non je ne mourrai jamais ! Je me faisais immortel… pour de longues années ! Cette foi en soi acquise dans le sport et l’envie d’ailleurs m’a construit avec un côté aventurier. Plutôt… aventu-rieur.

La ville de Valenciennes, située non loin de la frontière du Nord avec la Belgique, fut au début du XXème siècle, une commune riche de l’activité industrielle, née du charbon et de l’acier (Usinor) et s’enorgueillissait aussi d’un passé culturel dans le domaine de l’histoire et des  arts avec Froissart, Watteau, Carpeaux et la dentelle de Valenciennes, elle-aussi installée rue Saint-Jacques. Forte de près de 50 000 habitants et de 300 000 avec sa conurbation, cette cité est l’exemple même d’un gâchis national dans la mesure où ses atouts ont été dilapidés par une incapacité bien française à gérer les forces en présence. Faut dire que l’on avait déjà raté la reconstruction du centre-ville quand on voit ce que … l’on a pas su refaire.

En 1989, à l’occasion de nouvelles élections municipales, avec l’arrivée d’un certain Jean-Louis Borloo, les choses commencèrent à aller mieux mais, entretemps, « la capitale du Hainaut » avait le triste privilège de compter parmi les plus grandes zones sinistrées de ce doux pays et sa population diminuait à vue d’œil. Même moi, j’étais prêt à partir, plus ou moins loin !

« Le collège » était, à cette époque, l’établissement qui abritait la progéniture mâle de la bonne bourgeoisie valenciennoise avec ses curés en soutane dévoués à la « cause ». La vie scolaire était réglée par des rites qui se partageaient entre l’enseignement dispensé dans les différentes classes de la « 11 ième» à la « Terminale ».

La chapelle était un vrai dénominateur commun, où bon gré mal gré, nous nous retrouvions tous à un moment ou un autre. La récré était cet autre lieu de communion collective mais de défoulement celui là ! Tous les vendredis, il nous était fortement  conseillé de communier, à la messe cette fois, et pour ce faire, il fallait être à jeun et prendre ensuite son petit déjeuner au réfectoire dans un endroit qui ressemblait davantage à une cave qu’à un lieu convivial pour prendre un repas (j’y buvais avec difficulté du lait de Mendès-France). La chapelle était un lieu magique où nos jeunes esprits s’éveillaient au contemplatif à la vue des vitraux reproduisant des scènes animées par des personnages remarquables, souvent … de jeunes garçons allant jusqu’au martyr pour défendre leur foi.

Les chants entonnés par l’ensemble des collégiens, qui n’étaient pas tous dignes d’être choristes, achevaient de donner à l’ensemble un caractère martial de bon aloi, parachevé par la musique de l’harmonium que dirigeait de main de maître l’abbé Duplouy, mon prof de langue française et de littérature qui est celui qui a probablement « fait » ma langue, mon esprit, ma poésie et peut-être aussi la rigueur de ma pensée, ce dont je le remercie.

Lorsque je regarde mes bulletins annuels, selon certains professeurs, j’avais de la rigueur, selon d’autres pas assez. Oui, c’est bien moi.

Je contestais Duplouy, candidement, dans ma seconde année de Troisième lorsqu’il expliquait avec assurance ce que l’auteur avait voulu dire, derrière ses mots, en lui répliquant avec politesse et insolence : « Mais pourquoi voulez-vous lui faire dire à l’auteur autre chose que ce qu’il a écrit ? Il a écrit ce qu’il a écrit. Pourquoi lui faire dire ce qu’il aurait voulu dire … ?

Aujourd’hui, j’y pense encore à chacune de mes lectures. C’est sans doute de ces moments-là qu’il faut comprendre ma voie et ma voix et lire tous mes écrits à double ou triple sens. J’ai compris. Tous les mots sont choisis ! Les miens aussi désormais ne veulent pas dire ce que je dis. Je suis devenu un « joker » des mots. Et même le « joker » a triple sens…

A environ 500 mètres du Collège, se trouvait « Jeanne d’Arc », l’école des filles de la même bourgeoisie qui portaient uniforme bleu marine, béret avec écusson ! C’était un autre monde que nous ignorions complètement. Les bonnes sœurs et les curés veillaient très sérieusement à ce qu’aucune brebis ne s’égare ! (JL) Mais il n’y avait pas que des brebis au Collège. Je m’étonnais de voir des copains qui semblaient avoir des copines. Et cela m’étonnait.

Entre les deux établissements se trouvait la « Place verte » vaste terrain, devant le musée de la ville, où s’ébattaient les jeunes gens, en s’efforçant de suivre les directives gymniques de nos profs respectifs. Le kiosque a musique servait parfois de vestiaires. J’adorais lorsque nous changions de vêtements dans la pénombre de son sous-sol. Descendre les escaliers déclenchait mon sourire et je me disais : près de qui je vais me déshabiller ou qui éviter ? Ou qui j’ai envie de voir se déshabiller ? Sans regarder, on entrevoit dans la pénombre et cet instant m’a fait découvrir le plaisir des yeux, de jour comme de nuit, et sans doute développé mon regard, vers l’art, vers les corps, vers les ombres artistiques et vers les ombres des autres et la plastique que j’analyse en vieillissant. A cette époque, je ne savais rien de rien.

Le frère de Jacques Leclercq, à la différence de nous, était un insoumis qui allait subir à plusieurs reprises « la loi du milieu » collègien. Par exemple : à genoux en culotte courte, devant la sainte Vierge, les bras en croix sur un sol carrelé et froid. D’autres, avec un dictionnaire à bout de bras. Ou à genoux sur une règle. Une autre fois, dans une autre classe, il évitait un « exocet », souvent la brosse du tableau, envoyé par un prof disjoncté à travers la salle, Mr Parent, classe de maths, de niveau vraiment collège, qui nous apprenait le calcul mental mais aussi me fit pisser dans mes culottes courtes en m’interdisant d’aller aux toilettes. Ce qui déclencha l’unique visite de mes parents durant cette période. Ils ont du lui dire que j’étais faible de la vessie ! Quelle honte.

Il est probable que j’ai toujours bien bu mais à cette époque bien peu de bières ! Il est vrai que sur les tables du Nord, la grande bouteille de bière, consignée, fermée avec un bouchon de porcelaine basculant et sa rondelle de caoutchouc, était de rigueur  à la maison. Le « Coq Hardi » nous offrait aussi des serviettes de table (il m’en reste une) à chaque commande d’un « casier » (tout s’achetait par casier et les bouteilles étaient consignées) qui remplissaient la cave à boire, à côté de celle des pommes de terre, séparées elles de la cave à charbon qui sentait bon le carbone. Il y avait toujours deux sortes de charbon pour nous chauffer. Le plus précieux était le « coke »

A ce temps temps-là, je préférais l’eau gazeuse de Saint-Amand. J’ai bien changé.

Nos profs pour la plupart étaient des caricatures d’enseignants, à la pédagogie incertaine dont on ne saura jamais quelle aurait été la résistance dans la relation enseignant / enseigné d’aujourd’hui. Quelles que soient les matières enseignées nous avions des « figures » qui, tout parti pris mis à part, correspondaient à des modèles  de bandes dessinées : en anglais un prof, Monsieur Perrot, qui avait du mal à se faire respecter nous gratifiait d’une note chiffrée de ½ point lorsque nous avions fait un travail correct  et bien sûr le zéro pointé était le résultat ordinaire de l’ensemble de la classe.

Comme nous le craignions mais voulions le chahuter, tous les coups hypocrites étaient bons et je me souviens de la petite boite émettant un bruit de vache bêlante, qu’on se passait de main en main dessous les tables, et qu’il n’a jamais trouvée à chacune de ses descentes brutales de son estrade. Un jour, devenu chef de classe, j’avais décidé qu’il méritait quand même un cadeau de fin d’année. J’ai acheté un bouquin « Knock », de Romain Rolland, croyant bien faire parce qu’il y avait un mot anglais. Il l’a mal pris – mais c’est vrai que j’avais choisi ce livre pour le titre ambigü – et il a balancé le livre à travers de la classe. Il habitait juste avant l’Eglise Saint-Michel et je détestais passer devant sa maison.

En maths, dans les classes supérieures, il y avait ce fameux Louvignies, un grand corps, les cheveux collés vers l’arrière, dans une blouse grise tachée de traces de craies colorées, venu de sa campagne au-delà de la ville du Quesnoy, dépourvu de tout sens pédagogique et qui ne savait même pas articuler de façon audible ! Il ne s’asseyait jamais et marchait à grands pas dans l’allée près des fenêtres, tout en enseignant, un élève au tableau, heureusement souvent les meilleurs, ce qui m’épargnait. Lorsqu’il tournait le dos pour aller vers le fond de la grande classe, nous perdions 50% de son discours. Pas étonnant que je n’arrivais pas souvent à 50% de notation de mes devoirs et encore plus des compos.

En physique, un petit gros sans doute complexé qui enseignait en s’adressant uniquement aux trois meilleurs élèves qu’il plaçait au premier rang, comme Duplouy d’ailleurs dont le premier devoir servait à classer les élèves, les bons près de lui, les mauvais au fond de la classe. Comment progresser ? J’étais souvent derrière et je ne voyais pas grand-chose. J’ai mis des années à faire la différence entre Maths –Physique – Chimie et Sciences naturelles, ces matières étrangères ! … Ce sont les expériences chimiques qui, seules m’intéressaient ainsi que la géométrie car je trouvais la solution sans faire de calcul, rien que par le regard. En matière de solution, pour mieux m’approcher des mélanges, je mis à construire un laboratoire dans le grenier de mes parents. Entre éprouvettes et produits achetés chez Lapchin, un autre copain du Collège, comment n’ai-je pas mis le feu à notre vieille maison de la Place Saint-Jean ? J’étais donc prudent.

En Histoire et Géo, un prof à la voix de stentor, Jacques Sockeel, respirait le plaisir d’enseigner mais il se prenait vraisemblablement pour Napoléon à qui il ressemblait vaguement ! Et je me demandais pourquoi il insistait sur l’action de Cambacérès. Sympathique pour tout le monde, il aimait bien que je sois attentif. J’aimais la matière et j’obtenais de bons résultats. Célibataire (homo peut-être, il avait ses préférences), joueur, sportif et collectif, je le retrouvai dans mes dernières années d’ado comme moniteur de camps cyclistes itinérants dans les Ardennes. Avec lui, au départ de Valenciennes, nous avons franchir les Ardennes comme un camp scout. Des moments merveilleux, à vélo, ou aux feux de bois, ou sous la tente … Avant de partir le lendemain. Verdun, Douaumont, en vélo … Il me souvient quand même que lui était en voiture ! Si quelqu’un m’a donné la vocation de prof, c’est sans doute lui. Et la matière est vite devenue un de mes rares points forts.

En instruction religieuse, et oui !  un curé un peu intégriste qui parlait d’une voix douce mais qui pouvait tout aussi bien gueuler comme un putois si quelque comportement lui déplaisait, il avait une petite tête ronde, l’abbé Carlier, qui le faisait ressembler à un enfant dont la distraction était de se déplacer à moto. Il surveillait aussi les « permanences » et son regard perçait tous les pupitres. La surveillance, style « fouet ». Ces grandes salles qui réunissaient plusieurs classes que nous appelions « Etude », qui contenaient peut-être 150 élèves, étaient le lieu où l’on se tenait entre deux cours, et où nous étions censés apprendre nos leçons ! C’était une vie dans la vie avec pour les plus hardis le moment de s’essayer à des comportements interdits et sanctionnés : manger du chewing-gum, fumer, lire une bande dessinée, bricoler un objet non en rapport avec les leçons à apprendre et bien sûr parler avec son voisin.

Du haut de sa chaire le curé de service, préposé à la surveillance, distribuait les avertissements pour les contrevenants à la bienséance ! Cet endroit était aussi un lieu redouté où le « supérieur », une fois par semaine,  venait avec un grand livre rouge, annoncer à voix haute les résultats des compositions de la semaine. Instant de gloire pour les premiers avec leurs bonnes notes et de honte pour les derniers, exposés à l’opprobre de la « communauté ». Des œuvres d’art, à n’en pas douter, ont été élaborées pendant ces séances trans-générationnelles. En effet comme ces bureaux ont traversé le temps, des pères ont pu transmettre à leurs fils des inscriptions marquées au couteau dans la chair de bois des dits bureaux ! Certains se levaient pour offrir une case où l’on pouvait cacher ce qu’on voulait et aussi faire un vacarme en l’absence du prof…

Une autre particularité dont je me souviens était la mode des « sous cul ». L’économat, qui avait le sens du commerce, proposait à la vente des petits bourgeois un espèce de petit tapis de couleur, des verts et des rouges,  que l’on pouvait disposer sous son céans. Comment en retrouver un aujourd’hui ? Cet objet n’était pas uniquement de décoration puisqu’il faut bien le reconnaître, le bois des bancs, lui aussi ayant subi l’outrage du temps, aurait pu tout aussi bien perforer les culottes courtes des collégiens lorsque quelque écharde intempestive aurait piqué les fesses d’un petit bourgeois.  Chaque proprio de l’objet le roulait consciencieusement pour aller dans chaque classe où un enseignement était dispensé. Le sous-cul suivait chaque élève durant sa journée. Chacun avait le sien. Ce fut même parfois une petite arme de défense, rarement lancé de peur de le perdre … On y tenait. J’ai aussi porté des « manchettes ».

« La classe, dit JL, me conduit à évoquer, non sans une certaine peur rétrospective, nos profs justement. Mis à part le fait que la durée de leur carrière, pour certains, leur a permis de voir défiler trois générations d’une même famille ! Ces figures dont l’autorité ne souffrait aucun dérapage, avaient, c’est bien le moins que l’on puisse dire, une pédagogie approximative ! Malheureusement les atteintes à la psychologie de l’enfant sont plus durables et chacun s’est accroché « des casseroles » avec les grossières erreurs d’un certain nombre d’entre eux. ; mon père me racontait, que pour lui, l’enjeu assigné était de l’obliger «  à tous prix » de se servir de la main droite alors qu’il avait un penchant naturel à utiliser la gauche .Ces prêtres enseignants avaient chacun une personnalité qui reste en mémoire par quelques traits inoubliables l’un sortait des cours avec la soutane blanchie à la craie des pieds à la tête , le « Père Mathieu », un des plus âgés, grand et maigre, une tête de bille sur des épaules un peu courbées, dans sa haute soutane noire, arrosait toujours de postillons la première rangée des élèves. Un autre, latiniste et helléniste, était mon confesseur dans la chapelle. Un jour la confession programmée était dans sa chambre. Il me semble y avoir vu des dessins d’éphèbes sur les murs. Il me fallait bien que je m’accuse de défauts, si j’étais trop bon, il risquait peut-être de m’aimer.

Un autre encore était connu pour ses coups de colère rageurs, enfin je me souviens que l’un d’entre eux rivalisait au foot avec le joueur pro de VA  en dépit de la gêne occasionnée par la longueur de sa soutane, l’abbé Jauer, un athlète. Une pensée particulière pour l’abbé Corduant, l’un des plus affables, qui avait, je crois, une conscience assez aiguisée de ce monde particulier ; il avait conseillé aux parents de Jacques Leclercq de retirer Michel de « l’établissement », compte tenu de la position intransigeante de certains profs, surtout laïques, à son égard. Mais bon, comme chaque chose contient son antidote, je dirai qu’en fin de compte nous avons reçu dans ce collège un guide des valeurs qui nous accompagne encore maintenant. Un autre souvenir émouvant ce sont toutes ces photos de classe, que nous avons tous connues, qui ponctuaient les millésimes  qui défilaient avec leur cortège d’interrogations, des années après : qu’est il devenu celui là ? La récré, en dehors du foot institutionnel, comprenait des modes de jeux, dont le point de départ reste un mystère : cartes, osselets, billes, courses de petites voitures, inscriptions à la craie à même le sol (pas de tags que nenni) sans oublier le jeu des cows-boys et des indiens, et des gendarmes et des voleurs. » Un peu plus tard, le tarot. Certains trichaient et j’ai appris là à détester les cartes et tous les passe-temps.

Après ces quelques dizaines d’années qui nous séparent de cette époque je revois en mémoire  ces garçons de mon âge qui ont partagé cette période de vie avec pour certains leurs noms :

Jacques Leclercq, bien sûr, entr’aperçu à Paris 20 plus tard, Pierre Remy, Richard Dejonghe, Jean-Luc Fauquet, Pascal Canonne, Claude Tréhou, Jean Régèle, Francis Lempereur, Jean-Claude Blary, Christophe Doutriaux, Alain Dubois, et aussi  l’agréable Morgan, le taquin Nobécourt, le séduisant de Sagazan,le coquin Raout, le rude Obringer, et le séduisant Ballet-Baz, la joie de vivre incarnée et … attendu par ses copines,

Dans les noms qui me reviennent, Denoyelle, Hecquet, Vaur, Hourdeaux, Caron, Dominique Castella, le pauvre pensionnaire que j’aimais bien …  et un plus jeune Didier Baudou avec qui je redescendais vers l’avenue Albert 1er., les Raverdy, les Gadré,… et aussi Dana, notre copain très handicapé qui devait ne vivre que 20 ans, savait-on.

D’autres : Collier, Marouzet, Turquin, Morelle, et …

Mais aussi Harpignies, mon voisin de la rue Saint-Jacques, Lapchin, le fils du droguiste, Hecquet, le fils du pharmacien, Sorlin, le fils du Café de la Place du Canada, retrouvé plus tard à Paris, Dupas, le fils des « Travailleurs », les Douay, voisins de la rue de Paris, à côté du magasin Vilain.

Et même Yves Caron, mon cousin, et pas … Joel Lesoin, que je retrouvais plus tard à Phnom Penh. Et tant d’autres que j’allais croiser dans l’association « Pro Vita » dirigée par le Père Mathieu, organisatrice de colonies de vacances à Mondrepuis où je fus un bon moniteur, avant d’y revenir comme … économe, sans doute moins bon car pour manger bien, j’ai probablement dû laisser une ardoise. Mais quelle belle expérience.

Même si … Jacques Leclercq, mon ami footballeur, allait m’abandonner en cours d’études, sans jamais me dire « au revoir », ce que je ne lui ai jamais pardonné ! Longtemps, j’attendis une carte postale qui n’est jamais venue. Famille partie à Paris, amitié finie … Je sais qu’il est resté fan de foot et de V.A.

Je retiens de mes années supérieures de ce Collège Notre-Dame, quand même un grand enseignement, celui de la Philosophie qui m’a beaucoup apporté en classe Terminale où je me suis senti vraiment un littéraire. Je lisais avec bonheur et me lançait dans la poésie et … la chanson.

Et puis je retiens Guillon, notre pro du football, intéressé par mes qualités de jamais fatigué au milieu de terrain, me poussait, à 17 ans, à rejoindre V.A., puis me décida à rejoindre l’Iris Sentinellois, un petit club de banlieue qui se relançait, avec un financement de la famille Cochez… Une aventure nouvelle allait commencer avec Jean-Pierre Ballet-Baz, Daniel Joly et un certain Hot. Une période passionnante à laquelle je mis fin pour créer … mon propre Club !

Sur l’enseignement religieux qui nous était dispensé, après bien des années, je dirai qu’il était de bon aloi  mais que les préceptes que nous entendions, nous inciter certes à respecter notre prochain et à ne pas commettre « des péchés », mais il manquait certainement une dynamique tournée concrètement vers les autres. Voilà, je crois que ce qu’il manquait : c’est le « concret » nos enseignants, comme beaucoup d’autres encore aujourd’hui vivaient dans un monde que l’on qualifierait, selon un terme  à la mode, de virtuel. Le résultat c’est que les générations successives qui sortaient du collège Notre Dame n’étaient pas « préparées » à affronter la vie civile.

Notre quotidien était nourri de bons sentiments et d’une éthique certaine mais un peu à l’image de ces pratiquants sortant de l’église le dimanche et s’empressant d’oublier illico la bonne parole dispensée, avec conviction, par le prêtre du haut de sa chaire ».

Oui, de bonnes bases, une formation stricte mais le Bac raté. A ma très grande surprise. 6/20 en Philo alors que je pensais avoir parfaitement traité le sujet que je connaissais, j’avais eu 12/20 en classe sur exactement la même question. Quelle déception. Lorsque je suis arrivé pour redoubler au Lycée Wallon, grâce à l’intervention de Monsieur Liétard, père de mon ami enfant de chœur et grand argentier de la Ville, j’ai compris que j’étais passé à côté de quelque chose dans le monde un peu à part du Collège, de l’école libre.

L’Ecole publique c’est quelque chose d’autre. Des profs assez caricaturaux aussi, mais une autre ambiance très différente et des classes bien plus mixées dans la population. Aussi, un sentiment d’être en train de préparer son avenir en se prenant un peu en mains, dans une certaine autonomie. Il est vrai que je devenais un peu adulte mais le Collège m’avait sans doute un peu freiné ?

Là, je côtoyais Philippe Duée, fils de prof également, qui allait devenir mon ami et un coéquipier footballeur exceptionnel. Et également futur Maire de Marly-les-Valenciennes. Gérard Delbove fut mon copain avec sa petite 4 CV à la sortie du Lycée. Mais en classe, il y avait un sentiment particulier permanent à mon égard. Plutôt sympathique. Les condisciples me semblaient étrangers. J’étais pour eux « le nouveau », inconnu aussi, et on me taquinait pas mal. Bonne ambiance. Comme j’étais réservé et pas souvent au premier rang, lorsque le prof faisait l’appel dans les premiers jours, il n’entendait pas et interrogeait « Absent ? » Alors, je répliquais « présent ».  La fois suivante toute la classe s’écriait « Absent » à mon nom et couvrait ma voix ! Jusqu’à ce que je sois convoquais pour absences…

Des cours plus construits et plus clairs, dans la plupart des matières que je suivais attentivement d’autant plus que je venais de refuser un poste de pion au Lycée du Hainaut, avenue Villars, pour être certain de décrocher mon bac et satisfaire nos parents alors que mes sœurs, elles, rentraient aux PTT. Sauf pour le prof de Maths, folklo lui- aussi, prénommé Gaston, si distrait qu’il lui était arrivé de venir au Lycée en oubliant de déposer sa poubelle au pied de chez lui. Et peu à peu décontracté, c’est moi qui chantais chaque semaine en sortant de classe, à la sonnerie : « Gaston, y a le téléphon qui son » ! Nino Ferrer nous accompagnait au micro… Le  prof, lui, me rappelait Perrot.

De mes années d’école, j’ai peu de photos de classe : nos  parents avaient tant de mal à boucler leur budget que j’étais absent le jour des photos annoncées… pour éviter cette dépense supplémentaire imposée. C’est pour cette raison que je cherchais déjà à travailler pendant la période des vacances. A 17 ans, je dégotais mon premier job d’aide de cuisine dans une colonie de vacances de Boussac, dans les Vosges. Histoire de découvrir de nouvelles passions.

C’est aussi à cette époque que l’on commençait partout à m’appeler « Momo » ! J’eus mon bac cette fois avec brio, 16/20 en philo, juste dépassé dans l’épreuve de français par un de mes condisciples Olivier Marlière, qui allait devenir avocat puis quelques années plus tard  Maire de Valenciennes. Pourquoi lui ? Pas moi ? C’est une autre histoire. J’aurais dû, sans doute.

A suivre … dans le chapitre suivant.