Ah ! La mousson !
Ce mot fait frémir ceux qui ne la connaissent pas.
Les géographes ont du mal à la définir et, dans les écoles, les cours se contentent d’une approche très grossière des pays lointains entre les Tropiques et l’Equateur.
Le mot mousson vient de la langue arabe, vraisemblablement de très loin dans le temps, de l’Afrique de l’Est vers l’Océan Indien… Il est né là.
(mousson est un mot qui provient (par le portugais) de l’arabe mawsim et qui signifie saison, désignant notamment « la saison favorable à la navigation » vers l’Inde dans l’océan Indien. C’est un flux de masses d’air, originaires d’un hémisphère géographique et qui s’intègre dans la circulation du second hémisphère. Wikipedia)
Le phénomène climatique que représentent les moussons saisonnières ne doit pas faire oublier que ce sont surtout des vents (nés de discordance de pressions atmosphériques avec les pôles) ! Des vents certes mais aussi ce sont des courants marins qui vont de l’océan Indien (Sud de l’Arabie, Djibouti …) aux mers de Chine et du Japon dans l’Océan Pacifique.
Vents et courants marins se conjuguent-ils ? L’un entraîne l’autre ?
La partie centrale de la Terre est une zone de mouvements intenses sur notre petite planète tournante. Le plus surprenant est que ce phénomène de vents allant dans un sens puis dans un autre selon les périodes de l’année, a engendré des migrations de populations à travers les siècles. Le vent c’est le moteur des bateaux et forcément il aide à mettre en contact des populations très diverses. Soit de manière terrestre, soit le plus souvent le long des voies maritimes et des îles.
Les moussons seraient-elles à l’origine des grandes invasions ? La route du Nord ? Pas celle des Vikings mais celle des Huns !
Sans mousson, pas de Gengis Khan et de Marco Polo ? Pas de riche Egypte ? Pas d’Empereurs Chinois ? Pas de Pondichery ? Pas de Hué ?
Les moussons ont facilité depuis l’Antiquité les voyages. Ce sont les grands mouvements des peuples marins et les voyages découvertes de l’Ouest vers l’Est. De l’Arabie vers l’Inde d’abord puis vers l’Asie du Sud-Est puis vers la Chine.
Et inversement, de la Chine vers l’Asie du Sud-Est et puis vers l’Inde, Ceylan, Madagascar. Voyages sur les mers qui donnent accès aux îles et aux presqu’îles favorisées comme des ports et des comptoirs marins d’où partent ensuite tous les échanges, notamment des épices, puis des textiles. Jusqu’à Venise … ! Oui, le commerce fut d’abord indien, persan, arabe, chinois … Et plus tard, portugais et anglais. Les Français (et les Espagnols ?) n’ont pas à rougir mais furent un peu à la traîne comme avant eux les Grecs et les Romains. Ils arrivent toujours en retard dès qu’il pleut…
Les peuples de marins situés non loin des zones tropicales ont été curieux d’utiliser les mouvements climatiques même si la mousson contraint les bateaux à s’accommoder de son calendrier très particulier puisqu’elle souffle alternativement d’Ouest en Est et quelques mois plus tard d’Est en Ouest. Et elle pousse les embarcations quand elle le décide. Dans le même temps, la force des vents déclenche des nuages, des orages et de violentes pluies. Les pluies gonflent les rivières et les fleuves qui deviennent navigables. Ces mêmes pluies changent alors les habitudes des terriens.
Les travailleurs saisonniers ont été inventés par les moussons. Les pluies de mousson sont violentes. Ces pluies favorisent les cultures et parfois les anéantissent. Elles font tomber les températures excessives mais aussi ravinent les terres défrichées… Ce qui est effrayant, c’est que la mousson peut apporter inondation ou sécheresse. Les six premiers mois, les vents poussent les nuages des mers vers les terres et les pluies peuvent créer de terribles inondations. Six mois plus tard, les vents soufflent des terres vers les mers et peuvent créer des périodes de grande sécheresse !
Les sociétés et les populations touchées par les moussons ne sont pas les mêmes qu’ailleurs sur la planète. Elles s’adaptent et développent une philosophie liées aux incertitudes et aux lendemains difficiles. Demain viendra du ciel. La pluie fait aussi pousser les religions.
Dans le fond, toutes les religions ne seraient-elles pas nées autour de l’Océan indien, du monde arabo-musulman jusqu’au bouddha ?
La mousson a donc aussi inventé l’expression : le ciel va vous tomber sur la tête.
La route des moussons, les grands voyageurs, les grandes découvertes, soyez au courant, tout cela c’est du vent !
JMDF