Oublier la pandémie en décembre au Cambodge

Aaron Carpene

MOZART à Angkor et la flûte enchantée d’y être ?

Cela fait plusieurs années qu’un projet d’opéra extravagant est dans les tuyaux du Ministère du Tourisme cambodgien et des plus hautes autorités du pays, à savoir le Roi !

Cette fois c’est en bonne voie. Le projet programmé avant la pandémie de Covid 19 avait bien sûr été arrêté, suspendu mais pas enterré. D’autant plus que le grand Chef d’Orchestre Aaron CARPENE qui devait diriger ce vaste projet artistique de niveau international, était resté confiné durant des mois au Cambodge. Il vient de sortir de ses méritoire efforts et d’annoncer que le Premier Ministre, sans lequel rien ne se fait, vient de signer son accord pour qu’un Festival se tienne à Angkor au mois de décembre 2021 ! Dans moins de deux mois …

CARPENE, Directeur musical est Chef d’Orchestre d’origine australienne vivant de longue date en Italie, où sa réputation est grande. Spécialiste de Mozart, il revient donc au Cambodge pour un GALA de fin d’année dont le retentissement devrait être bien plus que régional. MOZART à ANGKOR, présidé par le Roi du Cambodge, les autorités prévoient de relancer le tourisme de la meilleure des manières qui soit. A noter que dans la même période se tiendra le Sommet Asie-Europe au Cambodge, de quoi ravir les hôteliers qui ont survécu depuis mars 2020 !

Un projet monumental pour un opéra de Mozart adapté avec intégration du contexte du Ramayana ou Reamkher. Le compte à rebours a déjà commencé

JMDF

Guerre civile au MYANMAR (Birmanie)

Birmanie : toujours plus de sang : une analyse de François Guilbert

Depuis trois mois, la violence ne cesse de s’intensifier en Birmanie. Alors que les militaires se sont emparés du pouvoir il y a un peu plus de 8 mois, plus de 50 % des actions violentes se sont tenues au cours du trimestre écoulé. Les interactions brutales entre les opposants aux putschistes et ceux qui les soutiennent ont augmenté de plus de 75 % en une petite dizaine de semaines. Incontestablement, l’appel le 7 septembre 2021 à la lutte défensive du gouvernement d’unité nationale (NUG) qui tient sa légitimité des élections générales du 8 novembre 2020, s’est traduit sur le terrain par un net regain des affrontements sanglants.

200 à 300 groupes d’autodéfense

Les 200 à 300 groupes d’autodéfense (PDF) qui sont apparus depuis avril-mai ont montré rapidement des capacités d’action durables et sur la plus grande partie du territoire. En 2021, 75 % des townships ont ainsi connu des recours au choix des armes. Mais sur le plan géographique, pour la première fois depuis des décennies, la Tatmadaw doit combattre en priorité des insurgés bamars et cela au cœur des terroirs de l’ethnie majoritaire. Une situation nouvelle qui doit certainement peser lourdement sur l’état d’esprit des personnels chargés d’agir de vive force contre leurs compatriotes.

La guerre  civile n’oppose plus les Bamars aux minorités ethniques sises dans les États périphériques. En 2019 – 2020, 80 % des chocs armés s’étaient tenus dans le nord et le centre de l’État Rakhine. A présent, il n’en est plus de même. 68 % des affrontements récents se sont déroulés dans les régions de Sagaing, Magway, Rangoun et Mandalay.

La guerre civile n’a pas pris seulement de l’ampleur territorialement. Certains des face-à-face les plus récents ont été bien au-delà de coups de main de guérilléros puisqu’ils ont pu voir sur les théâtres d’opération l’engagement de plusieurs centaines de combattants du côté de la résistance démocratique. Ce mode d’action est venu s’ajouter aux tactiques des premiers temps faites d’assassinats ciblés ou de brefs assauts sur des sites symboliques (ex. postes de police, centres de paiement des impôts et de l’électricité, infrastructures de télécommunication). L’opposition en armes ne cesse d’innover.

Efficacité des nouveaux groupes combattants

En conséquence, tout au long de la période de mousson qui s’achève, ce sont les groupes opposés à l’installation au pouvoir du Conseil d’administration de l’Etat (SAC) qui ont pris l’initiative des assauts. Fait tout aussi nouveau, à plusieurs reprises, les PDF à majorité bamar ont pu compter sur la puissance de feu et des troupes issues des rangs des groupes ethniques armés : chin (CNDF), kachin (KIA), kayah (KA) et kayin (KNLA). Ces combinaisons opérationnelles bamar – non-bamar se sont révélées très efficaces puisque victorieuses, et causant de lourdes pertes dans les rangs des bataillons fidèles à la junte. En outre, les PDF peuvent compter sur ces groupes armés pour former, entraîner et équiper leurs recrues. Des
interactions dont on peut penser qu’elles ne sont pas seulement le fruit d’accords entre groupes ayant un même ennemi mais sont bien fondées sur des convergences politiques de moyen voire long terme. Cependant, celles-ci ne sont pas clairement exprimées à la face de la Nation puisque seul le CNDF a affiché un accord politico-militaire public avec le NUG.

L’efficacité des nouveaux groupes combattants a surpris presqu’autant que les faiblesses récurrentes affichées par la Tatmadaw. Certes, nous assistons à un conflit asymétrique mais la Tatmadaw est loin de se montrer aussi puissante que supputée. Alors que nombre d’experts militaires étrangers pensaient jusqu’ici que Nay Pyi Taw pouvait compter sur une armée de près de 500 000 hommes, aujourd’hui, cette évaluation quantitative est revue fortement à la baisse. Il est très probable que la Tatmadaw ne peut guère compter sur plus de 150 000 soldats. Alors que ses commandements de région subissent des coups de boutoir aux quatre coins du pays, à l’exception pour l’heure des Etats Rakhine et Shan, ils sont pleinement conscients qu’ils ne pourront compter sur beaucoup de réserves opérationnelles pour les offensives qu’ils seront appelés à conduire dès la fin de la saison des pluies. Une réalité d’autant plus durable que la Tatmadaw peine à recruter. Ses efforts sont d’ailleurs prioritairement tournés vers les familles de militaires qui sont invitées à convaincre leurs enfants de s’enrôler.

Ceux-ci sont immédiatement employés sur le terrain, sans réelle formation. Ces soldats sont très, très jeunes, guère motivés et mal payés. Leurs soldes sont de plus rétrécies par l’effondrement de la valeur du kyat (-70 %) et sans qu’il existe de promesses de revalorisation à court terme. Enfin, l’apport opérationnel espéré de nouvelles milices ultranationalistes et intrinsèquement anti-Ligue nationale pour la démocratie (ex. Pyu Saw Hti) n’est pas encore très probant, même si un début de montée en puissance est perceptible dans la région de Sagaing.

Moyens plus sophistiqués et attaques à distance

Dans un contexte où la Tatmadaw va donc devoir veiller à préserver ses forces, il y a fort à parier que là où elle voudra agir et mener ses opérations dites de nettoyage elle le fera en employant sur ses cibles prioritaires de lourdes préparations d’artillerie et ses moyens d’attaque aérienne (avions, drones, hélicoptères). En recourant à de tels armements et une praxis bien établie de terreur sur les populations environnant les objectifs militaires, il est à craindre que de nombreuses victimes civiles payent à nouveau le prix de l’usage indiscriminé de la force décidé par les états-majors du général Min Aung Hlaing. Ces derniers seront d’autant plus tentés d’y recourir que les derniers mois se sont révélés très sanglants parmi les unités de la Tatmadaw et de la police, les résistants employant au fil du temps des moyens plus sophistiqués et d’attaques à distance. Le recours dorénavant très fréquent aux mines antipersonnel terrestres et autres engins piégés est un autre visage de la guerre qui se livre aujourd’hui dans les zones rurales de Birmanie. Néanmoins, aucun bilan indépendant ne permet de mesurer précisément le nombre de civils touchés, ni même de soldats tués lors des embuscades et des batailles rangées mais il se mesure déjà à plusieurs milliers de décès.

Plus de 3 000 personnels en uniforme ont perdu la vie

Il est communément admis parmi les observateurs rangounais que plus de 3 000 personnels en uniforme sous les ordres de Nay Pyi Taw ont perdu la vie et plus de 500 ont été sérieusement blessés. Dans les rangs des PDF, 300 jeunes gens ont certainement été occis en moins d’un semestre. Ces bilans déjà très lourds sont malheureusement appelés à s’aggraver dans les temps qui viennent.

Aucune voie de sortie de crise ne s’esquisse. Pire, chacun des acteurs armés est
convaincu de pouvoir l’emporter à terme. Aujourd’hui, c’est dans l’État Chin et la région de Sagaing que la guerre civile se cristallise et les drames les plus victimaires se jouent. Nay Pyi Taw a dépêché sur place des troupes fraiches (3 000 hommes) par toutes les voies de communication possibles (air, rivière, terre) et avec des moyens lourds (pièces d’artillerie, blindés). Il s’agit pour le commandement de la région nord-ouest qui a vu arriver de la capitale de nouveaux chefs des opérations, se substituant à des officiers démis brutalement de leurs fonctions pour insuffisances de résultats, de laver l’affront subi par une armée étatique qui a perdu terrains et ressources humaines en nombre.

François Guilbert

Publié par GAVOCHE à Bangkok le 18/10/21

Le krama cambodgien sert à tout

Si vous connaissez la toque des Sikhs indiens ou le fameux linge noir et blanc du peuple palestinien, le keffieh, et si vous êtes aussi curieux des foulards traditionnels de certains peuples notamment en Afrique, aux Antilles, en Inde, le sari, ou aux Vietnam et Myanmar, le sarong, vous savez combien une étoffe peut porter des connotations nationales ou culturelles comme le Kilt écossais ou les djellabas du Magreb… mais connaissez vous les Kramas ?

Le krama, est une étoffe de coton à carreaux, bleus ou rouges (comme une nappe d’auberge en France), ou blancs, ou verts, long comme une écharpe, souvent ordinaire pour l’usage quotidien mais aussi soigné comme un foulard – que l’on trouve aussi en soie – pour sortir et se montrer… Une écharpe traditionnelle du Royaume du Cambodge.

C’est surtout un tissu que ceux qui ont voyagé d’une manière ou d’une autre associent d’un seul regard à travers le monde entier au Cambodge et aux Cambodgiens.

Cette bande d’étoffe que les femmes khmères tissent patiemment sous leur maison à pilotis, avec du fil de coton, est possédée par toutes les familles cambodgiennes et presque par chaque personne dans une même famille car il peut servir de vêtement de base, de culotte, de sarong, de déshabillé, de porte-bébé, de serviette pour la douche. Parfois il est un foulard en hiver ou sous la pluie de mousson, une tenue faciale « à la burka » pour les tempêtes de poussières ou de sable. Parfois de ceinture et de porte-outils. De lanière. De corde de secours pour un enfant tombé au fossé. D’emballage aussi et maintenant de masque sanitaire !

Les paysans khmers portent depuis des siècles ce qui ressemble parfois à une loque en vieillissant, à force se s’éponger le front ou de nettoyer ses couverts ou ses instruments mais cela les protège essentielement du soleil. Serviette de table, serviette éponge, serviette de toilette… panier à légumes et slip de bain… Et même arme à la « Thierry-la-fronde ».

Le krama est aussi devenu d’une certaine manière le chapeau khmer traditionnel. Les Thais et les Viets ont leurs chapeaux de paille, larges ou pointus. Les khmers ont leur krama sur la tête. Tout en rondeur et parfois avec un geste recherché qui n’est pas loin de l’élégance chez les femmes.

En ces temps de coronavirus, les kramas bon marchés sont aussi la matière première de judicieux nouveaux masques grands publics, indispensables pour se protéger et protéger les autres. Les Cambodgiens sont d’ailleurs très dociles sur le port du masque en ville, ou à la Pagode, et même à moto (plus fréquent que le casque) !

Pour le tourisme en développement depuis une bonne décennie (mais en panne depuis deux ans) c’est non seulement un souvenir à emporter chez soi pour offrir mais aussi une base de décoration de différents objets d’artisanat.

JMDF 10/21

Inondations en Thailande

Comme chaque année, la fin de la saison des pluies est précédée par une pluviosité tropicale accrue dans certaines régions du pays de SIAM, durant un bon mois. Avec le changement climatique les pluies apparaissent parfois plus violentes et peut-être plus durables. Aussi, l’écoulement des eaux pluviales est parfois difficile comme cette année dans le Nord du pays.

Des inondations ont touché cette fois des voies du chemin de fer dans le Nord-Est et des interruptions sont notables cette année dans les services ferroviaires, ce qui est assez rares pour de seuls faits d’inondation des voies !

Non seulement une ligne a été fermée mais un pont endommagé par la tempête de ces derniers jours devra être reconstruit pour que les trains puissent à nouveau circuler.

JMDF