A la fin de l’année 1993,
Année électorale cruciale pour la démocratie au Cambodge, une subvention d’encouragement du Ministère français des Affaires Étrangères est annoncée aux dirigeants du journal LE MÉKONG. Ceux-ci ne cessent, par ailleurs, de s’adresser à l’Organisation Internationale de la Francophonie (AUPELF-UREP) pour maintenir à flot une opération courageuse démarrée sans fonds et qui tarde à se pérenniser.
Chaque numéro du magazine « LE MEKONG » doit être financé par la publicité du numéro précédent. Jacky Gagne se démène pour trouver des annonceurs et surtout pour réclamer leurs dûs.
Un sponsor majeur est recherché par le petit groupe de dirigeants bénévoles. TOTAL qui tarde à s’implanter retire son soutien financier pour … un logo mal typographié dans les numéros précédents. Une visite à AIR FRANCE Gare Montparnasse n’offre pas de perspectives à court et moyen terme. L’équilibre du journal restera fragile, les dirigeants se refusant de regarder vers les entreprises locales de … bières et tabacs.
Heureusement, les pigistes de renom ne sont pas gourmands. Le « magazine de l’Asie du Sud-Est », comme l’indique son sous-titre, tire à moins de cinq mille exemplaires mais son renom est grandissant dans la région. Ses articles et de nombreuses photos resteront à jamais un témoignage de cette période de l’Histoire du Cambodge et des pays voisins.
YVES, l’un des actionnaires et l’entreprise de bâtiment LBL, un autre, mais ce sont des PME, remettent de l’argent sur la table pour renflouer les fins de mois difficiles. Les journalistes font des efforts pour assurer le bouclage dans les meilleures conditions. Chaque numéro semble présenter un magazine de meilleure qualité. Il commence même à s’expédier en France.
En 1994, l’Organisation de la francophonie revient vers les Éditions du Mékong avec ce discours : « on vous aidera si vous faites un journal uniquement cambodgien » ! Cela tombe bien, Kong Rithy Chup, Un ami cambodgien dirigeant notamment le Cercle Sportif de Phnom Penh, a rejoint le Conseil d’Administration. Quelques journalistes cambodgiens ont rejoint l’équipe de rédaction. Tout est favorable pour répondre : « Chiche » !
C’est ainsi que va naître en 1995 le désormais fameux quotidien cambodgien « Cambodge Soir ». Dans l’euphorie de cette nouvelle étape importante de développement, les dirigeants ne prennent peut-être pas garde que l’aide de l’Aupelf-Uref (au seul but : Cambodge Soir !) allait accroître le besoin de trésorerie de l’ensemble de la société d’édition et automatiquement fragiliser le magazine régional qui rentrait dans sa troisième année d’existence.
L’intervention malvenue de l’Ambassade de France, connue alors plus pour ses cocktails que pour son soutien aux entreprises, crée un malaise entre les dirigeants (dont un apparemment n’a pas ses faveurs !) et les journalistes souvent en contact avec l’Attaché de presse. Dans le même temps, le correspondant du MEKONG à Paris (bénéficiaire d’une bourse de la vocation !) ne rétrocède plus la recette des ventes France (des abonnés de plus en plus nombreux). Le coup est fatal pour la trésorerie. Le journal rate une parution mensuelle et ne pourra jamais redémarrer. LE MEKONG va mourir et permettre au jeune « Cambodge Soir » d’en profiter pour se développer.
… A suivre …
très utile cet article sur le passé et le présent de la presse française au Cambodge… avec un sentiment de nostalgie pour feu « Cambodge soir ».
J’espère que Jean de Froissart va relancer tout cela .
De la part d’un parisien chargé à l’époque de récupérer en France les abonnements pour Cambodge Soir!
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