Mes amis le savent : mon amour pour Bangkok est incommensurable.
Mon premier séjour remonte à 1977. J’ai connu cette ville avec passion. Dès le premier jour, descendu à l’Hôtel Trocadero sur recommandation de mon ami rémois Sanh, … … lorsque je suis rentré de ma petite promenade du crépuscule (il fait nuit à 18 heures toute l’année !), heureusement que j’avais repéré l’interrupteur de ma chambre spacieuse mais étrange … la chaleur et la fatigue auraient pu me faire tomber direct sur mon lit – un premier lit thai au bout d’un long voyage de vingt-quatre heures et trois escales – alors qu’il y avait quelqu’un qui m’attendait sous la couette (ou plutôt sous le drap blanc remonté jusqu’à une paire d’yeux bridés qui souriaient) ! Apparemment la notion de « chambre garnie » me semblait dépasser mes prévisions. Pas ma curiosité … !
Plus tard, j’ai découvert avec excitation le marché du week-end qui se tenait sur la grand place du Palais Royal (Sanam Luang near Wat Phra Kéo pour les connaisseurs) et moi qui n’aimais pas trop fréquenter les marchés, je ne parvenais plus à quitter celui-ci. Dans un environnement d’architecture grandiose, le … bazar de l’hôtel de Ville, façon marché sur gazon, étals à la terre, on y allait pieds nus … Il avait besoin de s’étendre et dans les années 80, le parc « Chat Ju Chak » fut créé qui attire maintenant les touristes du monde entier. A ne pas manquer. Là, il ne manque rien. Porte-monnaie garni dépensera jusqu’à fini !
Suis retourné ce jour à Sanam Luang et le bonheur de passer devant l’Université des Beaux-Arts et de contourner le splendide ancien Palais Royal fut terni par la surprise de ne plus retrouver le marché informel le long du fleuve Chao Praya. A chaque fois que j’y suis allé – au moins une fois tous les ans – je me promettais de n’y rien dépenser et, à chaque fois, je mettais la main à la poche du fait de la découverte ou de l’attraction … d’un objet sacré, une photo, un magazine, un vieux canif, une jolie montre d’occase. Et voilà que ce trottoir est vide… ! Les petits vendeurs qui faisaient, tous comptes faits, qu’à Bangkok il n’y avait pas vraiment de chômeurs inactifs, sont désormais interdits.
Ce lycéen qui jouait de l’harmonica avec trois bahts dans sa casquette pour payer ses cahiers, cet aveugle qui chantait dans le vide son espoir, ce vieillard désincarné derrière ses vieux bouddhas, cette dame énorme qui vendait des crêpes au sucre, ce vendeur de blue-jeans à patte d’elphs et à tous petits prix, la petite table du réparateur de montres, le punk qui découpait le cuir de votre future ceinture devant vous, les vieux sacs à mains, l’orange pressée, le quidam, l’anonyme, le passant, le touriste, … tous disparus. tout disparu. Fini le trottoir de Bangkok. De jour, pour le moins. Le quai me semble désormais bien dégarni.
Que sont mes amis devenus ?
Il est vrai qu’en mettant de l’ordre … les trottoirs se vident. Est-ce que les lits sont moins … débordés ?
N.B. : 680 vendeurs de rue sont actuellement priés de quitter les trottoirs de Huay Khwang, un quartier de Bangkok sur le chemin du marché du dimanche !
Jean je suis toujours intéressé par tes écrits dans lesquels je me retrouve. Continue donc à partager avec moi ces moments de ta vie passée et présente. Merci pour tout cela.
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