La Banque Nationale du Royaume du Cambodge (la NBC) a t’elle la capacité d’agir sur les monnaies en circulation et faire face à d’éventuelles crises économiques de … l’économie américaine ? Quelle question !
Avec une croissance de PIB de 7 % par an depuis 15 ans, le Cambodge est devenu non seulement un des pays en voie de développement les plus stables de l’Extrême-Orient, mais aussi un des Etats de l’ASEAN totalement original sur le plan de la circulation monétaire. Oui « circulation »…
La décennie des années 70 avec la période des Khmers Rouges avaient anéanti la monnaie combodgienne, Décennie 80, les Vietnamiens rétablissent la monnaie au Cambodge qu’ils occupent. Décennie 90, la dollarisation rampante amenée par les étrangers (APRONUC) s’accèlère d’année en année, l’inflation dérape alors que la révolution économique explose dans tous les secteurs.
Durant la décennie 2000, une stabilité totale du riel par rapport au dollar (1 pour 4000) est obtenue par la Banque Nationale du Cambodge (NBC) et la régulation monétaire du Trésor Public. Un vrai succès qui engendre de la confiance.
Nous sommes au XXIième siècle, dans la fin de décennie 10, celle de la reconquête progressive du riel sur le marché monétaire. Les dépôts en riels sont maintenant rémunérés à 7 % l’an par les différentes banques qui se multiplient sur la place financière de … Phnom Penh !
Le micro-crédit, lui, s’est développé dans toutes les provinces et c’est en riels que les agriculteurs empruntent pour une petite révolution de mécanisation… Les fonctionnaires sont payés en riels, les impôts sont maintenant dus en riels … C’est en marche.
Alors, ce pays le plus dollarisé de tout l’ASEAN – près de 85 % des transactions commerciales restent faites en dollars – peut t’il réussir cette politique courageuse de la NBC de retrouver son honneur et sa fierté ? Sa liberté ?
- Sûrement pas dans les trois prochaines années avec des investissements nombreux qui se poursuivent en 2019 encore en dollars. Mais gageons que la décennie 2020 pourrait bien inverser la tendance si tout le monde y met du sien (à commencer par les ministres ?). Le Fonds Monétaire international et la Banque Asiatique de Développement sont présents pour soutenir ces efforts méritants.
La confiance doit revenir chez tous les acteurs. Importateurs et exportateurs évidemment. Aussi tous les Étrangers (y compris les pays donateurs) qui continuent à tout « penser » en dollars et méprisent en quelque sorte les projets exprimés en riels cambodgiens ! Le riel doit devenir localement une unité de compte. A commencer par les touristes, bien sûr. Il conviendrait d’imposer à tous les touristes entrant au Cambodge de changer un équivalent de 100 dollars au minimum par personne…
Que dire des consommateurs locaux parfois pénalisés par des commerçants qui expriment les prix de leurs produits en dollars et contraignent leurs clients qui paient en riels à un taux de change défavorable ?
Ne faudrait-il pas que les dirigeants bancaires et autres obligent les dirigeants gouvernementaux à mettre des riels dans leurs poches ?
Et surtout dans celles de leurs ministères.
Quand on voit que l’entrée des temples d’Angkor à Siem Reap est affiché en dollars. Quand on sent que personne n’est capable d’imposer l’affichage des prix des produits de grande consommation en riels dans les magasins ? Quand les hôtels n’ont qu’une comptabilité en monnaie verte ! … il y a de quoi ne rien espérer…
Heureusement, le prix du litre d’essence se maintient en riels. Merci Cham Prasith…
Alors… ?
L’évolution sera lente. Il faut cependant prendre conscience du mouvement. Prenons rendez-vous pour … dans dix ans, lorsqu’un autre gouvernement décidera de procéder autoritairement à la dé-dollarisation accrue de l’économie cambodgienne.
Succès en 2030 ? – Sans doute. Pour l’Indépendance. Et pour l’Honneur.
(En attendant, allez visiter le nouveau Musée de Phnom Penh SOSORO ! C’est le Musée de la Monnaie et sans doute le plus beau de tout l’ASEAN. Une merveille qui vous fera tout comprendre …)
JMDF