Réouverture de la gare de Phnom Penh

Après 15 ans sans transport de passagers, le réseau ferré cambodgien anéanti par la guerre et l’obsolescence des équipements et des matériels, s’éveille à nouveau et va créer l’événement le mois prochain.

Déjà, les trains de marchandises, profitant de voies ferrées stabilisées et d’un nouveau ballast, avaient l’an dernier rendu agréable plusieurs fois par jour le sifflet strident d’un convoi ferroviaire entrant en gare. Mais ce n’était que du fret ! Et les grilles de la gare de la Capitale restaient désespérément closes.

Le 9 avril prochain, à 7 heures du matin, le samedi qui précède la semaine de congé du Nouvel An Cambodgien – date bien choisie – le premier train de passagers de la compagnie RR (Royal Railways) va s’ébranler de la gare de Phnom Penh. Un autre train partira à la même heure dans le sens inverse Sihanoukville-Phnom Penh.

Où vont-ils se croiser … ? Nul ne sait. A Takeo ?

La voyage inaugural sera sûrement complet sur la ligne conduisant à Sihanoukville, soit 266 km. Des arrêts importants auront lieu en province, Takéo et Kampot, et des arrêts occasionnels pourraient se produire, en l’absence de passage à niveau sur bien des portions de routes ou simplement des chemins fréquentés par des troupeaux, ce qui fait que l’arrivée à la destination finale (sur la côte comme dans l’autre sens) ne se fera qu’entre 15 et 16 heures, l’après-midi.

C’est une aventure, l’aventure du rail, et heureux ceux qui en seront. Les pionniers du 9 avril seront suivis par d’autres. en effet, les Cambodgiens devraient se préparer à dix années de nouveautés sur un réseau qui doit à terme devenir régional et se moderniser complètement.

L’actuel train cambodgien ne roulera qu’à 30 ou 40 kilomètres/heure, de quoi apprécier les paysages traditionnels cambodgiens, un peu secs en ce moment de saison chaude mais traversant des rizières, des espaces boisés et contournant le fameux massif du Bokor et sa jungle.

Il n’est pas précisé s’il y aura des ventilateurs. Qu’importe, fenêtres ouvertes à cette allure, ce sera un plaisir, même sans éventail, de lire du Marguerite Duras, bercé par les traverses et cette impression étrange d’être encore au XXième siècle … ou que ce train vous y ramène…

Pas de wagon-restaurant mais pas d’inquiétude non plus : à la cambodgienne, on ne manquera pas de petits vendeurs tout au long du parcours, ni de boissons plus ou moins fraîches. Pour les amateurs de grand air qui veulent entendre siffler le train : le prix du billet est fixé à 28 000 riels, soit 7 dollars. C’est un peu cher pour attirer les Cambodgiens habitués de la route les jours de fête. Mais il y aura bien aussi quelques étrangers en goguette, à la recherche des plaisirs désuets ou des aventures inénarrables.

Allons-y, on se retrouve à la gare ?

Le bâtiment endormi vient juste d’être balayé, les guichets, les mêmes, sont nettoyés à l’eau fraîche. Rien n’a changé. Même pas le cadran de la grande horloge qui marque  » 5 h ». depuis vingt ans !

Rien n’a changé, sauf que les trains redémarrent. Et si cette relance est un succès, elle sera sans doute poursuivie.

JMDF

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