Le Cambodge pense aider les pauvres

La situation sociale au Cambodge est de plus en plus dramatique du fait que le Covid 19 est une catastrophe pour ce pays obligé de se fermer au monde ces derniers mois, protégeant un population relativement épargnée par le Coronavirus mais aussi du fait de l’arrêt du tourisme.

Les jobs étaient nombreux liés aux tourisme ces dernières années avec une progression constante du nombre de visiteurs étrangers notamment chinois depuis que le gouvernemnt royal s’est placé en meilleur ami de la Chine au sein de l’ASEAN.

Tout s’est effondré. Les entreprises touristiques sont atteintes et ne se relèveront pas de sitôt. Les hôtels ont tenu quatre mois sans clients en coupant les salaires de leurs employés et parfois en les licenciant de manière brutale. Aujourd’hui, faute de perspective à court terme beaucoup ferment. La clientèle de Phnom Penh n’est pas suffisante les fins de semaine pour faire vivre un établissement de tourisme obligé le plus souvent à casser les prix de séjour.

Alors le gouvernement met en place un programme social d’assistance aux plus pauvres. Aux victimes indirectes du Covid 19.

Cette assistance financière importante au niveau du budget du royaume est cependant dérisoire pour les familles qui touchent 120 000 riels soit 30 dollars par mois. Et encore ce ne sont pas toutes les familles. Comment le Cambodge pourrait-il gérer une telle aide de manière généralisée ? Ce sont pour les villes. 560 000 familles ont été identifiées. Et pour les circuits où l’on pense que la corruption ne va pas dilapider un si petit capital de survie… Soit deux millions de personnes éligibles sur une population de 16 millions.

Toutefois, cette assistance « accordée » trouve ses limites puisque le gouvernement souhaite également relancer la croissance économique (même sans le tourisme ?) et mettre ses billes dans un panier déjà bien rempli par les Chinois.

En effet, le Chine dans cette période difficile est encore plus visible. A Phnom Penh, les dirigeants d’entreprises chinoises roulent carosse et se comptent par centaines. Les projets de construction sont même en chantier et les tours les plus hautes possibles vont meublées les rives du Tonlé Sap et sans doute aussi du Mékong. Voilà vingt ans que certains rêvent d’un Manhattan…

Hun Sen, le Premier Ministre, semble vigilant pour les risques de pauvreté croissante. La saison des pluies n’est pas celle de la meilleure saison et de toutes les façons les avions ne volent pas. La liaison avec Bangkok reste fermée. Les visiteurs qui parviennent à attérir sont pris en charge durant deux semaines de quarantaine et doivent avant tout déposer 3000 dollars.

Ah, l’argent au Cambodge !

Cambodge : quand le bouddhisme devient actif et généreux ?

L’accès à la santé est une problématique majeure au Cambodge. En période de crise économique, Buddhism for Health collecte des fonds dans les pagodes de Phnom Penh pour aider les plus pauvres dans les provinces cambodgiennes.

Créée en 2004, Buddhism For Health (BFH) est une organisation non gouvernementale qui encourage l’accès aux soins des populations les plus démunies. L’ONG a pour mission de permettre aux populations les plus démunies de bénéficier de services de santé. Si ceux-ci sont gratuits pour les personnes pauvres titulaires d’une carte de solidarité, nombre de bénéficiaires potentiels n’osent pas aller se faire soigner de peur de ne pas recevoir les mêmes soins que les personnes qui paient ou par manque de moyens. En effet les soins sont gratuits pour les plus pauvres mais le transport pour se rendre à l’hôpital ne l’est pas. C’est un coût non négligeable pour une personne qui doit se rendre plusieurs fois par semaines dans un centre de soins pour recevoir un traitement, par exemple pour des dialyses. « En 2019, 100 000 transports ont été pris en charge par BFH », se réjouit Jean-Yves Dekeister, coordinateur de l’association.

Cette organisation est présente dans 12 provinces, 63 districts à travers 400 comités d’entraide. Chaque comité est rattaché à un centre de soins et regroupe les autorités religieuses, les autorités locales comme le chef de village, un conseiller communal, le responsable du centre de soins, le directeur de l’école et un membre de la société civile. Tous les comités comptent à leur tête au moins une femme. De nombreux volontaires œuvres pour la collecte des dons ainsi que pour la prévention et l’information. Ce sont les comités qui décident des bénéficiaires parmi les personnes atteintes du VIH, de la tuberculose, les femmes enceintes seules, les orphelins, les personnes âgées.

Née initialement de la volonté d’un moine bouddhiste de Kirirom, dans la province de Takeo, l’organisation est en fait œcuménique puisque les dons sont récoltés aussi bien dans les pagodes que dans les mosquées ou les églises selon les villages. Le président d’honneur de l’organisation est le moine Samdech Kim Son, supérieur hiérarchique des bonzes de Phnom Penh. Le chef du comité est toujours un responsable religieux, le plus souvent un moine, mais trois imams tiennent aussi ce rôle. Les collectes de fonds se font donc dans les lieux de cultes des 400 communautés, en très grande majorité des pagodes. Depuis fin 2019, ces communautés étant parmi les plus pauvres du pays, le vénérable Kim Son, responsable des moines de Phnom Penh, a mis en place des collectes dans la capitale cambodgienne afin de récolter plus de fonds, qui abondent un fonds national de solidarité, afin de les distribuer ensuite aux comités locaux.

La crise économique qui vient de s’abattre sur le Cambodge, liée à l’épisode de Covid-19, a laissé sur son passage un grand nombre de personnes démunies. Les comités ont proposé une aide exceptionnelle de distribution de kits de première nécessité à 1000 familles très pauvres. « L’organisation vit des dons. Il faut au minimum 250 dollars par comité pour pouvoir assurer les transports des malades mais avec plus de dons nous pourrions employer des travailleurs sociaux pour sensibiliser la population à l’importance de se faire soigner. Si les personnes malades se font soigner sans attendre, on peut éviter des épidémies » précise le moine Khiev Khon, secrétaire de Buddhism For Health. D’après une étude menée par l’université d’Oxford en association avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine, là où les comités de Buddhism For Health sont actifs, les populations pauvres se font davantage soigner que dans les autres provinces.

Virginie Vallée  / Journaliste Lepetitjournal.com Cambodge

P.S. : les pagodes au Cambodge sont scandaleusement riches parce que « les riches » y font des dons énormes pensant acquérir des mérites. Cet argent devrait aller « aux pauvres ». Hélas, il sert à détruire des bâtiments religieux souvent anciens et précieux pour reconstruire d’immenses halls en béton recouverts d’or…

Un scandale qui ne choque personne ici.

JMDF