A Bangkok, non loin de l’Ambassade de France, en bordure du fleuve Chao Praya, à l’entrée de Yaowarat, la grouillante ville chinoise, il est un endroit paisible que les visiteurs ne connaissent pas.
A droite de « River City », une ruelle, une impasse et voici qu’entre deux écoles de jeunes filles se dresse une église autrefois appelée d’abord Kalawario (calvaire) puis Kalawar. Un lieu chrétien au cœur des piliers bouddhistes de Thaïlande. Discrète, elle est immanquable si vous prêtez un peu attention en levant la tête. Dans sa chemise beige, liserée de blanc, tout en élégance, surmontée d’un clocher pointu qui passe au gris avant de resplendir sur un globe d’or surmonté d’une croix illuminée en bleu la nuit, le monument au toit rouge orangé semble se cacher. Alors que, vu du fleuve, la surprise est grande de distinguer sa façade ocre délicatement ciselée au milieu de bâtiments blancs sans âme.
Peu importe que l’on soit de peu de foi, prendre le temps d’une découverte historique vaut le détour. C’est en 1786 que des missionnaires portugais voyant arriver leurs homologues français dans la nouvelle capitale créée quatre plus tôt par le Roi Rama 1, voulant s’implanter hors la cité de Thonburi, se mirent à construire avec talent une petite « basilique » qui porte aujourd’hui le nom de Notre-Dame du Rosaire (Holy Rosary church).
Restaurée en 1891, d’une belle architecture néogothique, elle apparait d’une grande jeunesse, un peu fragile, exaltante, flamboyante à la fois de simplicité et de décor soigné. Sa structure est claire et ce sont ses plafonds joliment peints qui invitent à l »élévation et charment. Passé le portail, un ange improbable semble faire un clin d’œil au visiteur en lui présentant un bénitier à l’ancienne. On le dirait sorti d’une bande dessinée. Il participe à la joie de la découverte. Celle que renforce la lumière de bas vitraux aux couleurs fraîches devant des statues décorées par de petites mains thaïes.
Se poser, s’asseoir et s’évader devient facile, Bangkok s’éloigne un instant. Le regard circulaire s’arrête alors sur le statuaire classique. Un ravissement. Saint-Michel archange ne se cache pas mais Saint-Joseph souvent discret, présente ici dans un bronze séduisant son fils adolescent, le curé d’Ars, Saint-Nicolas et ses enfants. un chemin de croix en langue française. Le Christ, la croix, les bancs à l’ancienne, la propreté, les fleurs, les roses, le silence, la solitude d’une « maison ouverte » pour le passant qui ose contourner l’école, tout pousse à un instant de méditation. L’église est « zen ».
Dédiée à la Vierge Marie, Notre-Dame du Saint Rosaire (Holy Rosary church) offre un caractère franchement féminin. Statue de la Vierge, de ND de Lourdes, raffinement du décor, de la chaire et de la tribune, l’autel est aussi consacré à Sainte Agathe, Sainte Agnès, Sainte Cécile, Sainte Lucie et la moins connue … Sainte Philomène. La princesse Sirinthorn, fille du Roi, semble elle-même attachée à ces lieux et parraine l’école des filles située sur son parvis.
L’église du Saint Rosaire sur un chemin de promenade vaut plus que le coup d’œil, c’est un tapis de roses, la reine des fleurs, c’est un un écart qui vous sort un instant du bruit et de la pollution de la mégalopole. Une invitation au voyage dans un espace inattendu.
JMDF
N.B. Le sourire de l’ange : je n’habite plus à côté ! Pas la peine de me chercher si vous passez par là, ça fait déjà un bail que je me suis envolé avec … le second bénitier, loin de la cité des anges.
Saint Jean, ta description donne envie de s’y arrêter et méditer. Moi aussi j’ai mon petit coin à Jakarta, moins charmant certes mais qui m’offre la tranquillité à midi, lorsque je vais déjeuner seul à la cantine de l’église Sainte Thérèse à deux pas de l’ambassade. Un petit jardin avec une grotte renfermant une statue de la vierge Marie, tout pousse à la méditation.
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grâce à ta description, je peux presque l’imaginer. Dommage que je sois nulle en dessin !
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