Il se passe nettement quelque chose depuis des mois au Royaume du Cambodge. Le développement économique (à marche forcée) engendre des changements importants et assez surprenants.
Le Chef du gouvernement royal cambodgien, placé il y a trente ans au pouvoir par les autorités vietnamiennes invasives (qui se retirèrent tout doucement en 1989 permettant le retour de la Paix entre les Cambodgiens), serait-il en train de changer d’amis avec ou sans leur accord ?
Les investisseurs chinois, touchés chez eux par le ralentissement de la croissance, envahissent en effet ces dernières années la capitale Phnom Penh alors que, dans le même temps, quelques résidents vietnamiens sans papiers ont été refoulés sans scrupule.
Des projets chinois s’emparent d’ailleurs de toutes les grandes villes du Royaume. Centres commerciaux, résidences et villages péri-urbains, hôtels … Et des travailleurs chinois, avec ou sans permis de travail, sont souvent regroupés sur place dans des logements de fortune.
Les immeubles et les tours qui grimpent à travers la Capitale déploient des enseignes chinoises révélatrices.Les routes sont refaites par des entreprises chinoises. Les engins de chantier sont de même origine. L’Empire du Milieu débarque en Ssie du Sud-Est. Même les pagodes chinoises ne se cachent plus.
Les petits commerces, restaurants, boutique-hôtels, qui affichaient leurs enseignes en Khmer et en anglais (le français hélas disparaît !) y ajoutent maintenant la langue chinoise. Les Cambodgiens qui s’étaient mis depuis vingt ans à apprendre le koréen dans l’espoir de trouver du travail devraient se mettre dare-dare à la langue de Confusius…
Le tout récent Forum Chine-Cambodge (The Cambodia-China Business Forum) ne vient-il pas d’accueillir plusieurs centaines d’investisseurs chinois potentiels avides de profiter de la croissance économique de ce pays qui pourrait encore atteindre des records cette année parmi les pays de l’Asean ? Parmi les entreprises de construction et de travaux publics, se trouvaient aussi les Chinese Railways ainsi que des « Metal firms » recherchant un partenaire afin de produire de l’acier cambodgien.
Si ces prjets de développement semblent plutôt de bon aloi, bien des acteurs économiques et touristiques du pays ne cachent pas une certaine inquiétude. N’est-ce pas progressivement et inéluctablement vendre des morceaux du pays et particulièrement l’industrie touristique cambodgienne ?
Chacun sait trop en effet que les « troupeaux » qui déferlent de plus en plus sur les sites angkoriens ne font que les détériorer sans autre retombée financière sur l’économie locale puisque pour les groupes de Chinois, accueillis par des agences chinoises, les touristes ne quittent que rarement leur groupe et dorment et mangent dans des établissements chinois de Siem Reap…… Savent-ils d’ailleurs qu’ils sont au Cambodge ?
Certes, la Chine éponge chaque année le déficit budgétaire mais est-ce une raison pour lui donner les clefs du développement ? Il est permis de se demander si cette stratégie est vraiment délibérée. Est-ce que le Ministère du Tourisme prévoit bien d’accueillir, toujours plus, chaque année des millions de Chinois ?
JMDF