Alert on the MEKONG

Le GRAND LAC en danger !

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La bataille de l’eau a commencé en Asie du Sud-Est. Pas tant pour la consommation, même si les nappes phréatiques sont bien trop sollicitées par des populations grossissantes, que pour développer des ressources en électricité.

Le fleuve Mékong en Asie, comme le Nil en Afrique et l’Amazone en Amérique, est « nourricier » le long de ses rives et sur un large bassin. C’est l’un des fleuves les plus importants du monde et il fait l’objet de sérieux soucis pour trois des cinq pays de la zone qu’il traverse sur 4 800 kilomètres. Certains pays semblent avoir commencé la guerre, d’autres ne s’en sont peut-être pas encore rendu compte !

Carte du Mékong avec son bassin en jaune.

Comme partout, celui qui possède les eaux est le plus fort. Le pays des sources ! Pas de chance le plus fort pour les eaux du Mékong est justement aujourd’hui le plus puissant de la terre, la Chine ! Comment lutter ? A défaut de s’entendre vraiment (depuis deux décennies !), les pays du Mékong pensent pouvoir se débrouiller dans le chacun pour soi. Chacun son eau et ses poissons ! Chacun se sent capable de faire des barrages puisque l’autre en fait ! Les 31 projets de centrales hydroélectriques, dont certaines en construction sont terriblement inquiétants pour toute l’économie du fleuve et surtout pour les zones des basses terres qui ne vivent que par le Mékong.

Le pire retient l’attention au Cambodge où il y a une spécificité unique au monde : un lac immense (le Tonlé Sap) qui transfère ses eaux six mois de l’année dans le Mékong et qui se nourrit les autres mois de recevoir les riches eaux du Mékong. Les poissons connaissent le chemin qui viennent s’y multiplier… C’est un phénomène géographique unique où une rivière coule dans un sens puis dans un autre ! Toute une économie de bassin est organisée depuis des siècles sur les rives de ces eaux. Autrefois, chacun y trouvait son compte entre la Thaïlande, accessoirement la Birmanie, le Laos, le Cambodge et surtout le Vietnam ! Aujourd’hui, l’eau est devenue trouble. Rien n’est plus garanti. Sans compter les dommages environnementaux que l’on devine alors que la qualité des eaux ne cesse de d’inquiéter, fortes de toutes les pollutions possibles liées à la modernité agricole et industrielle.

En matière de de développement, le défi de l’aménagement concerté des eaux du Mékong est sur le point d’être perdu. Qui perd ? Qui perdra ? Sans doute pas la Chine au Nord qui possède le contrôle des eaux et des barrages déjà existants. Sa position dominante ne peut que causer des dommages sur ses pauvres voisins du Sud. C’est une évidence qui n’inquiète pas encore suffisamment, chacun étant plus préoccupé par ses propres projets de barrages que par les conséquences des projets des autres.

Le Mékong est un garde-manger pour des dizaines de millions de riverains – 80 millions, dont 10 au Cambodge – et pour ce pays c’est toute la population qui vit autour du Tonlé Sap de la pêche et des autres ressources naturelles et vivrières.. du Grand Lac. Une richesse de biodiversité unique. La situation est plus qu’inquiétante. Ce petit pays sans électricité est même accablé par un plus petit que lui, le Laos, en amont, qui entend développer ses capacités de production à travers la réalisation de ses premiers barrages sur des rivières se jetant dans le Mékong.

En 1995, ces beaux pays ont signés un Traité de coopération et de respect réciproque initié par une administration d’abord installée au Vietnam, créée pour ce faire : « La Commission du fleuve Mékong ». Déjà, se profilaient les barrages en Chine. La Chine et le Myanmar n’en sont pas membres mais seulement « observateurs ». Depuis lors, que sont devenues les bonnes intentions des uns et des autres ?

Ces intentions semblent flotter comme le niveau fluctuant des eaux. Chaque observateur se demande maintenant pour quoi les eaux montent ou baissent. Demain ils se demanderont sans doute pourquoi il n’y a plus de poisson ! Ce sont les barrages du Laos, pays riche en sources secondaires affluentes, qui se multiplient.  Il était prévu de créer des passages pour les poissons ! Mais les migrations ne semblent pas se faire dans les deux sens.Et qui vérifie la capacité des ingénieurs ?

Une atmosphère de conflits est née au fil des dernières années. En 2015, elle devient perceptible. La Commission du Mékong (M.R.C.) observe, constate et analyse mais elle ne dispose d’aucun moyen de coercition. Où s’arrêtera donc cette atmosphère ?

Dans la zone du bassin du Mékong, comme souvent en Asie, régler les problèmes en s’appuyant sur des règles internationales n’est pas dans les habitudes des diplomates et des gouvernements. Solidaires, mais chacun pour soi. L’avenir est inquiétant. Toute l’économie du bassin pourrait être modifiée dans 10 ou 20 ans. A l’image de la dualité équivoque, semble t-il des Vietnamiens, viscéralement anti-Chinois mais économiquement pro-Laos. Eux qui accueillent les eaux dans le fantastique Delta du Mékong. Avec moins de courant, c’est l’eau de mer qui va rentrer dans le Delta et saliniser les terres aujourd’hui si fertiles, non ?

Dans ce contexte où l’on parle de stratégie politique, le pauvre Cambodge qui est le plus démuni en ressources hydro-électriques puisqu’il achète du « power » à tous ses voisins, sera sans doute aussi le plus victime des aléas de l’ouverture des barrages pour libérer des eaux en amont. Et… la riche Chine de plus en plus présente dans les entreprises khmères ne craint pas grand-chose des conflits diplomatiques entre les États. En effet, discrètement mais sûrement, elle s’installe sur de grands projets, les finance et semble si bienveillante au point de « garantir » plus ou moins les déficits budgétaires du pays.

Les relations entre les États sont peu à peu minées. Aucune feuille de route ne s’écrit entre eux. La position du dominant est telle et ses pouvoirs d’ouvrir ou fermer les vannes font, que le futur ne dépendra très bientôt que de lui, que d’elle !

A quand une négociation ? un accord ? Impossible avec cette domination. A moins que ces trois pays qui formaient l’ancienne Indochine ne se trouvent tout-à-coup une puissante grand-mère qui pourrait contrebalancer la position dominante. Il est sans doute déjà trop tard.

La guerre du poisson aura bien … lieu.

 JM

Départements ? Régions ? Quel « Etat » des lieux !

Les instances décisionnaires en France sont les suivantes :

– l’Etat

– 22 régions

101 départements

– 36.763 communes

– 7.127 Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) dont 12 voire 14 métropoles, 228 communautés d’agglomérations, 2223 communautés de communes, 14.305 syndicats  intercommunaux, et 371 pays en milieu rural.

Encore, il ne s’agit là que des niveaux courants de décision. On peut y ajouter un nombre relativement important de syndicats mixtes, de sociétés d’économie mixte, d’organismes divers qui eux aussi prennent part à la vie collective.

Ainsi le fonctionnement de nos institutions ne permet plus actuellement au citoyen de distinguer les différentes attributions de chaque échelon territorial, sinon par défaut. L’enchevêtrement de compétences et la limitation mécanique des capacités ou du pouvoir de décision de chacun des acteurs publics contribuent à ce que la politique soit de moins en moins considérée comme la modalité centrale de construction de l’intérêt général et de plus en plus comme une forme particulière de défense des intérêts catégoriels, sectoriels ou régionaux.

Si l’on retient que, outre l’Etat tout puissant et multi compétent, les régions, les départements et les communes ont compétence pour intervenir dans tous les domaines et ne s’en privent pas, en vertu de la fameuse « clause générale de compétence », on ne sait plus très bien qui est qui, et qui peut ou doit faire quoi ?

La question qui se pose est bien d’abord de répondre au besoin impérieux de clarté et ensuite de s’assurer que tout changement va/irait avec certitude améliorer l’efficacité et répondre au souci tout aussi impérieux de faire des économies !

Comme depuis 40 ans, chaque gouvernement annonce à son tour le regroupement des régions, ajoutant la suppression de la majorité des départements et l’absorption relative des communes par les intercommunalités. Cette réforme préconisée de longue date par de multiples rapports et, au cours des vingt dernières années, par la Courdes Comptes et la Commission européenne, pourrait être saluée d’un bravo : enfin un gouvernement qui ose s’atteler à ce problème complexe!    Mais …

Il peut paraître tentant de s’attaquer d’emblée aux régions parce qu’elles sont de création relativement récente, et encore moyennement intégrées dans le paysage administratif français. Il semble que le gouvernement soit allé vers le plus facile : diminuer le nombre de régions actuelles sans avoir, au préalable, posé la question de la puissance financière et juridique des futures régions… élargies.

Délimiter les régions sur de simples critères de population ou de superficie est largement insuffisant. En l’état actuel plusieurs de nos 22 régions ont une population et une superficie supérieure à la moyenne européenne, mais elles ne détiennent pas les possibilités législatives et réglementaires que possèdent les länder allemands, par exemple. N’oublions pas que, si un petit pays et a fortiori une petite région peuvent rester riches et prospères -et que l’inverse est vrai aussi-, cela peut être aux dépends de ses voisins.

Quant aux économies … Si à terme cela peut s’avérer positif, il est à craindre qu’elles ne soient pas aussi importantes que prévues. En effet quid des bâtiments, parfois déjà disproportionnés voir « luxueux » existant dans chaque région actuelle ? Seront-ils automatiquement intégrés dans la nouvelle structure ou feront-ils l’objet d’une restructuration à grand frais ? Quid également des personnels en fonction ? Seront- ils tous intégrés, et alors pas d’économies en vue ? Feront-ils l’objet de reclassement dans d’autres structures ou seront-ils  pour certains, simplement licenciés ? Sans compter sur le désir des élus de compléter les équipements de la nouvelle structure quel que soit le lieu du nouveau siège. Et finalement qui aurait un pouvoir de contrôle sur les objectifs ?

Et les communes de moins de 200 habitants ? Beaucoup d’entre-elles sont devenues de simples lieux de vie où plus aucun service public n’est disponible : plus d’école, plus de commerce, plus de prêtre et surtout plus de mariage ni de naissance, ce qui n’empêche pas qu’il y fait bon vivre….Alors pourquoi ne pas aller au bout de la logique soit en transférant la totalité des attributions des communes aux EPCI dont elles font partie soit, à l’instar de nos voisins, obliger les communes à fusionner de manière à former des entités suffisamment importantes pour y maintenir les services publics de base: écoles, services financiers … etc. Dans ce cas les communes devraient pratiquement toutes être supprimées sauf celles dont l’objet dépasse les possibilités de la structure de base.

Une telle réforme ne peut être envisagée que si l’Etat montre l’exemple. Actuellement cela ne paraît pas être le cas puisque le projet se contenterait de quelques simplifications administratives, ce qui est toujours bon à prendre, et du renforcement des pouvoirs des préfets.

Or le moment ne serait-il pas venu de promouvoir une véritable réforme de l’Etat ? La décentralisation s’est accompagnée depuis 30 ans d’un renforcement de l’Etat par le jeu de la déconcentration publique. Il serait utile de supprimer les doublons, qui demeurent dans les collectivités locales, dépourvus de moyens propres et qui continuent à s’immiscer dans les politiques locales comme celle de l’innovation, et à les contrôler, comme celle de la DRAC dans le domaine culturel. Cela apporterait une simplification pour les exécutifs locaux et permettrait des économies de fonctionnement notables.

Ne pourrait-on envisager de supprimer nombre d’organismes plus ou moins actifs dont l’utilité et surtout l’efficacité restent à démontrer : le Conseil économique et environnemental est l’un d’eux. Le nombre de ses membres  pourrait être divisé par quatre et ses fonds par 10 sans parler de leurs pendants régionaux qui pourraient disparaître.

JM et C. Leclerc

La réforme territoriale – Création du millefeuille

 Les départements, – bizarrerie française, zone que l’on peut traverser à cheval en un jour –  ont  une mère, la Révolution française qui a fait de ce découpage un outil vers l’égalité entre les territoires. L’Empire napoléonien s’est appuyé sur cet instrument d’unification pour étendre partout le pouvoir de l’Etat central. La Troisième République en 1871 consacre les départements en collectivités territoriales appelées désormais « conseils généraux », et leurs membres sont élus au suffrage universel… masculin.

Le 2 mars 1982, jour de promulgation de la première loi de décentralisation, la fonction du département change de sens (Loi dite Defferre), le préfet cesse d’en représenter le pouvoir exécutif, qui passe désormais sous la pleine responsabilité du président élu du conseil général, conformément à l’organisation constitutionnelle des pouvoirs (parallèle entre les articles 34 et 47 de la Constitution).  Bien entendu les décisions des conseils généraux sont soumises à la loi. Mais le « contrôle de légalité » n’est plus fait a priori, par décision du Préfet, mais a posteriori par la juridiction administrative.

Du côté des régions se joue en parallèle une mutation comparable : en  1986, les membres des 22 conseils régionaux (départementaux ! ) sont élus pour la première fois au suffrage universel, mais leur lien réel d’élus au territoire est en partie dissous par le scrutin de liste. Ces régions ne sont pas des « Nomenclatures des Unités Territoriales Statistiques »  (NUTS) de niveau 1 comme le souhaite l’administration de l’Union européenne. Ces « NUTS 1 » ne correspondent à aucun échelon administratif existant ; pas plus les 22 régions actuelles, que les 13 proposées (finalement) par le gouvernement, ou encore les 7 selon le découpage des circonscriptions électorales européennes en France métropolitaine. Ces régions dites ″de taille européenne″ seront, selon l’administration de l’Union européenne, les 8 régions taillées en rapport avec un ancien classement de l’INSEE effectué en 1967 et affublées d’un nom étrange : les Zones d’Etudes et d’Aménagement du Territoire (ZEAT).

Le mythe de ces 3 niveaux de région et celui de la région de taille européenne conforte le ressenti d’une approche purement technocratique, prétendument commode pour l’administration, mais sans rapport ni avec l’Histoire, ni avec la volonté des Français.

Les tentatives successives, à partir des années 70, de faire de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR) une ressource au service des collectivités territoriales, ont été régulièrement contredites par les réflexes décidément jacobins du pouvoir central.

La bête noire des pourfendeurs du millefeuille (comme moi ?) est la « clause générale de compétence » souvent déformée à bon escient en « clause de compétence générale »

Dès 1884, la loi accorde aux communes une capacité d’intervention sur tout ce qui concerne l’intérêt public. Cela leur permet d’assurer outre leurs responsabilités spécifiques, comme celles de tenir l’état civil ou de construire les écoles communales, mais aussi de délibérer sur tout sujet qui relève des affaires de la collectivité. Les lois de décentralisation de 1982 à 1985 en confortent la portée, consacrant par là même l’institution : ainsi  les collectivités territoriales  sont désormais investis de vrais pouvoirs représentatifs pour des  responsabilités étendues, exercées par le biais de l’autonomie financière (la Dotation Générale de Fonctionnement, DGF).

 La « clause générale de compétence » différencie les collectivités territoriales des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) qui n’ont l’autorisation d’agir que dans le cadre d’attributions précises et qui, de ce fait, constituent, aux yeux de certains, plutôt des commodités administratives que des pouvoirs décentralisés de plein exercice. L’Etat est-il capable de réellement confier d’une main des parties de son pouvoir sans le reprendre de l’autre ?

 Les intercommunalités, qui réunissent pour des fonctions précises des communes sans distinction de couleur politique, deviennent des établissements publics de coopération intercommunale et ne peuvent intervenir que sur les missions qui leur sont explicitement reconnues. Cela les distingue des collectivités territoriales sans modifier le statut constitutionnel de ces dernières.

 On peut donc dire que depuis la loi Defferre de 1982, la France est entrée dans une logique de gouvernance à plusieurs niveaux mais sans s’être dotée d’une réelle doctrine construite sur une cohérence des compétences décentralisées entre niveaux, ou sur des principes hiérarchisés

une règle d’or

 Depuis des décennies, l’Etat propose et fait voter des Lois de Finances présentant toujours un budget en déficit. La loi interdit cette liberté comptable aux collectivités locales lesquelles sont tenues à « la règle d’or », c’est-à-dire à un budget en équilibre. En d’autres termes pas de dépenses supérieures aux recettes ! Les chiffres sont d’ailleurs sans appel : la dette  de l’ensemble des collectivités territoriales et de leurs groupements ne représente que 6,5% de la richesse nationale (PIB). Par ailleurs les collectivités territoriales sont responsables de 8,9% de l’ensemble de la dette publique alors qu’elles assurent 71% de l’investissement public (écoles, infrastructures de transport, etc.) lesquels sont source de  milliers d’emplois.

 Depuis plus de 30 ans les lois de décentralisation ont marqué la gouvernance de notre pays, accentuant de ce fait l’importance du millefeuille. Cependant, en dépit des promesses de simplifications administratives et de réductions budgétaires, les réformes mises en place se sont appuyées et s’appuient en pratique, dans les faits, sur deux échelons de décision, les régions et tous types d’établissements de coopération intercommunales, mais sans rien retirer ou modifier des marges d’autonomie des autres collectivités.

Aujourd’hui l’Etat ne semble pas capable de gérer la réforme de ce millefeuille et nous invite à la réflexion autant qu’à voter. Au moins, pas de quoi s’abstenir ! Mais que deviennent alors les expatriés dans cette élection ?

JM avec C. LECLERC

Strong Power, Weak Power, in Cambodia ?

Le Cambodge n’en peut plus !

La nécessité d’un changement vient d’apparaitre au grand jour a l’occasion d’un projet d’investissement de barrage hydro-électrique !

On appelle habituellement les dirigeants cambodgiens de Strong Power depuis que … l’ancien Roi Norodom Sihanouk eut qualifié l’actuel Premier Ministre encore aux affaires de « Strong Man ». Mais  l’actualité du  » power  » aujourd’hui au Cambodge, c’est bien de l’électricité dont il s’agit. De grands efforts ont été entrepris depuis 20 ans pour rationaliser l’offre d’énergie électrique et améliorer la distribution mais les besoins ne cessent de grandir en même temps que la croissance de la population et celle du développement économique.

Chaque nouvel investissement important entrepris aujourd’hui affaiblit la capacité du pays à fournir … donc à produire de l’électricité au nouveau venu.  Il faudra importer de nouveaux kilowatts et stocker de l’électricité venant de … l’un des trois pays voisins (Thaïlande, Laos et VN)  !

Alors, Weak Power ? En quelque sorte, oui, puisque le Cambodge est devenu complétement dépendant en matière d’approvisionnement de ses voisins. Le pays en effet importe plus d’électricité qu’il n’en produit. La production traditionnelle s’élève a 1 769 Mégawatts/an et l’importation à  2 280 Mégawatts, dont les 3/4 viennent du Vietnam. A quel prix ?

Le gouvernement du Cambodge avait planifié de mettre progressivement en place 12 projets de production dont certains à énergie fossile, pour parvenir a l’autosuffisance en 2020, selon les prévisions. Le premier de ces projets d’équipement et d’aménagement du territoire consistait à construire un petit barrage hydroélectrique dans la vallée d’Areng dans la province de Koh Kong, située au Sud-Est, proche de la Thaïlande, capable de produire 108 Mégawatts à compter de 2017, il  vient d’être suspendu pour des raisons essentiellement politiques, actions diverses liées a l’opposition au gouvernement royal mais aussi a des ONG … bien pensantes mais sans doute trop nombreuses et mal orientées dans ce pays.

Opposition contre un projet qui n’est pas sans rappeler l’accueil des machines a vapeur … sur le territoire français ! Ou le débat actuel sur notre barrage  » de confort « , Sivens, dans le Tarn.

… Areng ? Sivens ? Même combat ? Sûrement pas. Comment expliquer la relativité des choses à des écologistes comme à des politiciens ?

… strong power, weak power … Ot mien phleung. No power…

Au Cambodge, le peuple a besoin de cette électricité. Il serait temps que certains Occidentaux comprennent que leurs ancêtres sont passés par le Moyen Age… et la Révolution industrielle. Nous sommes tous pour la protection de l’Environnement (surtout sur les dernières zones sauvages de ce merveilleux pays des Cardamones) mais qui a vraiment conscience du besoin urgent « d’environnement quotidien » pour les gens qui n’ont pas encore l’électricité dans leur maison ou dans leur village ?

Ah ah ! Ah oui vraiment, Cadet-rousselle, rentrez chez vous maintenant.

L’opposition cambodgienne, d’où qu’elle vienne, ne fait pas du Zola, ni un vrai problème de cette zone-là, mais s’appuie sur le manque de transparence des appels d’offres et surtout sur le rejet viscéral du principal fournisseur supplétif actuel. Mésententes dommageables. Il est vrai que, dans le même temps, la construction du nouveau bâtiment abritant le siège social d’EDC (électricité du Cambodge) apparait maladroit face à la misère du réseau public de distribution de l’électricité dans la Capitale, comme ailleurs. Il suffit de lever les yeux, aux … fils des travaux !

Eh ben oui. Le problème est là.La transparence et la clarté dans des appels a concurrence lorsqu’ils existent (!) sont des éléments déterminants de la lutte contre la corruption, de la bonne gouvernance et de la capacité à s’entendre TOUS sur des projets vitaux pour le pays.

Ancien chargé de mission auprès du chef de service de la Concurrence du MINEFI (DGCCRF) sur la construction du Viaduc de Millau, l’auteur de cet article appréhende le chemin a suivre. Le problème c’est qu’au Cambodge, ici, le chemin est encore long (écrire un Code des Marchés Publics ? Un code de procédure ? une justice administrative ?) et le chemin reste aussi ombrageux et que pour y voir clair faudrait commencer par faire  effectivement la lumière… ! Et que le power soit mieux réparti.

Ce sera sans doute le cas lorsque l’ensemble des dirigeants politiques de tous bords pourront faire barrage au ridicule d’une situation qui se fait aux dépends du prix du kilowatt/heure pour le pauvre cambodgien. Lui s’en fiche de la qualité durable et environnementale du  » power « , du combat des écolos dans une vallée à inonder, il en demande, c’est tout. Pour vivre. Vivre avec énergie. Ce cher power qui divise et qui … devise !

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Chiffres EDC / PP Post / JMDF –

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Importance du choix des couleurs en Thaïlande

 par Michele Jullian (blog)

Le choix des couleurs de vêtements en Thaïlande a toujours eu une signification particulière. Jusqu’à ces dernières années, et surtout en province, c’était une tradition qui puisait ses origines dans la mythologie hindoue. Ainsi dimanche (influencé par la planète Soleil) était rouge, lundi (Lune) jaune, mardi (Mars) rose, mercredi (Mercure) vert, jeudi (Jupiter) orange, vendredi (Venus) bleu et samedi (Saturne) violet. Le personnel de certains petits restaurants, comme « Saïlom Joy » à Chiang Mai par exemple, respecte scrupuleusement ce rituel.

Certains jours où, par le plus grand des hasards, mon choix vestimentaire coïncide avec la tradition, on me fait de petits signes d’approbation complice. Mais le choix de ces couleurs, jusqu’ici rituel et religieux, a pris une toute autre signification aujourd’hui, il est devenu politique et indique l’appartenance à un des deux mouvements qui mènent la danse dans le pays depuis 2006 : les « chemises jaunes » et les « chemises rouges ».

En 2006 donc, la Thaïlande célébrait le jubilée du roi : soixante ans de règne et une année tout en jaune, car le monarque est né un lundi, jour de la lune. Mais  cette année là a été marquée par un autre événement : le renversement du Premier Ministre Thaksin Shinawattra par un « coup » militaire soutenu par des « chemises jaunes » se réclamant du roi.

Plus tard, par opposition à ces « jaunes », sont nés les « chemises rouges », fervents partisans de l’ex « Premier » Thaksin. Les « jaunes » (PAD: People’s alliance for democracy) et les « rouges » (DAAD: Democratic alliance against dictatorship), frères ennemis, manifestent régulièrement à  Bangkok,  vêtus de leur couleur et avec plus ou moins de violence, depuis septembre 2006.

La base des « jaunes » est issue de la classe moyenne et supérieure du pays et se considère comme l’élite de la nation,  tandis que la base des « rouges » est constituée d’ouvriers et de paysans du nord (d’où est originaire Thaksin) et du nord-est (Isan), la province la plus pauvre du pays. Pour simplifier, les « jaunes » souhaiteraient qu’aux  prochaines élections, les votes des « rouges » n’aient pas la même valeur que les leurs, élite oblige !

Les « jaunes » considérant les « rouges » comme incultes, bon, ici on dit plutôt « baan nok » (un terme un peu méprisant qu’on pourrait traduire par  « plouc »). Deux camps, deux couleurs… Simple en apparence, mais en politique, les choses sont plus compliquées et je ne me lancerai pas dans une explication très ennuyeuse pour les non thaï.

Cette année, le 14 février, jour de  la St Valentin, fête des amoureux, coïncide avec le Nouvel An Chinois, année du Tigre. L’amour et les roses sont rouges, c’est aussi couleur de chance pour les chinois. A Bangkok, afin de ne pas afficher une couleur qui vous désignerait comme partisan ou adversaire d’un Premier Ministre en exil, certains magasins proposent donc des tee-shirts et des vêtements de couleur « rose ». En rendant visite à mon moine préféré ce matin, je lui demande incidemment –  alors que je connais parfaitement son appartenance –  sous quelle bannière il se range, il me répond, avec un sourire sage et retenu : « tout le temps que je suis au temple, je ne suis ni « jaune » ni « rouge », je suis « orange ».

Et moi je ne porte ni jaune ni rouge, des couleurs qui ne siéent pas aux blondes !!

La Thailande reprend des couleurs !

Depuis le Coup d’État de mai 2014,

le Royaume de Siam reste dans les divisions et l’instabilité’ politique. Et pour cause ! – Les maux qui ont conduit le pays au bord du chaos sont toujours là. Les « Rouges » et les « Jaunes » sont campés sur leurs positions, ils subissent. Quelques leaders obligés de se taire et ça fait du bien ! Les militaires sont tombés du ciel juste avant la possible guerre civile comme un « arc » multi-colore. Néanmoins, la couleur « camouflage » qui a pris les rennes du pouvoir, du brillant fauteuil de premier ministère jusqu’aux rangs choisis de l’Assemblée, sous la teinte de la normalité durable, un peu grise, ne trompe en fait personne.

Quelle couleur aujourd’hui ? L’argent n’a pas d’odeur mais ne pourrait-il pas avoir une couleur ? Le pouvoir veut nettoyer l’argent sale et lutter partout contre la corruption. Effectivement partout. Il semble y parvenir dans certains secteurs. La grande lessive contre des « maffias » locales est en cours. Des policiers véreux ont été arrêtés. Sans doute pour l’exemple. Sinon …

Même purge brutale chez les grands chefs. Le nettoyage des vols, des drogues et des crimes est loin d’être terminé alors qu’une nouvelle Constitution entre en discussion pour occuper la période de … séchage et de repassage du beau linge. Passer et repasser, en Thaïlande, les Militaires savent le faire depuis plusieurs décennies. Cette fois, le pays ressortira effectivement un peu plus propre. Ce qui ne veut pas dire : blanc.

Les tensions ne semblent plus palpables dans Bangkok en ce moment mais elles sont sûrement vives dans certains cercles colorés où les réunions sont cependant toujours interdites par la loi martiale. Qui connait la couleur de l’underground ? Même L’opinion publique ne s’exprime pas dans un tel contexte de contrôle et de censure. Mais les Siamois sont soudain tous d’accord pour avancer vers des standards éthiques. Enfin un point commun. Heureusement puisqu’il conviendrait de rechercher une nouvelle génération de politiciens intègres. Sinon, l’avenir risque de ne pas être rose.

L’économie thaïlandaise a subi le « contre-coup » des événements semant le trouble dans la Capitale, alors que le Nord semblait s’isoler et que le Sud séparatiste continuait à déstabiliser la cohésion nationale. Plusieurs points de PIB ont été ainsi perdus ces dernières années pour faire de ce pays l’un des moins performants de l’ASEAN en 2014. Qu’en sera t-il en 2015 ? Il est prévu de remonter vers les 4 % de croissance. L’économie va t-elle reprendre bientôt des couleurs. En attendant, la société civile s’interroge. La saison chaude est arrivée. Le soleil perce de sombres nuages, il est comme toujours jaune-orangé. Un signe ? Du Jaune au Rouge, ça semble compatible, non ? Les Thaïs confondent si souvent, dans leur langue, le bleu et le vert…

Le « business » aussi en est ébranlé. Y aurait-il de l’argent sale et où ? Celui de la prostitution et des trafics, certes. Mais où commence un trafic en Asie ? En s’attaquant aux marchés troubles et en remettant en cause des concessions et des marchés publics engagés par les anciens dirigeants politiques élus, forcément, des secteurs économiques et des décideurs s’interrogent sur l’impact de la machine à broyer du noir mise en marche. Pourvu que les investisseurs, les pays amis et les touristes maintiennent leurs projets… et que l’ouverture du marché régional conforte les rêves de reprise à l’export.

Les rumeurs ne peuvent s’empêcher de penser que la situation va durer jusqu’au prochain événement. La succession … des efforts entrepris par le chef de la Junte, devenu PM pour normaliser le fonctionnement de la société, permet de remettre des projets de développement en chantier (production électrique ; transport ferroviaire) sans les freins récurrents créés par la corruption. C’est louable. Est-ce durable ?

Même le bouddhisme se prend les pieds dans la natte. La presse blâme certains moines et d’autres risquent d’être tout simplement défroqués pour avoir … ouvert des comptes en banque.

Le plus dur, dans ce pays sans chômage parce que tous les petits boulots sont tolérés depuis des siècles, … c’est la dernière manœuvre de balayage  : les trottoirs remplis de vendeurs de soupes et de petits commerces forains, devraient être nettoyés eux-aussi. Un ancien premier ministre n’avait-il pas été dans ce sens, fermant à minuit les bars touristiques et les bordels ? Attention, l’économie informelle ne risque t-elle pas de ce fait d’annihiler les couleurs de la reprise ?

Ah ah ! Ah oui vraiment, comme dit la chanson au pays de Siam : tout va très bien, Madame …

 JMDF