La Junte militaire au pouvoir en Thaïlande depuis quatre ans a bien interdit toute activité politique et tout rassemblement. Ceci avec force et répression. Cependant un parfum de démocratie est peu à peu en train de renaître (c’est gênant ?) … si la Junte veut vraiment sortir de l’impasse et organiser des élections en février 2019 !
En effet, alors que le goût de la politique a été bridé pour une population de plus en plus affamée d’expression publique et de développement des idées (et des programmes ?), pour organiser des élections libres, il est nécessaire pour un retour à la normale de faire place à des partis politiques.
La Junte avait soigneusement étouffé les principaux ingrédients, de gauche et de droite, des couleurs, rouges, jaunes, blanches ou bleues… Ni rassemblement, ni table ronde, ni manifestation du moindre appétit. Pour que les Thaïlandais n’aient aucun désaccord à se mettre sous la dent.
Cependant, la junte est maintenant bien obligée de faire appel à de nouvelles épices pour essayer de redonner du goût aux citoyens devenus craintifs devant les institutions et le fonctionnement d’un Royaume qui a changé de tête.
Or, ce ne sont pas moins de quarante nouveaux partis qui viennent de s’inscrire à Bangkok en ce mois de mars 2018. Nouvelles épices sur la table, nouveaux logos, nouveaux noms, nouveaux dirigeants ! Un véritable parfum de démocratie est en train de naître et difficile sans doute à maîtriser par des généraux qui se mettent en civil comme souvent lorsqu’ils veulent essayer de se faire aimer pour se faire élire …
Il reste encore deux semaines pour que de nouvelles épices apparaissent. Toutes seront-elles acceptées ? Sans slogan, sans programme …
L’impatience des citoyens grandit. Professeurs et étudiants dans les universités trépignent de pouvoir s’exprimer librement. Sera-ce possible bientôt ? Comme sur une table siamoise, les plats proposés sont nombreux, les goûts et les couleurs différent. Gare à celui qui n’y prend garde et mange goulument après avoir tant attendu. Il faut sans doute avaler doucement cette joie contenue (et quelques couleuvres sans doute) sous peine de s’étouffer. Et la démocratie risquerait alors d’être trop épicée et de mettre le feu…
Au palais.
C’est bien connu, la cuisine thaïe, attention !
Certains partis semblent soutenus et crédibles. Quand on lit : parti démocratique du Siam, on se prend même à rêver d’un pays à reconquérir. La population manifestement serait prête à se faire entendre et à respecter les règles du jeu d’une Constitution qui a fait table rase du passé mais donné plus de pouvoir à des sénateurs nommés qu’à des représentant élus.
La crainte reste que ces candidatures ne soient pas toutes approuvées (surtout ne soutenez pas un membre de la famille maudite ! Vous voulez voter pour qui et faire voter pour qui ? ). L’autre crainte est que la campagne électorale ne soit pas engagée, pas ouverte, prochainement ou cette année et que le couvercle qui bride l’information ne soit pas levé à temps…
Si les activités politiques sont bannies jusqu’en novembre, la cuisine sera sans doute en ébullition ; et bien trop à l’étroit.
Et l’écume sans saveur risquerait alors de faire apparaître un nouveau plat facticement civil au pouvoir.
L’enjeu est de taille !
JMDF