Des Indiens au Cambodge !

Les relations entre le Royaume Khmer et l’Empire Indien sont ancestrales, voire logiquement millénaire, si l’on considère l’influence de la culture indienne sur tout l’extrême Orient et en particulier dans la construction des temples et l’influence religieuse du Bouddhisme.

Dans la période la plus difficile de son Histoire récente (XX) siècle) alors que l’Ecole Française d’Extrême Orient (EFEO) et l’UNESCO avaient déserté les temples ou bien n’y étaient pas encore revenus, les chercheurs et experts indiens étaient les seuls sur place à continuer à travailler à la reconstruction de certains temples.

Récemment, ce sont de grands hommes d’affaires indiens qui se sont rendus à Phnom Penh pour s’intéresser à ce pays en pleine résurgence tant sur le plan de sa croissance économique que sur le climat libéral qui apparait favorable au « business ». Ils y voient un fort potentiel économique (et de stabilité ?) et souhaiteraient participer si possible aux investissements et surtout renforcer leurs relations commerciales avec ce qui est en ce moment un fer de lance de l’ASEAN.

Mais les relations diplomatiques se sont soudain tendues lorsque le projet de construction d’un temple indien dont l’architecture et l’apparence relèveraient du modèle du temple cambodgien d’Angkor Vat a été présenté par un consortium privé dans le Nord de l’Inde. « Pas question », disent les Cambodgiens qui sont fidèlement soutenus par l’Unesco.

JMDF

Crise de régime chez les Siamois

Tout en respectant le deuil du peuple thaïlandais encore sous l’émotion de la perte cruelle de leur Roi, il est permis de tourner un peu la page de ce très long règne commencé dans la douleur d’un accident peu banal (mort par balle de son frère ainé juste après son ascension au trône) et terminé par un crise politique interminable qui voit encore aujourd’hui les militaires au pouvoir à Bangkok.

Il ne faut pas se leurrer : les militaires ne font pas l’appui et le bon temps mais ils contrôlent le calendrier depuis deux ans et d’autres étapes sont à venir dans les prochains mois en ce qui concerne la royauté et la mise en œuvre de la nouvelle Constitution. L’appui à la royauté étant acquis de tout temps. L’armée est dirigée par le Roi (!) qui est le descendants des vaillants guerriers qui ont fait le Siam puis la Thaïlande.

Le processus est en route. Celui de la reconquête. Celle du pouvoir repris aux mains des politiques et qui ne sera pas rendu dans le même état l’an prochain au sortir du deuil national et de la prise de fonction du nouveau Roi. La Régence est assurée par Prem Tinunsalonda, un noble ancien premier ministre (de 1998 à 1988) dont on oublie peut-être qu’il est aussi un militaire de carrière, Généralissime Amiral… qui a fini ses études militaires aux USA.

Certaines rumeurs disent que la situation du Prince héritier  (Rama X, hésitant ?) arrangerait bien tout le monde. D’autres pensent que tout va bien et que la crise de régime va se terminer en 2017 !

Péninsule politique ou l’existence d’un axe du mal dans l’ASEAN

 

Dans l’ASEAN, un « axe du mal » en quelque sorte serait-il en train de se révéler faute d’apparaître au grand jour ?

Un mal d’absence de réelle démocratie dans le fonctionnement du quotidien des gouvernements de chaque État membre. La stratégie de défense du territoire conduit à des pouvoir forts. L’indice majeur de cette situation réside dans le renforcement constant de puissants leaders bien encadrés par des militaires. Ou bien … les militaires tout simplement au pouvoir, de façon visible ou cachée.

Au Nord, deux pays sont en pleine puissance de stabilité, à la recherche d’un développement qui tarde, dans le giron de la grande Chine. Certes, dans le plus grand d’entre eux, les militaires longtemps aux manettes ont redonné le pouvoir aux représentants du Peuple mais ils sont encore, en fait, derrière les processus de développement économique stratégique. Et les minorités ne semblent pas encore trouver là leur place dans l’unité nationale. Chez le plus petit pays, depuis cinquante ans corseté, il y a longtemps que les militaires n’ont pas redonné le pouvoir aux représentants du Peuple et ils n’envisagent même pas de le faire. Il est vrai que le matin calme fournit des crépuscules endormis ! Pauvre pays qui reste sous pression de ses amis communistes.

En descendant vers le Sud, trois pays de la péninsule, tournés plus ou moins vers la Mer de Chine, sont depuis plusieurs décennies en pleine croissance. Bien que très différents sur le plan institutionnel, de peuplements très différents, ils présentent politiquement des caractères étrangement communs dans leur mode de fonctionnement et la tendance à travailler « à l’asiatique » sans vraiment le souci des droits humains les plus essentiels ou les plus démocratiques. En Asie, l’important est le but. Peu importe les moyens. On ne juge moralement des moyens qu’à l’aune de l’efficacité. Ce qui ne manque pas de créer des situations peu avenantes.

Ainsi, choisissez : pouvoir autoritaire, cercle de dirigeants gouvernementaux « professionnels », compromission avec les milieux d’affaires, népotisme, médias contrôlés et asservis, opposition réduite au silence, mises à l’écart, élections sous surveillance, clientélisme, toute puissance de l’argent, exploitation des plus faibles, riches dirigeants toujours plus riches, blocage générationnel, misère des campagnes, absence de protection sociale, justice soumise, et corrompue, inégalités des droits, sens moral en déclin, système scolaire public incapable, ascenseur social limité, pauvreté majoritaire et … surtout … puissants militaires omniprésents.

Plus au Sud..; jusqu’au bout de la péninsule malaise, la force militaire devient plus ou moins évidente et ne permet pas même à Singapour-la-belle d’apparaître très démocratique alors que les qualités intrinsèques du pays sont tout le contraire de ce qui est décrit ci-dessus. Cela porte à réflexion. Pourquoi quand on devient riche, décide t’on d’acheter des armes ?

Alors restent les îles. L’Indonésie où la puissance militaire tente de se cacher derrière un certain respect des institutions démocratiques, est dirigée maintenant par un président élu ! Le pays peut être décrit comme en transition, et demeure en observation. Restent les Philippines ! Là, la puissance militaire n’est pas vraiment locale mais plutôt américaine. Le budget de la dépense tente de rattraper son retard. Les institutions démocratiques viennent de porter au pouvoir un président élu pour le moins étonnant. Est-ce un signe des temps où la démocratie montre t’elle ici ses limites comme ailleurs. Alors, laissons-les également en observation.

Dans le fond, cet axe du mal démocratique revient à éclairer l’Asean d’un regard particulier qui n’est pas forcément antipathique puisqu’en Asie les limites apportées à la démocratie semblent renforcer la stabilité régionale…

Chacun peut cependant regretter que ce soient souvent en cette période les militaires qui crient « Aux armes citoyens » en imposant l’augmentation constante de leurs moyens…

JMDF

Le Cambodge entre Chine et Vietnam

Les lignes bougeraient-elles dans la géographie politique de l’ASEAN ?

Hun Sen le Premier Ministre cambodgien si proche du Vietnam il y a deux ou trois décennies (!), et pour cause, il a remplacé avec l’aide de ses amis, le premier Premier ministre Pen Sovan, choisi par l’Armée vietnamienne après la Libération des Khmers Rouges. Lui qui reçoit maintenant le leader chinois en grande pompe et qui ne peut que se féliciter de l’apport de ce très grand « frère » dans le développement actuel du pays.

Quelque chose est sans doute en train de changer. Une ligne bouge. Quelles en seront les conséquences à court et long terme ?

Ah ! Les couleurs du temps !

« Les lignes bougent ; cela ne veut pas dire qu’on s’aligne », dirait sans doute Norodom Sihanouk, le fin stratège, s’il était encore là.

XI se rend à GOA

 

Le Président chinois, Xi Jinping, est attendu au Cambodge le 13 octobre 2016. Il s’arrêtera à Phnom Penh en route pour GOA en Inde, ancien comptoir colonial portugais où se tiendra le sommet des cinq pays en voie d’émergence avancée, appelés les B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

Le puissant leader en voyage diplomatique va se rendre, après le Cambodge, au Bangladesh. Ce pays est pourtant invité à Goa, ainsi que la Thailande, à assister à ce sommet qui est aussi d’importance régionale (Baie du Bengale).

Sans doute le Président Xi va t’il signer à Phnom Penh quelques contrats financiers en faveur d’un pays qui a du mal à équilibrer chaque année sa balance budgétaire mais qui accueille facilement les investisseurs et les … pays donateurs.

Le Cambodge va sûrement très bien recevoir le Président chinois et ainsi rééquilibrer son penchant naturel vers le Vietnam. A moins que Xi ne fasse une visite de courtoisie pour un pays qui n’est pas nommément invité à la conférence de Goa du 15 octobre ?

Non, plutôt une visite à un pays qui accueille tant d’investisseurs chinois, sans être trop regardant, concessions, plantations, développement urbain ….

ça ne vaut pas même une roupie !

 

Le Premier Ministre indien, Narendra MODI, a t’il voulu se montrer généreux avec les familles pauvres ?

Toujours est-il qu’il a offert une roupie (la monnaie indienne) à tous ceux qui accepteraient d’ouvrir un compte en banque ! Pour les familles rurales les plus concernées par la pauvreté on se demande bien à quoi pourrait servir une roupie et quand vont-elles entrer dans une agence bancaire.

Pour le budget de l’Etat d’un pays de 1 milliards 26 millions d’habitants , c’est sans doute une ligne de plusieurs centaines de millions de roupies. Mais cette somme de 1 roupie est tellement dérisoire  – en fait 1 centime d’euros – que l’on se demande ce que cache cette politique. Oserait-on parler d’aide sociale pour de la roupie de sansonnet ?

En fait, les nombreuses banques publiques s’activent dans toutes les provinces de cet énorme pays car l’aide financière annoncée qui en apparence ne vaut pas un fifrelin, fait du bien aux statistiques. D’une part, elle engendre l’ouverture de nouveaux  comptes, c’est l’objectif, et, d’autre part, elle permet de ne pas fermer les nombreux comptes qui affichent : zéro roupie !

L’idée de cette « MODI-que » somme est peut-être bonne mais elle fait beaucoup de vent pour pas grand’chose alors que la création de toilettes publiques, autre priorité du gouvernement indien, sent nettement meilleur pour une population qui n’a même pas l’eau courante à la maison…

JMDF

P.S. : Néanmoins, gageons qu’en Inde « les pauvres à une roupie » pourront peut-être toucher désormais sur leur nouveau compte bancaire quelques aides financières qui ne leur parviennent aujourd’hui jamais, du fait que – de main sale en main sale – la corruption les fait disparaître … dans toutes sortes de fonctions publiques.