Dans l’ASEAN, un « axe du mal » en quelque sorte serait-il en train de se révéler faute d’apparaître au grand jour ?
Un mal d’absence de réelle démocratie dans le fonctionnement du quotidien des gouvernements de chaque État membre. La stratégie de défense du territoire conduit à des pouvoir forts. L’indice majeur de cette situation réside dans le renforcement constant de puissants leaders bien encadrés par des militaires. Ou bien … les militaires tout simplement au pouvoir, de façon visible ou cachée.
Au Nord, deux pays sont en pleine puissance de stabilité, à la recherche d’un développement qui tarde, dans le giron de la grande Chine. Certes, dans le plus grand d’entre eux, les militaires longtemps aux manettes ont redonné le pouvoir aux représentants du Peuple mais ils sont encore, en fait, derrière les processus de développement économique stratégique. Et les minorités ne semblent pas encore trouver là leur place dans l’unité nationale. Chez le plus petit pays, depuis cinquante ans corseté, il y a longtemps que les militaires n’ont pas redonné le pouvoir aux représentants du Peuple et ils n’envisagent même pas de le faire. Il est vrai que le matin calme fournit des crépuscules endormis ! Pauvre pays qui reste sous pression de ses amis communistes.
En descendant vers le Sud, trois pays de la péninsule, tournés plus ou moins vers la Mer de Chine, sont depuis plusieurs décennies en pleine croissance. Bien que très différents sur le plan institutionnel, de peuplements très différents, ils présentent politiquement des caractères étrangement communs dans leur mode de fonctionnement et la tendance à travailler « à l’asiatique » sans vraiment le souci des droits humains les plus essentiels ou les plus démocratiques. En Asie, l’important est le but. Peu importe les moyens. On ne juge moralement des moyens qu’à l’aune de l’efficacité. Ce qui ne manque pas de créer des situations peu avenantes.
Ainsi, choisissez : pouvoir autoritaire, cercle de dirigeants gouvernementaux « professionnels », compromission avec les milieux d’affaires, népotisme, médias contrôlés et asservis, opposition réduite au silence, mises à l’écart, élections sous surveillance, clientélisme, toute puissance de l’argent, exploitation des plus faibles, riches dirigeants toujours plus riches, blocage générationnel, misère des campagnes, absence de protection sociale, justice soumise, et corrompue, inégalités des droits, sens moral en déclin, système scolaire public incapable, ascenseur social limité, pauvreté majoritaire et … surtout … puissants militaires omniprésents.
Plus au Sud..; jusqu’au bout de la péninsule malaise, la force militaire devient plus ou moins évidente et ne permet pas même à Singapour-la-belle d’apparaître très démocratique alors que les qualités intrinsèques du pays sont tout le contraire de ce qui est décrit ci-dessus. Cela porte à réflexion. Pourquoi quand on devient riche, décide t’on d’acheter des armes ?
Alors restent les îles. L’Indonésie où la puissance militaire tente de se cacher derrière un certain respect des institutions démocratiques, est dirigée maintenant par un président élu ! Le pays peut être décrit comme en transition, et demeure en observation. Restent les Philippines ! Là, la puissance militaire n’est pas vraiment locale mais plutôt américaine. Le budget de la dépense tente de rattraper son retard. Les institutions démocratiques viennent de porter au pouvoir un président élu pour le moins étonnant. Est-ce un signe des temps où la démocratie montre t’elle ici ses limites comme ailleurs. Alors, laissons-les également en observation.
Dans le fond, cet axe du mal démocratique revient à éclairer l’Asean d’un regard particulier qui n’est pas forcément antipathique puisqu’en Asie les limites apportées à la démocratie semblent renforcer la stabilité régionale…
Chacun peut cependant regretter que ce soient souvent en cette période les militaires qui crient « Aux armes citoyens » en imposant l’augmentation constante de leurs moyens…
JMDF