L’Extrême-Orient fête les 50 ans de son regroupement en dix pays membres pour un marché qui se veut « commun ». L’Asean est néanmoins dans un mouvement bien plus large…
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L’Asie continue de surprendre, tant par l’amplitude des mutations dont elle est le théâtre depuis une vingtaine d’années que par les disparités et les contrastes qui y perdurent et en rendent l’analyse toujours plus complexe. Ces mutations se fondent sur de grandes dynamiques, sans doute désormais bien identifiées – croissance chinoise, émergence de l’Inde, processus d’intégration régionale -, mais dont l’anticipation à court ou moyen terme demeure un exercice risqué. Surtout, elles posent des questions qui dépassent, pour l’Europe, les enjeux économiques et les problèmes de marchés aussi bien que les enjeux sécuritaires.
Des politiques macroéconomiques et financières relativement solides, avec de larges réserves de devises étrangères et des dettes externes à court terme limitées, ont permis d’absorber les chocs, de même qu’une faible exposition aux actifs toxiques en raison de systèmes financiers peu sophistiqués. Par ailleurs, les cadres réglementaires qui mettent globalement en avant la stabilité et la sécurité des systèmes financiers ont contribué à l’impact modéré de la crise sur les économies asiatiques.
Sur le plan financier, la montée en puissance de l’Asie s’est matérialisée par l’introduction en bourse de nombreux groupes d’envergure internationale. Ce mouvement a particulièrement bénéficié à la place de Hong Kong ainsi qu’à Shenzhen et Shanghai (Hors-Asean).
La politique d’internationalisation de la monnaie chinoise (RMB ou yuan) devrait renforcer la position de la Chine en encourageant notamment la formation d’une « région yuan » soutenue par le commerce intra-régional en plein essor et le développement de centres financiers offshore (Hong Kong, Singapour (Asean), Taipei).
La volatilité des mouvements de capitaux constitue néanmoins le principal sujet d’inquiétude à court et à moyen termes dans la région asiatique.
L’afflux de capitaux étrangers, attirés par des rendements supérieurs à ceux offerts par l’Europe et par les États-Unis, est vecteur d’instabilité. Ce flux de capitaux en Asie pousse à la hausse les monnaies locales, faisant craindre des tensions croissantes entre des pays tentés par des mesures protectionnistes qui allégeraient le fardeau de leurs exportateurs. La Corée du Sud, l’Inde ou encore l’Indonésie (Asean) ont pris des mesures pour freiner ces flux afin de limiter l’appréciation de leurs devises en cas de changes flottants, ou l’inflation, par création monétaire.
L’inflation alimente les risques de « surchauffe », sur fond de hausse des prix alimentaires et énergétiques.
L’augmentation significative dans la région du poids du système bancaire parallèle non réglementé (shadow banking) pourrait également faire peser un risque financier systémique.
(Source France Diplomatie)