Au Cambodge, comme ailleurs, la fin d’année économique et parlementaire est marquée par la préparation du Projet de Loi de Finances pour l’année 2016. Quel sera le Budget du Cambodge l’an prochain et sur quel point les efforts de développement seront-ils portés ? Les informations filtrent peu mais la communication laisse percevoir des perspectives de continuité.
2015 s’avère une bonne année dans tous les domaines, comment sera 2016 ?. L’Éducation continue d’être une priorité et d’investir sur l’avenir de façon prometteuse, avec sans doute un peu plus de moyens. Ensuite vient l’Industrie. On se demandait pourquoi l’important homme d’influence était passé du poste de Ministre du Commerce au portefeuille de l’Industrie et de l’Artisanat qui semblait a priori moins important ! Que nenni : le Gouvernement Royal vient le mois dernier de présenter aux acteurs économiques un ambitieux plan décennal de développement industriel du pays.
L’Agriculture commence sensiblement à bouger dans toutes les provinces. C’est heureux. Il y a un tel retard … La mécanisation fait son apparition. Des collectivités villageoises participent à un investissement trop longtemps absent dans les domaines traditionnels. L’élevage reste un peu à la traîne tant en quantité qu’en qualité. La consommation progresse mais les produits importés hélas aussi.
Néanmoins, pas de véritable changement fondamental de cap à espérer : la gouvernance est bien en place, l’économie parallèle reste florissante, les businessmen n’ont pas trop de soucis à se faire pour s’implanter ou s’enrichir. L’important est de savoir s’y prendre et d’accepter le pays comme il est !
L’industrie touristique continue sa progression et la prochaine saison touristique qui commencera en novembre se présente bien pour la fin de cette année comme pour le début de l’an prochain. L’attraction balnéaire fait une percée autour de Sihanoukville et de son aéroport. Les marges de progression sont encore très grandes, avec Kep et Kampot. Sans oublier les projets énormes qui se construisent dans les îles. La formation aux métiers de l’Hôtellerie souvent dans les esprits reste cependant à la traîne, c’est le moins qu’on puisse dire.
Les rentrées fiscales sont en constante progression. Pourtant il ne semble pas que l’égalité devant la loi fiscale soit universelle. La formation des fonctionnaires de contrôle non plus. Il est vrai que l’intégrité est la seule valeur qui ne progresse pas. La gestion douanière apparait cependant plus saisissable qu’auparavant. Des progrès de l’Etat de Droit sont parfois perceptibles.
La stabilité financière est à l’image de la monnaie locale. Elle confirme sa petite place au quotidien du marché et sa parité avec le dollar se maintient sans problème.
N’en doutons pas, la Chine, très présente au niveau des investissements publics jouera encore un rôle essentiel, notamment dans les domaines de l’énergie et des Mines, de l’Industrie et du commerce des matières premières. La liaison Phnom Penh / Siem Reap se terminera après trois ans de travaux. Un nouveau pont… un nouvel autopont … mais toujours le même … P… ?
… le même embouteillage pour rejoindre l’aéroport agrandi de Pochentong ? – Temps de trajet doublé depuis cinq ans. La Chine risque bien d’investir prochainement sur une ligne aérienne !?
… et le même lac urbain de Boeung Kok, comblé de sable ? – Les tractations vont bon train derrière la gare … !
… et Manhattan-sur-Mékong ? – Toujours en projet dans la tête de certains. Les richissimes aux quatre bras…
Bref … Avec un PIB en progression de plus de 7 % en 2015 (Notez bien que la Thaïlande fait dans le même temps difficilement : 2 % !) , l’estimation budgétaire repartira sans doute sur une prévision de au moins 7 % pour 2016. Ceci apparait des plus logiques et des plus réalistes.
Le gouvernement royal du Cambodge (GRC) compte sur un meilleur système de taxation et son élargissement pour se donner les moyens d’agir. Il semble réellement bloquer les ventes de bois. Mais il faut dire qu’il ne reste plus autant de forêts primaires qu’il y a vingt ans … Il compte aussi sur le maintien de l’aide internationale et des grandes banques (les petites banques cambodgiennes se multiplient. Bizarre ?). Socialement, le leadership du GRC recherche le calme et négocie avec les entreprises textiles des hausses salariales mesurées. Ce qui ne veut pas dire que tous les salaires deviennent décents. Mais le textile se porte bien et crée encore des emplois. La croissance de la consommation étant perceptible, l’exemple du textile devrait faire des émules en 2016 dans le tissu social des petits services, principalement celui du commerce et de la restauration (hausse des salaires de 5 à 10 % ou rattrapage de la hausse des prix ?)..
C’est une année en principe calme et sans bataille électorale. Le petit dragon maintien une progression constante. C’est bien et plutôt rassurant dans cette région ASEAN où le marché doit s’ouvrir.
Au Cambodge, on peut s’attendre à tout ; mais le premier ministre garantit en personne la stabilité, alors croissons !
très intéressant…merci jean pour cette analyse amicalement Michel
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Oh, Michel ! Premier lecteur rapide. Je viens de modifier cet article à peine paru, en y ajoutant une photo. Tu pourras le relire à tête reposée… Merci . Bonne Octoberfeast !
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En voyant le coup d’arrêt du business au Cambodge depuis le 1er trimetsre 2016, on peut plutôt être pessimiste…L’économie khmere souffre de n’être menée que par trois secteurs: l’agriculture, le textile et la construction.
L’agriculture bénéficie d’investissement, c’est vrai, mais accuse un retard dans la mécanisation qui rend le riz plus cher qu’au Vietnam. La moitié des 7% de croissance est représentée par la construction et le boom foncier auquel nous assistons depuis quelques années. Mais avec une classe moyenne inexistante et 80% de la population qui soit rurale et pauvre, qui va acheter les 25000 nouveaux appartements disponibles? Le textile, quant à lui, est artificiellement soutenu grâce à l’exemption de taxes douanières européennes et américaines. Cela ne durera pas des siècles.
Ce qu’il manque au Cambodge? Des investisseurs occidentaux, des vrais. Or vu le nombre d’arnaqués repartant en occident les poches vides ou avec des investissements grevés, la confiance mettra du temps à revenir grâce en partie à des règles du jeu transparentes et honnêtes, ce qui est loin d’être le cas ici, les élites politiques se comportant honteusement comme des parasites népotiques. Et compte tenu d’une population de 15 millions d’habitants et d’une jeunesse mal formée, donc des atouts proches de zéro, le pays va probablement connaître un sacré coup de bâton bientôt. Ne croyez pas que cela me rende heureux, j’en suis le premier attristé. Hélas il va falloir toucher encore le fond pour que la population se débarrasse de ses parasites et puisse espérer l’arrivée d’acteurs plus clairvoyants capables d’ouvrir le pays sur le monde, un Lee Kwan You serait le bienvenu… Mais existe-t-il?
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Oui, merci de votre réaction.Il y a beaucoup de vrai dans votre message ! En revanche, l’agriculture ne représente que 30% de la richesse. Il y a l’Industrie, les petites industries, pas seulement le Textile qui n’apporte pas de richesse mais des emplois et surtout le Tourisme qui est la première des richesses et la plus certaine pour l’avenir, si on ne fait pas plus d’erreurs qu’il ne faut. Du gaz, du pétrole, des fruits et légumes, des bananes, des mangues, du coco … du poivre, cajou, et aussi des hévéas, du latex pour demain !
Oui, le pays va retomber un peu en 17 et surtout 18 voire 19, si des errements et des turpitudes que l’on craint arrivent vraiment. Mais cela repartira. Le pire c’est cette éducation ratée depuis 20 ans … ! Comment sera demain ???
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Voyez depuis le début de cet entretien, la publication d’une très infime partie de la prédation économique des grandes familles du régime, l’assassinat de Kem Ley, la bastonnade l’an dernier des députés de l’opposition…L’économie ne peut se départir d’une certaine stabilité politique, et a aussi besoin d’une vision pour l’avenir, et cette ambition nationale doit nécessairement passer par une ambition pour l’éducation. En outre, je ne suis pas du tout contre l’idée philosophique d’un « despote éclairé » certes enrichi mais qui donne au centuple à son pays (Lee Kwan You, encore une fois), ce n’est hélas pas le cas ici, les cambodgiens ne se rendent pas compte à quel point ce manque de vision constitue un suicide. Car pendant cette stagnation, la compétition fait rage partout, et sans amorce de progrès qualitatif, le Royaume Khmer sera toujours condamné à être un pays sous constante curatelle; on finit à se demander quelle triste malédiction a bien pu frapper cette si émouvante contrée. Probablement quelques errements historiques irrattrapables et la destruction du cerveau culturel et politique Cambodgien entre 1975 et 1979 au profit d’une population et de dirigeants sous-éduqués…L’avenir politique de ce type de pays est hélas écrit: explosion des frustrations et soulèvement d’une partie de la population oubliée du progrès matériel, puis révolution de palais comme en Tunisie/ Egypte et dépôt d’un leader qui ne comprend plus rien…Et des années supplémentaires pour trouver le bon chemin, grâce aux bons soins, au choix, de la Chine ou des Etats-Unis…Et de beaucoup de morts à venir.
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