Olympic Games in Cambodia !

Et le Cambodge obtient la médaille de … !

S’il y avait des Jeux Olympiques de la croissance mondiale (GDP), le podium serait très disputé par cinq ou six nations qui obtiennent rarement les médailles d’or et d’argent aux compétitions sportives internationales.

C’est la Banque Mondiale (World Bank) qui qualifie dans son rapport économique de la situation du Royaume du Cambodge en 2014, les Cambodgiens de cette appellation « Olympiens de la croissance ». Le pays se classe cinq ou sixième mondial, très proche du podium (Cap Vert, Guinée, Liberia, Angola, Timor leste ?) et de la médaille de bronze qu’il obtiendra peut-être à la fin de l’année 2015, s’il continue à avoir une croissance supérieure chaque année à 7%. Cette croissance est constante depuis une, voire deux décennies !

Les tambours de bronze et les statues angkoriennes des musées nationaux s’en réjouissent déjà. Une médaille de bronze pour École Française d’Extrême Orient qui protège depuis un siècle le patrimoine et restaure les temples d’Angkor sans cesse plus nombreux (des découvertes récentes). Médaille d’argent pour le Tourisme puisque Angkor vient d’obtenir le classement de deuxième site le plus visité au monde !

Quelle médaille accorder à la population, valeureuse, courageuse, nombreuse, jeune, avide de formation, débrouillarde, et qui travaille sans aucune couverture sociale ? D’autant plus que la pauvreté est en train de reculer et que les campagnes commencent à bouger et à se moderniser. Les pauvres chars à bœufs seront bientôt disparus des villages et les buffles remplacés dans les rizières par des motoculteurs.

Médaille du « baby-boom » pour la reconstruction d’un pays passé de 6 millions, il y a 20 ans, à 15 millions d’habitants aujourd’hui, l’un des plus jeunes du monde (médaille d’or !) et médaille pour le boom économique lié à l’industrie du Bâtiment, des Travaux publics et de l’Aménagement du . Ce sont des médailles de ciment, de fer forgé, de bitume qui sont à envisager.

La médaille des ponts et chaussées est facile à dessiner. Même si les nombreux nouveaux ponts sont nettement plus rassurants et plus durables que les nouvelles chaussées. Les résultats économiques du premier trimestre 2015 confirment que le marathon de la reconstruction entamé en 1993 se rapproche du succès. Les aéroports sont trop petits et vont doubler leurs surfaces d’accueil pour des touristes toujours plus nombreux. Les tours sortent de terre, privées, habitations, hôpitaux.

Une médaille de l’OMC (organisation mondiale du commerce) est à créer pour l’industrie textile cambodgienne implantée (provisoirement, disait-on) il y a vingt ans et qui semble devenir pérenne, ne cessant de croître et occuper une part substantielle de la croissance.

Une médaille pourrait prendre la forme d’un jeton de casino. Non seulement le secteur privé financier est en plein essor avec aux manettes et aux roulettes des Vietnamiens et des Chinois trop bridés chez eux pour ne pas venir au Cambodge profiter de la liberté donnante-donnante, et parfois sonnante et trébuchante.

Des fonds venus d’ailleurs confortent et stabilisent un secteur bancaire qui faisait peur il y a quelques années mais qui semble maintenant faire de ce pays une petite Suisse au cœur de l’Anastase. Même les Thaïlandais viennent y déposer leur argent dans les maisons de jeux installés judicieusement à leurs frontières.

Bien sûr, une médaille de la corruption pend au nez de tous les pays de la zone mais ce que font en ce moment les fonctionnaires des Impôts et des Douanes révèle qu’une nouvelle génération arrive à la tête de l’administration fiscale et que l’argent pourrait enfin rentrer sans trop de pertes dans les caisses du Trésor. Grâce à cela – et à l’aide internationale, faut le préciser – les investissements publics se développent au profit de la population et des échanges commerciaux. Dommage les riches, insatiables, recherchent des lingots plutôt que des médailles d’or.

Si la médaille du Marathon serait une belle récompense pour le valeureux Cambodge qui court après le retard lié à tente ans de troubles et de guerres, il montre dans sa course la fragilité du coureur aux pieds nus, pas à l’abri d’un mauvais coup de vent ou d’un faux pas. Il a du mal à monter les faux plats mais dans la compétition avec ses voisins, il reste aux aguets, déterminé, il fait preuve d’endurance et depuis peu d’une certaine rigueur, à l’image du Ministre de la Jeunesse et des Sports qui réforme en profondeur une Education Nationale tellement pauvre que l’effort de décentralisation ressemble encore pour lui à des sauts d’obstacles, un 3000 mètres steeple pas près de s’achever.

Oui, dans cette course de fond du développement régional, le petit dernier qu’est le Cambodge, s’accroche, attend son heure sans s’endormir, il attend son tour, derrière les vieux marathoniens de l’Asean, pour passer devant au bon moment. Il remonte les taux de croissance de ses voisins, galope à son rythme, et maintenant les dépassent. Oui, oui, il remonte, oui, il va le faire … Cambodge futur champion ?

 Certes, le chemin d’une vraie prospérité durable et homogène est encore long. Il exporte mais sa balance est encore fragile. Ses Zones économiques prioritaires sont attractives mais pas encore remplies. La Santé du coureur ne progresse guère. La mortalité infantile s’améliore mais demeure. Peut-être faudrait-il envisager une médaille en forme de préservatif pour accentuer la conscience de la nécessité d’un planning familial pour les jeunes, trop souvent occupés par des emplois précaires et des rêves d’expatriation. Hélas, faire des enfants comme une cotisation retraite …

Accordons leur une médaille en Cyclisme car les plus pauvres roulent en vélo sous 35 à 40° degrés ces jours-ci. Notons quand même qu’à l’image de tout le pays, les bicyclettes manquent d’électricité. Manque d’énergie. Que nenni. On fait ici ce qu’on peut. Pas étonnant qu’on n’y voit pas très clair sur les autres médailles possibles en sports collectifs. Chacun pour soi, le parti pour tous…

Puisque le monde sportif va bien faire des Coupes du Monde de football au Quatar qui ne le mérite pas mais peut tout s’acheter, pourquoi les grandes puissances ne viendraient-elles pas financer des J.O. au Cambodge qui ne peut rien acheter mais le mériterait bien : ça, ce serait de l’aide internationale, non !?

JMDF

N.B. : « Paris Phnom Penh », candidats aux J.O. ensemble, ce pourrait être un duo gagnant Madame Hidalgo ?

2 réflexions sur “Olympic Games in Cambodia !

    • Merci grand chef.
      Je le trouve aussi modestement excellent. Il reste deux ou trois mots à modifier demain.
      Ce serait formidable que l’idée fasse son chemin d’un J.O. chez un pauvre pays, financé par les riches autres candidats !
      Paris ou Phnom Penh. Pourquoi pas les deux en candidature conjointe ?
      Les competes de Kayak sur le Tonle Sap. L’équitation au stade olympique. Et on ajoute la pétanque et la boxe thaie ou Yokunthor en disciplines olympiques.
      Quelle gageure…
      Un Blog permet tellement de rêver.
      *

      En juin, un week-end libre pour Dja… ?

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